MONTRÉAL - À pareille date l’an dernier, les Alouettes de Montréal demeuraient à la recherche de leur nouvel entraîneur et le doute planait sur le chemin qu’allait emprunter l’organisation, réputée pour sa stabilité, qui devait résoudre plusieurs points d’interrogation.

À la suite de la nomination de Tom Higgins, les Oiseaux ont dû procéder à une réorganisation de ses adjoints en plus de retirer les commandes de l’attaque du quart-arrière Troy Smith. Cette fois, en prévision de la saison 2015, les Alouettes se retrouvent dans une situation nettement plus enviable.

D’abord, le groupe d’entraîneurs a été formé beaucoup plus tôt et l’ajout d’Anthony Calvillo ne doit pas être sous-estimé. Ensuite, l’équipe mise sur le quart-arrière Jonathan Crompton pour poursuivre son développement et mener les siens au prochain niveau. 

Tom HigginsMais ce portrait optimiste coïncide avec des attentes plus élevées en ce qui concerne l’attaque qui s’est souvent contentée du minimum grâce à un rendement extraordinaire de l’unité défensive de Noel Thorpe. Les entraîneurs des Alouettes se disent convaincus de pouvoir équilibrer la situation cette fois.

« On est confiant d’être vraiment meilleur en attaque », a d’abord déclaré Higgins à travers des journées intenses avec ses adjoints pour compléter le cahier de jeux de sa formation.

« Je veux voir de la constance pour permettre à la défense de se reposer, ce qui n’a pas souvent été le cas. Jonathan a grandement amélioré notre ratio de revirements quand on lui a confié le ballon, mais on veut maintenant compter plus de points et je pense qu’on peut le faire. On a ajouté des éléments et il sera plus confortable car il n’est plus une recrue », a-t-il poursuivi en faisant référence au vétéran ailier rapproché, Fred Stamps. 

La tardive embauche de Higgins (à la fin février 2014) avait aussi exigé une adaptation très – ou plutôt trop – rapide de ce dernier dans ses nouvelles fonctions. 

« Cette fois, j’ai pu parler à presque tous les joueurs durant la saison morte. Je connais ceux dont la vie a changé avec des enfants nouvellement nés ou à venir. Maintenant, je reconnais tous les joueurs et je suis familier avec leur caractère respectif. L’an dernier, ce fut chaotique avec les changements d’entraîneurs. Je prévois une saison plus calme et ça fait mon affaire, tant mieux si c’est plus calme (less drama) », a admis Higgins.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les entraîneurs ne veulent pas revivre le cauchemar du début de 2014 : une victoire en huit matchs.

« Peu de temps après être arrivé ici (à la fin juillet 2014), je me souviens avoir appelé ma femme pour lui dire que je ne savais pas combien de temps je pourrais tenir, ce n’était pas très positif comme contexte », a rappelé le nouveau coordonnateur offensif Turk Schonert qui a collaboré à l’effort collectif menant au redressement de la situation.

Le nouveau commandant de l’attaque montréalaise a eu le temps de se familiariser avec l’arsenal de Crompton la saison dernière alors qu'il avait un rôle accru en tant qu'entraîneur des receveurs. Il a maintenant l’intention de polir son répertoire et de le compléter.  

« Le plus intéressant, c’est que je l’ai vu mener l’équipe à plusieurs victoires. Il a changé l’attaque de façon positive et on se plaît beaucoup à préparer nos plans pour la saison qui s’en vient », a confié Schonert, un homme convaincu qui ne s’en laisse pas imposer.

« On veut changer quelques trucs dont l’envoyer plus souvent en dehors de la pochette et ajouter des jeux qui nécessitent des passes rapides. Chose certaine, si quelques ajouts ne fonctionnent pas avec lui, je vais les jeter à la poubelle et penser à d’autres options. Il faudra voir ce qu’il peut améliorer dans ses faiblesses pour déterminer si on peut ajouter d’autres idées », a détaillé Schonert, qui aime l’habileté de Crompton sur les longues passes. 

Une signature qui permet à Calvillo de mieux dormir

En entamant une nouvelle carrière d’entraîneur avec une liste de records si impressionnante que celle de Calvillo, on pourrait s’imaginer que le succès sera instantané pour celui-ci. Par contre, l’ancien quart des Alouettes devra s’assurer que la transition s’opère en douceur surtout que son mandat sera de gérer les receveurs.

L’an passé, les Alouettes misaient encore sur un redoutable groupe d’athlètes à cette position. Pour les débuts de Calvillo, tout indique que Duron Carter se trouvera du boulot du côté de la NFL et le portrait aurait pu être inquiétant sans le retour de S.J. Green.   

« Je suis très excité par cette nouvelle », a lancé Calvillo à propos du contrat de trois ans du numéro 19. « On devait le ramener et je peux maintenant mieux dormir en sachant que c’est le cas. Toute l’équipe ou presque a fait des démarches pour le convaincre de rester! »

S’il a été clairement établi que Schonert allait diriger les quarts, Calvillo pourra également bonifier le travail de Crompton en lui refilant certaines de ses astuces au football canadien.

« Je serai plus confortable avec le temps et je pourrai lui donner plus de conseils », a convenu Calvillo qui doit avant tout assimiler toutes les nuances du nouveau cahier de jeux portant le sceau de Schonert.

Par contre, ça saute aux yeux que Crompton et Calvillo possèdent des styles peu similaires. Celui qui a mené les siens à la coupe Grey en 2002, 2009 et 2010 comprend qu’il devra adapter son enseignement.

« Ce sera mon défi de ne pas lui présenter seulement ce que j’aurais fait si j’avais été à sa place. Ce n’est pas parce que j’ai connu du succès d’une façon que c’est la seule manière de procéder et c’est pourquoi je veux apprendre avec l’esprit ouvert. Turk sera sa première source d’informations et je pourrai l’aider en complément », a argué l’homme reconnu pour son perfectionnisme.

Appuyé par des coéquipiers d’expérience, Crompton parviendra probablement à rehausser son niveau de jeu. Mais pour que l’équation soit complète et que les Alouettes parviennent à soulever le précieux trophée de nouveau, les unités spéciales doivent retrouver leur aplomb. Cette facette plombe les ailes des Alouettes depuis quelques années. L’organisation s’est donc tournée vers Kavis Reed – un joueur auquel Higgins avait donné sa première chance dans la LCF à Edmonton en 1995 – pour remédier à la situation. 

« Les unités spéciales ont connu quelques bons moments en 2014, mais ce n’était pas l’idéal quand l’entraîneur-chef tentait de s’en occuper. Nous avons fait le mieux que nous pouvions dans les circonstances, mais on savait que ça allait changer. Après la saison, c’était l’une de mes priorités de trouver le meilleur candidat », a finalement avoué Higgins qui chapeautait ce groupe.

Reed, l’ancien entraîneur des Eskimos, aura donc beaucoup de pain sur la planche. Ceci dit, Higgins a rappelé que l’équipe continuait d’observer des joueurs autonomes.