MONTRÉAL – Kavis Reed et les Alouettes se devaient de bouger vite et bouger beaucoup lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes, une cuvée spéciale qui regorgeait de possibilités en raison de la fin de la convention collective. Le directeur général n’a pas chômé et il a procédé à des embauches intrigantes incluant deux athlètes qui ont des connexions insoupçonnées avec le Québec.

 

On ne parle pas ici du centre-arrière Christophe Normand qui est originaire de Bromont, mais bien du secondeur Boseko Lokombo et du joueur de ligne offensive Spencer Wilson.

 

Boseko LokomboNé en République démocratique du Congo en 1990, Lokombo parle français et a habité à Sherbrooke alors que son père, Léon, était venu étudier pour sa maîtrise en Administration. La famille entière (six enfants) s’est ensuite établie en Colombie-Britannique, mais Lokombo est enchanté de revenir en sol québécois.

 

« C’est fantastique, je parle français et j’aime beaucoup la culture à Montréal, c’est un très bel endroit. C’est merveilleux de revenir là où notre séjour a démarré au Canada », a-t-il commenté au RDS.ca.

 

L’athlète de 28 ans se sent fébrile et motivé également parce qu’il voyait un changement d’organisation d’un bon œil.  

 

« Les Lions, c’était comme ma maison. En même temps, je recherchais un peu un nouveau départ et un contexte différent à ce point de ma carrière », a indiqué celui a évolué pour les Lions en 2014, 2015, 2016 et 2018.

 

Avant d’entamer son parcours dans la LCF, Lokombo a cru en ses chances d’atteindre la NFL en arrivant du programme universitaire des Ducks de l’Oregon.  Une blessure à une épaule vers la fin de cette aventure universitaire a plombé ses chances si bien qu’il n’est pas arrivé dans le circuit canadien avec le meilleur état d’esprit.

 

« C’est vrai (qu’il aurait voulu être dans la NFL), mais j’ai eu mes chances et tout ça appartient au passé. Je suis prêt à jouer et gagner à Montréal. Je suis arrivé dans la Ligue canadienne à 22 ans, au milieu d’une saison, alors que je continuais de grandir comme athlète et comme professionnel. Maintenant, le but est de conserver une constance et je crois que je suis prêt pour le prochain niveau », a exposé le secondeur canadien.

 

Il fait référence ici à ses essais avec les Ravens de Baltimore, les Raiders d’Oakland et les 49ers de San Francisco en 2017. Depuis son retour avec les Lions, il a prouvé qu’il pouvait être un atout dominant et polyvalent sur le terrain avec 71 plaqués, 4 sacs et 2 interceptions (dont une contre les Alouettes) en 2018.

 

« Je peux encore progresser, mais je suis arrivé à la meilleure période de ma carrière. Je suis prêt à tout donner pour les Alouettes, c’est une étape excitante »,  a jugé l’athlète de six pieds deux pouces et 225 livres.

 

Au fil de sa progression avec les Lions, Lokombo n’a jamais été exclu des éliminatoires puisqu’il n’était pas avec l’équipe en 2017. Il dit cependant bien composer avec la réalité inverse qui frappe le club montréalais.

 

« Je ne vois pas cela comme un grand défi. Oui, on doit prouver bien des choses, mais on peut voir que les Alouettes s’en vont dans la bonne direction. Je pense qu’on sera une bonne équipe avec ces ajouts. Il faudra que tout le monde soit prêt à devenir meilleur », a déclaré Lokombo qui s’ajoute à la liste d’acquisitions qui comprend Normand, Wilson, DeVier Posey, Patrick Levels et Taylor Loffler. Son enthousiasme s’explique, en partie, par la possibilité d’évoluer auprès de Henoc Muamba.

 

« Nos familles se connaissent. Je parlais avec Henoc même quand il était avec les Colts (d’Indianapolis). Son frère Cauchy habitait avec mon frère quand il jouait avec les Lions. Ce sera intéressant de jouer à ses côtés. J’ai aussi vu qu’on a ajouté Loffler. Bref, ce qu’on construit en défense et pour l’équipe en général, c’est bien positif », a assuré celui dont l’autre partenaire à Montréal pourrait être Glenn Love.

 

Lokombo n’a pas été en mesure de s’établir dans la NFL, mais, quand il songe à la grande décision de son père, il ne peut qu’être heureux.

 

« La guerre civile était l’une des raisons de notre départ et mon père voulait aussi poursuivre son éducation.  C’est devenu une occasion d’amener la famille au Canada et tout a bien tourné, c’était vraiment un bon geste de sa part. »

 

Depuis, le paternel est retourné au Congo parce qu’il voulait aider sa communauté et laisser un héritage dans son pays natal grâce à son éducation. Difficile de dire s’il viendra le voir en action à Montréal, mais ses frères et sœurs ont bien hâte de le faire. Lokombo a d’ailleurs été attiré vers le football grâce à son frère aîné qui s’est lancé en premier dans ce sport.

 

À son tour de déménager

 

L’acquisition de Spencer Wilson n’a rien de spectaculaire à première vue. Cela dit, l’état-major montréalais devait dénicher du renfort pour la ligne offensive. L’ajout de ce vétéran de huit saisons avec les Stampeders de Calgary pourrait éteindre bien des feux.  

 

D’abord et avant tout parce que Wilson peut se débrouiller à toutes les positions de la ligne offensive. Selon des statistiques relayées par Derek Taylor sur Twitter, voici les départs obtenus par Wilson au cours des trois dernières saisons selon les positions : bloqueur à gauche (8), garde à gauche (2), centre (7), garde à droite (huit) et bloqueur à droite (10).

 

Wilson s’annonce comme un complément très intéressant au groupe composé, pour l’instant, de Tony Washington, Kristian Matte, Trey Rutherford et Tyler Johnstone. Considérant l’inexpérience des deux derniers noms, ce serait étonnant que Wilson se contente d’un rôle de spectateur en 2019.

 

Le géant de six pieds sept pouces et 336 livres ne cache pas que cette première expérience comme joueur autonome a été stressante pour lui et sa femme qui est Québécoise.

 

« Oui, ce l’était un peu. Les Stamps m’avaient dit que je ne reviendrais pas avec eux donc j’étais plus prêt pour cette étape. Je me suis dit que les Alouettes s’en allaient dans la bonne direction. La proposition des Alouettes semblaient la bonne et j’ai sauté dessus », a déclaré celui qui a fait la connaissance de sa future femme dans un avion.

 

Dans le monde du football, on entend sans cesse les mots stabilité et continuité pour expliquer les succès d’une organisation. Ces critères sont primordiaux en ce qui concerne la ligne offensive, mais les Alouettes ne devraient pas avoir ce luxe lors de la prochaine saison alors que Washington et Matte s’annoncent comme les deux partants qui seront de retour.

 

« Ça prend une bonne connaissance du travail et des responsabilités de chacun et un niveau de confiance élevé envers ses partenaires. Quand tout ça sera en place, je suis persuadé qu’on sera une bonne unité », a réagi Wilson qui a connu Washington pendant une saison (en 2011) à Calgary.

 

Le colosse de 30 ans se voit encore jouer pour cinq saisons – si son corps le lui permet – ce qui serait de bon augure pour cette stabilité recherchée.

 

« Je vois les choses du bon côté, je me dis que c’est une belle opportunité, c’est une équipe en reconstruction et en émergence. Je regardais pour un changement et j’espère que je m’établirai avec les Alouettes pour le dernier droit de ma carrière », a conclu Wilson qui a remporté deux championnats avec les Stampeders tout en participant au match ultime à cinq reprises.

 

Wilson semble content de déménager dans la province de sa conjointe, il ne lui restera qu’à apprendre le français, ce qu’il a commencé tranquillement.