Les Alouettes de Montréal doivent restructurer les contrats de plusieurs joueurs
Alouettes vendredi, 20 mai 2016. 14:17 vendredi, 13 déc. 2024. 16:10MONTRÉAL – Par Éric Leblanc - Année après année, les Alouettes et les autres équipes de la LCF doivent jongler avec la réalité du plafond salarial, mais le mécontentement semble avoir grimpé d’un niveau auprès de certains joueurs du club montréalais.
Un quotidien montréalais a rapporté vendredi matin que des tensions financières affectaient l’organisation alors que le directeur général Jim Popp a travaillé à la restructuration d’une douzaine de contrats durant la saison morte.
Rejoint par le RDS.ca, Popp a insisté que le contexte de 2016 n’était pas plus complexe que par le passé.
« Non, pas du tout, c’est la même chose. C’est une situation normale, ça se produit chaque année. Je peux nommer quatre équipes qui ont restructuré entre 15 à 20 contrats cette année ce qui est bien plus que nous. C’est quelqu’un qui essaie de faire une histoire, mais ce n’est rien de différent des années précédentes », a assuré Popp.
À lire également
Le dirigeant d’expérience convient que l’information a probablement abouti dans les médias en raison de l’insatisfaction de certains athlètes.
« Je pense que ça se retrouve dans les médias parce qu’un ou deux gars ne sont pas contents car ils savent qu’ils ne seront probablement pas avec l’équipe au camp d’entraînement si rien ne change », a jugé Popp.
Selon ses dires, les négociations sont plus ardues avec un ou deux cas en particulier.
« Je n’ai eu aucun gars qui n’était pas prêt à rien faire pour rester avec les Alouettes outre la situation d’un ou deux joueurs qui n’est pas finalisée. Je leur ai donné quatre mois pour qu’on arrive à une entente avant le camp d’entraînement », a décrit Popp.
« Il y en a un qui représente plus un défi alors que l’autre est prêt à arranger quelque chose. Les autres ont fait le nécessaire », a poursuivi le DG.
À ce moment de l'année, la pression repose sur les joueurs puisqu'ils peineraient à dénicher un emploi ailleurs alors que les camps d'entraînement approchent à grands pas.
Les baisses de salaire sont toujours difficiles à avaler, mais il ne s’agit pas de l’unique facteur de mécontentement cette année. En effet, le salaire important accordé à Duron Carter pour le ramener dans la LCF dérange des joueurs des Alouettes.
« Je ne sais pas si c’est le cas, mais Duron a été l’un des joueurs les plus dominants de la LCF. Il a amassé des statistiques éloquentes, c’est un joueur dynamique.
« Ça ne me dérange pas, c’est juste de la jalousie. Les joueurs qui s’en soucient devraient plutôt se concentrer sur leur rôle et essayer de gagner des championnats », a répliqué Popp.
À propos du contrat de Carter, Popp a démenti une information rapportée dans l’article du quotidien. Selon le texte, l’enveloppe salariale totale consacrée à Carter, S.J. Green et Kenny Stafford se rapprochait d’un million.
« Cette information n’est pas juste non plus. Ça se situe, pour être plus précis, autour de 630 000$. Ce n’est pas si anormal comme situation alors que d’autres équipes investissent 700 000$ en deux quarts-arrières. Cette histoire d’un million, ce sont des personnes qui écrivent des choses sans savoir de quoi ils parlent », a réagi Popp avec conviction.
Tout de même, le défi de respecter le plafond salarial demeure exigeant. Les équipes doivent y parvenir d’ici la fin de la saison ce qui laisse passablement de temps pour réduire les dépenses actuelles.
« L’augmentation du plafond salarial se situe autour de 50 000$ par année alors si on accorde une hausse de 3000$ à 10 000$ à 40 ou 45 joueurs, tu dépasses facilement le plafond chaque année. Notre réalité exige donc de libérer des joueurs et restructurer des contrats et c’est comme ça dans toutes les ligues », a exposé Popp qui s’attend à pouvoir respecter la limite.
Chose certaine, le DG des Alouettes est bien conscient qu’il ne se fait pas toujours des amis en assumant cette fonction.
« Ce n’est pas un milieu facile et la personne qui doit faire ses décisions n’est pas toujours la plus populaire. Le joueur t’aime quand tu le signes et il ne t’aime pas quand tu le retranches », a conclu Popp.
La vision d’un agent
Les joueurs et leurs agents connaissent la réalité du football canadien. Ainsi, ils ne sont pas étonnés par le portrait actuel chez les Alouettes.
« Ce n’est pas qu’ils ont de la misère à respecter le plafond salarial, c’est plutôt qu’ils ont pris une décision d’affaires en allant embaucher des joueurs comme Carter et Stafford en sachant très bien qu’ils seraient coincés en additionnant tous les contrats. Ils avaient prévu de restructurer des contrats pour respecter la limite », a jugé l’agent de joueurs, Sasha Ghavami, qui représente plusieurs joueurs de la LCF et d’autres dans la NFL comme Laurent Duvernay-Tardif.
Cette stratégie audacieuse de mise sous contrat se traduira par des choix difficiles pour les Alouettes afin de respecter la masse salariale.
« Ce n’est pas une situation qu’on souhaite, surtout quand on se place dans la peau des joueurs visés, mais c’est une stratégie. Elle peut jouer pour les Alouettes et contre les Alouettes dépendamment des joueurs. Si les joueurs n'acceptent pas une diminution salariale, ils peuvent être retranchés. C'est une situation que l'on ne peut contrôler malheureusement », a ajouté Ghavami qui se réjouit que ses clients chez les Alouettes soient épargnés par ces coupures.
L’approche des Alouettes provoque, sans surprise, du mécontentement surtout que les emplois avec d’autres équipes ne sont pas évidents à trouver à cette période de l’année.
« Quand on possède un contrat, c’est certain que c’est difficile de se faire demander de le restructurer. Mais, il faut que les joueurs apprennent à ne pas prendre ça personnel, c’est une décision d’affaires avant tout. Ils doivent respecter le plafond salarial sous peine de sanctions », a mentionné Ghavami à RDS.
Cette réalité incite encore plus l’agent québécois à ne pas trop penser au long terme quand il conseille ses protégés.
« Quand je signe un contrat pour mes joueurs, je leur recommande toujours de penser au présent, on ne sait jamais ce qui peut arriver », a précisé Ghavami en faisant allusion aux contrats qui ne sont pas garantis autant dans la LCF que la NFL.
*Avec la collaboration de Philippe Lehoux