MONTRÉAL – Les Alouettes de Montréal en sont parfaitement conscients, la décision ne plaît pas et ne plaira pas à tous ses partisans, mais les dirigeants ont décidé de laisser les rênes de l’équipe à Jim Popp pour miser sur une stabilité réclamée de tous.

Le grand manitou de l’organisation a donc été confirmé à titre d’entraîneur-chef pour la saison 2016 durant laquelle les Oiseaux tenteront de redorer leur blason.

« Miser sur la stabilité et l'harmonie »

En tant qu’architecte de l’équipe, Popp a essuyé plusieurs critiques et certains fidèles des Alouettes auraient aimé assister à un vent de changement à la suite d’une pénible saison de 6-12 marquée par les innombrables blessures.

Cependant, la vision diffère totalement au sein de l’organisation. En effet, le groupe d’entraîneurs, les joueurs et les dirigeants sont persuadés que l’équipe possède tous les ingrédients nécessaires pour retourner vers le sommet de la LCF dès l’an prochain à une seule condition : la stabilité.

Chacun leur tour, Popp et le président Mark Weightman ont répondu aux critiques émanant du public.

« Ce n’est pas tout le monde qui veut me voir agir comme entraîneur. Certaines personnes réclament Marc Trestman. Je comprends ça, mais on m’a demandé de reprendre ce poste pour replacer les choses dans la bonne direction. Je n’avais pas demandé de remplacer Tom Higgins », a exposé Popp.

« Il ne faut rien prendre pour acquis »

« Je me sens capable de le faire et je crois que je peux appuyer sur les bons boutons. D’ailleurs, je pense que je l’ai fait à chacune de mes présences sur les lignes de côté même si ça ne se reflète pas toujours en victoires », a ajouté celui qui ne négligera pas ses fonctions de directeur général selon ses dires.

« Prendre la bonne décision ne mène pas automatiquement à l’unanimité. Par contre, de notre position, on voit tout ce qui se passe en arrière-scène. On connaît tous les enjeux pour arriver à cette décision », a expliqué Weightman.

« Je crois que nos partisans vont comprendre en leur expliquant notre message de stabilité. Les autres entraîneurs et les joueurs la voulaient cette stabilité et ils pensent revenir au sommet en un an de cette façon. Ce facteur a pesé fort dans l’équation », a poursuivi le président.

Il faut reconnaître que ce mot (stabilité) n’a pas rimé avec les Alouettes depuis le départ de Trestman dans la NFL. Depuis son ascension avec les Bears de Chicago, après la saison 2012, pas moins de trois entraîneurs et six coordonnateurs offensifs ont été aux commandes du club. L’expérience de Dan Hawkins s’est avérée un fiasco tandis que celle de Tom Higgins n’a pas produit les résultats escomptés. Voilà pourquoi Popp a été ramené sur les lignes de côté pour une quatrième fois, mais il pourra maintenant y demeurer pour y œuvrer dans des conditions moins hasardeuses.

Le retour de Popp comme entraîneur aurait été illogique sans ses piliers qui l’entourent : Noel Thorpe (entraîneur adjoint et coordonnateur défensif), Anthony Calvillo (co-coordonnateur offensif) et Kavis Reed (entraîneur des unités spéciales).

Ces trois coordonnateurs – formant le meilleur groupe de la LCF selon Popp – poursuivront donc l’instauration de leur vision en 2016 tandis que l’organisation travaillera à ramener la plupart des autres entraîneurs.

Le dossier de l’entraîneur constituait une pièce majeure de la fondation de la formation pour la saison à venir. Les Alouettes ont causé une petite surprise en réglant la question aussi rapidement surtout que Thorpe était considéré comme un candidat potentiel pour diriger le club montréalais ou une autre organisation. Les dirigeants ont voulu envoyer le message que les efforts seraient déployés sans tarder pour reléguer aux oubliettes les trois saisons décevantes que l’équipe vient de connaître.

« Je suis content de cette décision et je la supporte. J’ai travaillé avec plusieurs entraîneurs depuis mon retour en 2013. Les occasions se présenteront à un certain moment, mais ce sera ma 10e année avec Montréal, je veux gagner et je veux gagner ici. C’est mon premier critère de sélection », a affirmé Thorpe.

Inutile de démanteler ce groupe

La réalité a frappé les Alouettes de plein fouet cette année alors que l’équipe a été exclue des éliminatoires pour la première fois en 20 ans. Popp avait toutefois prévenu ses collègues que ça arriverait un jour ou l’autre.

« J’avais souvent dit aux dirigeants et aux entraîneurs qu’il ne fallait pas tenir notre succès pour acquis. Je leur avais précisé que nous aurions des moments plus difficiles », a rappelé Popp, faisant référence à l’ère Anthony Calvillo.

Cela dit, Popp ne veut surtout pas procéder à une métamorphose de son effectif.

« Je pense que nous avons une très bonne équipe même si ça ne paraît pas au classement. Je ne veux pas démanteler et rebâtir le groupe.

« C’est vrai que nous avons une fiche de 6-12, mais ce n’est pas représentatif de notre talent. On a mené la ligue pour les revirements et ça vient des nombreux quarts utilisés et des changements chez les entraîneurs », a témoigné Popp en croyant pouvoir régler aisément la plupart de ces problèmes durant la saison morte.

Malgré leurs déboires sur le terrain, les Alouettes ont profité d’un support encourageant de leurs partisans. Même pour un dernier match sans signification, ils étaient plus de 20 000 à les encourager au Stade Percival-Molson. De plus, Weightman a annoncé qu’une augmentation de 3,5 % avait été remarquée en 2015 pour les assistances ainsi qu’une hausse des cotes d’écoute à RDS.

Le vœu des joueurs a été exaucé

Le message ne concernait pas Popp directement, mais les joueurs ont signifié à maintes reprises que la continuité serait la clé d’un retour en force de l’organisation.

Popp de retour en 2016

Le mandat de l’entraîneur aurait donc pu être confié à Popp ou Thorpe, mais le souhait était de ne pas repartir à la case départ une autre fois.

«  Notre groupe était extraordinaire. Je le répète, j’espère que l’organisation ramènera le plus de joueurs qu’elle le peut de cette édition. On est près d’avoir une équipe qui peut se rendre jusqu’au bout », a fait remarquer Marc-Olivier Brouillette.  

Les meneurs du nid des Alouettes ont lancé ce message sur toutes les tribunes puisqu’ils ont confiance en les ingrédients présents au sein de leur famille.

« Le plus frustrant, c’est de savoir à quel point on a une bonne équipe, avec des gens de cœur. C’est très décevant de réaliser qu’on n’a pas réussi à se donner une chance d’atteindre la coupe Grey, mais je sais que si la vaste majorité des joueurs revient, on aura une équipe très compétitive », a martelé Luc Brodeur-Jourdain qui devrait passer sous le bistouri en décembre.

Ces témoignages peuvent parfois sonner faux, mais c’était épatant de voir la camaraderie et la franchise qui régnaient entre les joueurs à l’occasion de leur bilan d’une épouvantable saison. Après tout, les Alouettes peuvent compter sur une unité défensive de premier plan, des vétérans de qualité et une relève intéressante en attaque ainsi que des unités spéciales revigorées sous l’influence de Stefan Logan et Boris Bede.

Patience pour de nouvelles installations

Terminons sur un dossier plus technique. Le président des Alouettes a confirmé que l’équipe travaillait encore d’arrache-pied pour trouver une solution afin de bénéficier de meilleures installations d’entraînement pour les joueurs et les entraîneurs.

« C’est une priorité pour nous, on oeuvre sur ce dossier depuis plusieurs années. On analyse différentes options, on cherche une solution plus optimale avec la ville de Montréal et la RIO (Régie des installations olympiques) pour améliorer notre sort », a conclu Weightman à propos de l’équipe qui doit se déplacer au quotidien pour pratiquer à plusieurs minutes de leurs bureaux du Stade olympique.