SHERBROOKE – « C’est comme si rien n’avait changé! »

Duron Carter a bien raison. On avait l’impression de revivre une scène de 2014 quand le talentueux receveur s’est présenté, dimanche, sur le campus de l’Université Bishop’s pour la première journée du camp d’entraînement des Alouettes de Montréal.

Jovial comme il s’en trouve peu, Carter s’est approché du terrain en souriant et il s’est empressé d’aller donner une chaleureuse accolade à une fidèle partisane qui avait – et a encore – l’habitude de préparer des biscuits et des brownies aux joueurs des Alouettes quand il évoluait à Montréal.

Une fois ses retrouvailles consommées, Carter a repris là où il avait laissé. Se servant de son agilité et de son impulsion, il n’a pas tardé à accumuler les attrapés aux dépens des demis défensifs et au plaisir des spectateurs.

En dépit d’une journée fort chargée de près de quatre heures d’entraînement, Carter n’avait pas perdu son entrain quand il a rencontré les médias.

« C’est comme si rien n’avait changé! J’ai la même place dans la formation et la même chambre sur le campus qu’à ma dernière présence ici. En espérant qu’on puisse développer une belle chimie avec Kevin Glenn, ça semblait déjà prometteur pour cette première tentative », a commenté Carter qui a cumulé 1030 verges aériennes en 2014 dans l’uniforme des Alouettes.

Mais l’œil averti du collègue Didier Orméjuste avait bien remarqué une différence. L’Américain de 25 ans a ajouté une dizaine de livres de masse musculaire. À vrai dire, il est plus costaud qu’à son premier passage à Montréal, mais plus léger qu’à celui avec les Colts d’Indianapolis.

« C’est une question de trouver le bon équilibre », a expliqué Carter qui pèse autour de 205 livres.  

« Je deviens plus vieux, mon physique se transforme plus en adulte et je suis plus fort alors méfiez-vous! », a ajouté Carter en rigolant.

Sur un ton plus sérieux, l’athlétique receveur possède tous les outils pour s’élever non seulement au sommet de sa position, mais pour devenir le meilleur joueur de la LCF en entier. N’en doutez, Carter est au courant de cette possibilité et il compte bien le prouver.

Toutefois, étant plus mature qu’à son premier séjour avec les Alouettes, Carter a choisi de répondre ainsi quand il a été invité à expliquer comment il y parviendrait.

« En jouant, tout simplement. Mon jeu parlera pour moi-même », a-t-il cerné.

L’ayant attiré à Montréal non pas une, mais deux fois, Jim Popp était très bien placé pour répondre à cette question.

« Certaines choses viennent avec l’âge. Le talent est là et il a déjà obtenu des statistiques dans ce sens avant de partir pour un an dans la NFL. […] Je peux vous dire que le meilleur est sur notre équipe, c’est ce que je pense », a déclaré Popp en se donnant le droit de faire ce jugement.  

À Calvillo de les mettre en valeur

Malgré tout son talent, c’est connu et confirmé que Carter a froissé plusieurs de ses coéquipiers pendant ses deux saisons avec les Alouettes. Son assurance trop envahissante lui a attiré des critiques dans le vestiaire montréalais si bien que l’enjeu demeure de constater s’il a gagné en maturité.

« J’étais là à sa première année dans la LCF (en 2013). J’ai toujours eu en haute estime Duron et ses habiletés. On grandit tous dans la vie et il est un bon professionnel depuis la première étape de son retour », a évalué Calvillo qui a, de son côté, appris à plus s’ouvrir aux gens. 

« Je ne peux pas le dire avec certitude, mais je suis certain qu’il est l’est, je trouve qu’il est un peu plus réservé. Il réalise plus ce qu’il possède. Il voulait revenir avec nous alors qu’il aurait pu choisir une autre équipe qui ne compte sur aucun très bon receveur pour s’établir comme l’homme de confiance. Ça en dit beaucoup qu’il soit prêt à partager le ballon pour faire partie de cette aventure avec les Alouettes », a témoigné Popp.

L’abondance de receveurs talentueux à Montréal insuffle de la confiance à Carter.  

« Définitivement, ça m’indique qu’il n’y a aura pas de double couverture contre moi ou S.J. avec toutes nos autres ressources comme B.J. (Cunningham), Nik (Lewis), Sam (Giguère) et le reste de la liste. Les défenses adverses vont être abasourdies! », a proposé Carter qui s’est ennuyé de la métropole québécoise.

Si Carter savait dans quoi il s’embarquait en revenant dans le giron des Alouettes, Dominic Picard a été l’un des nombreux nouveaux membres du club à découvrir la qualité des munitions au poste de receveur.

« C’est très solide! Je me disais wow! On est équipé, c’est le meilleur groupe duquel j’ai fait partie dans ma carrière et je peux dire que c’est très excitant », a prétendu le centre de 33 ans.

Mais le plus heureux dans cette histoire, c’est Calvillo qui disposera d’armes de destruction massive dans son rôle de coordonnateur offensif. Cela dit, comme n’importe quel arsenal, il faut bien l’utiliser pour arriver à ses fins.

« C’est emballant, on va tous en bénéficier. C’est maintenant à nous, les entraîneurs, de placer tous les joueurs dans les meilleures dispositions. C’est plaisant de les voir aller », a convenu le responsable de l’attaque.

Quand il a entamé sa carrière professionnelle avec les Alouettes en 2013, Carter avait été tenu à l’écart des terrains en 2011 et 2012. Cette pause forcée ne l’a pas empêché de s’illustrer sans tarder, ce qui laisse entrevoir de belles choses à Popp.

« Ça démontre tout le talent qu’il a. C’est son talent pur qui s'est exprimé et non un bagage de connaissances acquises en jouant. Depuis qu’il a commencé avec nous, il est bien meilleur, il a donc grandi, mais je ne peux pas prédire l’impact qu’il aura dans la LCF cette saison. Toutes les équipes pourraient décider de lui consacrer deux joueurs pour le contrer. Cependant, ça pourrait ouvrir la porte à S.J. ou Kenny (Stafford). Dans mon cas, j’espère que tous ces trois receveurs seront dangereux au point de ne pas pouvoir déléguer deux joueurs sur l’un deux », a-t-il exposé.

Le dernier ingrédient à ajouter à la recette, c’est le développement effectué dans l’entourage des Colts. Carter a encore tendance à exagérer légèrement, mais s’il dit partiellement vrai, les amateurs des Alouettes seront comblés.

« C’était une année de plus pour grandir en tant que joueur de football et profiter d’enseignements de bons entraîneurs. Même si je n’ai pas joué un match régulier avec les Colts, je sens que je suis deux fois meilleur comme receveur », a conclu Carter qui s’attaque à la conquête de la coupe Grey avant de voir où sa carrière le mènera ensuite.