Avec cette défaite de 27-25 devant les Roughriders de la Saskatchewan, les Alouettes de Montréal ont raté une belle chance de rejoindre les Tiger-Cats de Hamilton au premier rang dans l’Est.

Tout juste avant le duel des Montréalais, les Ti-Cats ont baissé pavillon contre les Stampeders de Calgary ce qui ouvrait la porte aux hommes de Khari Jones afin de s’approcher à seulement quatre points du sommet. Lorsqu’on sait que les Alouettes ont eu plusieurs chances de mettre leur empreinte sur ce match, c’est une occasion qui leur file entre les doigts.

Les Alouettes ont de plus un match en main et ils doivent de nouveau affronter la formation de Hamilton d’ici la fin de la saison, donc le scénario semblait de plus en plus prometteur.

Même si les Alouettes ne bénéficient plus de semaine de congé d’ici la fin du calendrier, je me plais à dire aux joueurs qu’ils peuvent avoir un congé, s’ils terminent au premier rang. Ils auront alors un laissez-passer.

Même si je leur ai dit à la blague, il y a tout de même un fond de vérité, alors que le premier rang n’est pas hors de portée. Ils viennent cependant de se compliquer la tâche avec cette défaite en Saskatchewan.

Cette fois, les Alouettes ont goûté à leur propre médecine. Il faut croire que les Riders ont mal lu leur script ou joué leur rôle. Habituellement, ce sont les Alouettes qui reviennent en fin de match pour l’emporter et non pas l’inverse. Le résultat a de quoi être frustrant.

L’équipe savait dès lors que le défi allait être de taille au domicile des Roughriders, eux qui présentaient une fiche de 5-1 devant leurs partisans avant le match. Ils entament habituellement leur match sur les chapeaux de roue, eux qui ont dominé leurs adversaires 91-41 au premier quart seulement. Lors de leurs deux derniers matchs à domicile, ils avaient le dessus sur leurs rivaux au compte de 27-0 lors des 15 premières minutes.

Je me disais que les Alouettes devaient survivre au premier quart et ils avaient même une avance. Le problème, c’est que celle-ci n’était pas assez importante si on considère toutes les chances qu’ils ont obtenues. Ils auraient dû faire bien plus mal aux Riders.

Ils se sont présentés en deux occasions dans la zone payante et une troisième fois pas très loin de celle-ci, mais chaque fois, ils se sont contentés de placements.

Les Riders ont montré comme identité cette saison que lorsque tout va bien, ils sont inarrêtables,  mais lorsque la situation est difficile, plus rien ne va et ils ne s’en relèvent pas. Winnipeg avait montré le tout la semaine précédente, alors que la Saskatchewan ne s’était jamais relevée après un horrible début de match.

Si les Alouettes avaient passé le K.-O. à la fin du premier quart avec un ou deux touchés, le scénario aurait été sans doute fort différent.

Alouettes 25 - Roughriders 27

L’un des points qui expliquent ce manque d’opportunisme , c’est la tenue de Vernon Adams fils. Il ne semblait pas à l’aise dans sa pochette. Beaucoup de ses passes étaient lancées derrière ses receveurs. Il paraissait en retard sur le jeu et je le voyais nerveux dans sa pochette. On revoyait à ce moment le vieux Vernon Adams. Ses meilleurs jeux sont survenus lorsqu’il quittait sa pochette, ce à quoi il nous avait habitués par le passé.

Encore une fois, les Alouettes ont su enregistrer des longs jeux, mais ce n’est plus assez. L’attaque doit trouver un moyen de faire preuve de plus de constance.

On voit un scénario qui se répète et qui commence à être problématique. En cinq jeux seulement, les Alouettes ont récolté 160 verges. C’est donc dire que cinq jeux sur les 57 effectués par l’attaque représentent près de 40 % des verges obtenues par l’attaque qui a terminé sa journée avec un total de 418.

Un autre élément qui a nui aux Alouettes est leur manque de productivité sur les premiers essais. Ce n’est ainsi pas surprenant de voir qu’ils ont conclu avec un faible taux de réussite de 9/22 sur les deuxièmes essais.  Si la semaine dernière, Adams m’a impressionné en deuxième essai, devant les Riders c’était bien plus pénible.

Malgré tout, les Alouettes ont longtemps eu l’avance dans cette rencontre. Je me serais donc attendu à voir un peu plus William Stanback. D’autant plus que les Blue Bombers avaient pilé sur les Roughriders avec leur réserviste dans le champ-arrière.

Vous me connaissez, en tant qu’ancien joueur de la ligne à l’attaque, j’ai un penchant pour le jeu au sol, mais il n’y avait tout de même rien qui justifiait que cette facette du jeu soit si peu impliquée dans l’équation.

Ce n’est quand même pas étonnant de voir qu’un ancien quart-arrière au poste de coordonnateur offensif préfère lancer le ballon. Je peux comprendre et Adams connaissait du succès dernièrement.

Alors que j’attendais une bonne contribution de Stanback, c’est William Powell qui a brillé. Les Roughriders ont imposé leur volonté avec le jeu au sol en plusieurs occasions.

Des irritants à corriger

Il est vrai que présentement, les Alouettes jouent du football excitant. Malgré cette défaite, ils ont encore fait preuve de résilience et n’ont jamais abandonné. Toutefois, ils ont été rattrapés en Saskatchewan par des erreurs qu’ils commettaient durant leurs victoires. Cette fois, ils n’ont pas été en mesure de s’en sortir.

De prime abord, les Alouettes sont toujours confrontées à un passage à vide. Je sais que c’est presque impossible de jouer 60 minutes dans un match de football.

On se souviendra contre les Lions, le troisième quart avait été anémique pour l’attaque avec une récolte négative de moins trois verges. Si celui contre les Riders était certes plus petit, les conséquences ont été dévastatrices.

En l’espace de quelques jeux seulement, l’avantage a complètement basculé du côté de l’équipe à domicile.

Un duel qui s'est décidé sur les petits détails

On se transporte au quatrième quart alors que c’est 18-18. Vernon Adams quitte sa pochette et décoche une passe parfaite dans la zone profonde à Quan Bray. Je pense qu’il avait de bonnes chances qu’il inscrive le touché, mais il a échappé le ballon. Ce jeu est déjà frustrant en raison du résultat, mais les Alouettes avaient mis la table afin de surprendre les Riders et c’est exactement ce qui se produisait. Adams laissait croire qu’il lançait une passe piège à un receveur le long des lignes de côté, donc Bray se préparait à bloquer, sauf qu’il est reparti dans les zones profondes, laissant derrière lui son couvreur. Il n’a simplement pas été en mesure de saisir le ballon, ce qui couronnait un match difficile pour lui après ses échappées sur des retours de botté.

Après ce jeu qui aurait pu donner les devants 25-18 aux Alouettes, les Riders ont enregistré un sac et nous avons assisté à tout un cafouillage sur les unités spéciales. Une mauvaise remise que ne peut contrôler Boris Bede a permis aux Riders de reprendre le ballon profondément dans le territoire des Alouettes.

William Powell a enchaîné deux jeux plus tard avec le touché. Donc au lieu de mener 25-18, les Alouettes ont tiré de l’arrière 24-18. On parle d’une séquence de jeu qui a coûté 13 points. C’était toute une claque au visage.

Les Alouettes n’ont tout de même pas abandonné et je tiens à le souligner. L’attaque a complété une belle séquence au cours de laquelle Eugene Lewis a amassé 53 verges avant de lui-même obtenir le touché.

Outre les passages à vide qui se répètent à chacun des matchs, encore une fois la défense n’a pas été capable de provoquer des revirements. Il est vrai qu’elle n’a pas été capable d’arrêter les Riders en fin de match, mais les revirements commencent à causer de réels soucis.

La disette se prolonge, alors que lors des six premiers matchs, elle avait enregistré 18 larcins. Au cours des cinq derniers, elle n’en a généré que quatre, dont aucun en Saskatchewan.

Comme la défense accorde beaucoup de verges, elle a besoin de provoquer des revirements afin de limiter les dégâts. Il n’est pas possible de compter uniquement sur cette facette, mais cette unité doit retrouver sa touche à ce niveau.

Dernier point qui me chicote véritablement ; la tenue des unités spéciales. Ceux qui me suivent depuis plusieurs années savent que je les ai déjà nommés les unités pas très spéciales ou même les nullités spéciales. Choisissez le sobriquet qui vous plaît, mais elles n’ont rien produit samedi.

Elles n’offrent pas un terrain avantageux à son attaque et je ne reparlerai pas du cafouillage sur le botté de dégagement.

Donc les passages à vide, le manque de revirement et les difficultés sur les unités spéciales sont trois éléments que Jones et le groupe d’entraîneurs doivent ajuster. Avec les Blue Bombers comme prochain adversaire, les Alouettes se doivent d’apporter les correctifs nécessaires, car ce match ne s’annonce pas pour être une partie de plaisir.

Si le match devant les Riders était physique, attendez-vous à la même chose et encore pire contre les Bombers. Ce sera un spécial pour la guerre des tranchées.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant