MONTRÉAL – Déjà que les équipes de la LCF doivent retrouver leurs repères après l’annulation de la dernière saison, les Alouettes de Montréal ne souhaitaient pas se débrouiller sans leur entraîneur-chef. Heureusement, ce scénario avait été préparé par l’organisation. 

Khari Jones a appris dimanche soir, de la bouche du directeur général Danny Maciocia, qu’il avait été déclaré positif à la COVID-19. 

« C’était définitivement un choc. J’étais un peu fatigué après être revenu de Vancouver, mais rien d’anormal. J’ai dit à l’équipe que si ça devait arriver, aussi bien que ça n’affecte pas un joueur. C’est déjà arrivé, ce n’est pas la première fois à Montréal malheureusement », a ajouté, avec une référence à Dominique Ducharme, l’entraîneur qui a visité sa famille à Vancouver et sa fille à Toronto durant la semaine de répit. 

La bonne nouvelle, dans cette histoire, c’est que les joueurs et les entraîneurs ont tous été soumis à trois tests (deux lundi et un mardi matin) et tous les résultats sont négatifs. Il faudra suivre ce dossier dans les prochains jours à l’approche du duel, prévu samedi soir, contre les Lions.

« C’est un peu le pire scénario, mais on avait préparé cette éventualité. Je vais faire tout ce que je peux à partir de la maison pour les aider », a expliqué Jones qui est asymptomatique et doublement vacciné. 

Ça se voyait très bien, mardi, à l’entraînement alors que Jones pouvait observer, en temps réel, la pratique grâce à l’entraîneur des receveurs, Robert Gordon, qui filmait le tout avec son téléphone. Sans surprise, Jones se joindra virtuellement à chaque réunion et il a préparé un plan de match qui a été transmis à son adjoint, André Bolduc. 

Ce dernier, qui travaille dans le personnel d’entraîneurs des Alouettes depuis 2014, assume donc les tâches que Jones ne peut pas compléter pendant son isolement de 10 jours.  

« Je lui ai accordé ce titre, et j’avais plusieurs options, parce que c’est un bon entraîneur. Je lui fais confiance pour ses conseils avec les joueurs durant les parties. Il ressent bien le pouls des choses et il peut gérer les situations quand c’est nécessaire. Il possède aussi de l’expérience comme entraîneur-chef (avec le Vert & Or de l’Université Sherbrooke). 

Même s’il a vécu une multitude de changements d’entraîneurs et de péripéties avec les Alouettes, Bolduc admet qu’il a fait le saut quand il a appris la nouvelle. 

André Bolduc« Au début, Khari a appelé sa femme et il m’a appelé ensuite. Il était sous le choc donc je suis devenu un peu en mode soutien rapidement. Tout défilait vite dans sa tête : qu’est-ce qu’on allait faire, c’était quoi le plan... On en avait déjà parlé, mais il fallait le mettre en branle. C’est sûr que la nuit (de dimanche à lundi) a été un peu plus courte parce qu’on avait beaucoup de choses en tête, mais la journée de lundi a été sensiblement comme d’habitude », a décrit Bolduc.

Diriger le match à partir de son salon?

Étant donné que l’action arrête très souvent au football contrairement au hockey et au soccer, il n’est pas si farfelu de croire que Jones pourrait sélectionner les jeux offensifs de son club à partir de ... son divan. 

« Je pourrais, mais je serais assurément debout à sauter dans mon salon », a-t-il répondu en riant.

Bien sûr, ça exigerait un support technologique fiable, mais ce n’est pas impossible. 

« Je ne suis pas certain présentement. Si on peut le faire et que c’est autorisé par la LCF, j’aimerais pouvoir parler aux joueurs. Sinon, je vais me contenter de regarder le tout.  

En attendant d’en savoir plus, la solution de rechange repose sur Bolduc et Michael Lionello qui travaille auprès de Jones depuis 2016. 

« Je vais avoir quand même une grande influence pour préparer le plan afin que ça coule bien. Ils vont gérer le tout et je suis à l’aise avec ça. Je pense qu’on a un bon plan », a soutenu Jones. 

Cette responsabilité n’effraie pas du tout Bolduc. 

« Je le fais tout le temps dans ma tête. La plupart du temps, on n’a même pas besoin de se parler, on se regarde et il sait ce que je pense. On travaille main dans la main depuis quelques années. Je sais ce qu’il veut et je ne vais rien changer. On n’est pas des gamblers qui vont prendre de grands risques. Je vais simplement suivre sa voie. Il n’y aura pas beaucoup de différences entre lui et moi », a mentionné Bolduc en précisant que ce n’est pas lui qui va gagner le match. 

Si Bolduc détient l’expérience, comme joueur et entraîneur, pour hériter de ce rôle, il sera intéressant de voir comment le quart-arrière Vernon Adams fils réagira sans son allié à ses côtés.

« Khari a effectué un bon travail pour me préparer lors des dernières années et plus particulièrement cette saison. [...] Je m’attends à ce que tout le monde soit préparé pour n’importe quelle balle courbe comme celle-ci. Il faut avoir confiance en nos moyens », a déclaré Adams fils qui a connu un départ parsemé de hauts et de bas en 2021. 

« Les Lions sont une bonne équipe, mais le seul club qui nous battre, c’est nous-mêmes. Si on accomplit notre boulot, on devrait bien s’en sortir », a-t-il ajouté.

Oubliez la danse pour Bolduc 

Selon les dires de Bolduc, le visage des Alouettes sera pratiquement identique avec lui aux commandes pour cette partie. Toutefois, il a confirmé un changement.

« Je ne vais assurément pas danser sur les lignes de côté pendant les pauses télévisuelles », a-t-il rigolé.

Pour le moment, il ne ressent pas de papillons puisque la semaine se déroule, autant que possible, de la même manière. Les papillons feront sans doute leur arrivée samedi, mais Bolduc se sent prêt.

« Absolument, je l’ai toujours été. J’en ai vu des matchs de foot et j’en ai joués. Je sais comment ça marche et je connais le rythme. Il y aura des décisions difficiles à prendre et je vais prendre la meilleure possible à ce moment-là.  L’une de mes forces, c’est que je suis capable de prévoir à l’avance ce qui va se passer », a noté l’entraîneur des demis offensifs. 

Le porteur de ballon William Stanback a glissé subtilement, dans une réponse, que Bolduc pourrait choisir davantage de jeux par la course. Ça ressemblait à un souhait de sa part surtout que les défenses adverses s’assurent d’abord de freiner la course contre les Oiseaux ces temps-ci. 

Au final, Bolduc ne voit pas ce match comme une audition puisqu’il agit à titre de remplaçant. La question lui a permis d’ajouter ce commentaire.  

« Tant que Khari sera ici, je veux être à ses côtés. S’il part, je serais même très tenté de le suivre. C’est un homme incroyable, tout un entraîneur, mais aussi toute une personne à l’extérieur du terrain. Voilà pourquoi les joueurs veulent défoncer des murs pour lui », a conclu Bolduc qui veut avant tout l’emporter contre ce rival de l’Ouest.