L'avis de Luc Brodeur-Jourdain sur Johnny Manziel
Alouettes mardi, 31 juil. 2018. 17:35 vendredi, 13 déc. 2024. 11:49MONTRÉAL – Est-ce que Johnny Manziel pourra redorer le blason des Alouettes? Discussion avec Luc Brodeur-Jourdain, le vétéran de 10 saisons dans le nid, qui a vu passer les Chad Johnson, Troy Smith, Michael Sam et compagnie à Montréal.
D’entrée de jeu, c’est impossible d’éviter la perspective déchirante qui existe à moyen terme. En effet, selon les nouvelles dispositions dans la Ligue canadienne de football, Manziel pourrait retourner du côté de la NFL au terme de la saison 2019. L’association risque donc de se limiter à une saison et deux tiers.
En n’oubliant pas que Manziel a dû se contenter de deux entraînements avec les partants depuis son arrivée à Montréal, Brodeur-Jourdain s’est prononcé sur les probabilités que le quart-arrière puisse changer le visage de l’organisation.
« C’est juste le temps qui va le dire. S’il connaît beaucoup de succès, on va le perdre. Si c’est le contraire, on ne sait pas ce qui va se produire. On souhaite donc qu’il se bâtisse, qu’il puisse croître avec notre organisation. S’il veut rester ici à long terme, on pourra bâtir un cahier de jeux pour lui.
À lire également
« Mais il faudra surtout enlever de la pression sur ses épaules pour ne pas qu’il sente qu’il doit être le sauveur. L’idée serait de bâtir une équipe autour de lui pour que les choses soient facilitées pour lui. Il n’aurait qu’à découvrir le football canadien graduellement au lieu d’être jeté dans la mêlée et d’être le sauveur », a exprimé Brodeur-Jourdain avec sa sagesse habituelle.
Pour l’instant, le contraste demeure frappant lorsque Manziel reçoit la remise du centre Kristian Matte. Il ne maîtrise pas encore toutes les pages du cahier de jeux des Alouettes ni la plupart des nuances du football canadien, mais il parvient à compléter beaucoup plus de passes grâce à sa mobilité.
« C’est vraiment sa capacité à acheter du temps. Quand il sort de la pochette, il est capable de lancer des passes, même à contre-courant, avec plus d’efficacité. Au niveau de la défense, comme ailier défensif ou secondeur, tu dois respecter sa menace de courir et ça ouvre plus le jeu. Quand il quitte la pochette, les demis défensifs doivent encore suivre leur homme au lieu de tricher parce qu’il peut lancer à contre-courant », a décrit LBJ en rappelant que le souhait ultime sera toujours de miser sur un quart-arrière qui lit bien le terrain et qui décoche rapidement.
Quand il songe à Chad Johnson et sa belle carrière dans la NFL, à Troy Smith et son bras puissant et à Michael Sam qui avait attiré une grande attention médiatique, Brodeur-Jourdain en arrive à cette conclusion à propos de Manziel.
« C’est une grande acquisition pour l’équipe, une des plus grandes dans les dernières années », a-t-il convenu.
Mais tout le monde sait que Manziel a gaffé à l’extérieur et sur le terrain durant son aventure avec les Browns de Cleveland. Il devra prouver que cette tangente est disparue de son parcours.
« Pour Johnny, ce sera de s’adapter à la LCF. Il y a tellement de choses, il ne connaît pas les coordonnateurs défensifs et leur système respectif. Chaque match contre une nouvelle équipe sera une découverte. Il faut investir énormément de temps et avoir de l’expérience sur le terrain », a rappelé ce meneur respecté.
Il comprend la franchise d’Adams fils, mais …
Brodeur-Jourdain possède la facilité à trouver les bons mots. C’est une évidence comme celle que Manziel attire l’attention. Vernon Adams fils aurait sans doute aimé utiliser cet attribut du Québécois pour commenter sa frustration vécue lors du dernier match quand les partisans ont scandé « Johnny, Johnny ».
Il a plutôt été malhabile, mais très honnête, en déplorant ce qu’il juge être un manque de respect. Brodeur-Jourdain comprend et respecte sa franchise, il ne veut surtout pas lui jeter la pierre.
« À question franche, réponse franche. Il faut comprendre que c’était une expérience particulière pour Vernon. Ce n’est pas comme s’il était un quart-arrière avec 15 ans d’expérience derrière la cravate. Il est encore en phase d’apprentissage.
« Je comprends l’énergie de la foule qui veut voir ce joueur, mais si, en tant que joueur, tu dis que ça ne t’as pas affecté, tu es en train de mentir », a-t-il réagi.
Puisque les Alouettes souhaitent se rapprocher de leur public, on aurait pu croire que Brodeur-Jourdain aurait souhaité qu’Adams fils s’abstienne de parler ainsi, mais ce n’est pas le cas. Tout repose dans la manière.
« Non, je ne crois pas. Est-ce que tu veux juste avoir une belle face ou être franc? Oui, il doit y avoir une certaine retenue, mais ce serait un mensonge de dire que ça ne t’affecte pas. Que tu sois un quart-arrière, un receveur ou un joueur de ligne offensive, c’est quelque chose de marquant d’entendre une foule scander le nom de ton substitut », a jugé LBJ.
Heath atterrit à Montréal quelques mois plus tard
En 2016, le demi défensif T.J. Heath a été échangé par les Argonauts de Toronto pour une première fois. Durant la dernière saison morte, les Argos ont rapatrié Heath alors qu’il était joueur autonome avant de ... l’échanger de nouveau!
« J’ai été un peu plus surpris cette fois que la première. Qui peut penser que tu seras échangé deux fois par la même équipe. Mais je comprends que c’est la nature du sport professionnel. Je ne suis pas rancunier, je me concentre à apprécier la chance de jouer au football.
Il faut croire que Heath était destiné à aboutir avec les Alouettes. Il avait failli suivre le demi de coin Tommie Campbell quand celui-ci a accepté l’offre montréalaise.
« Durant la saison morte, on parlait assez souvent ensemble. À vrai dire, je devais signer à Montréal au départ. Personne ne sait ça », a révélé Heath qui patrouillait le côté rapproché avec Campbell mardi.
L’intérêt du clan montréalais s’explique puisque Heath a déjà évolué dans le système du coordonnateur défensif Rich Stubler. Son nom est revenu sur la table avec la perte de plusieurs demis défensifs comme Mitchell White, Najee Murray et Joe Burnett.
« Je suis très agressif, je prends des risques. On dit que j’attaque le ballon, j’aime être fidèle à cette réputation », a-t-il lancé pour se décrire.
Depuis le début de la saison, Heath a péché par indiscipline. Son comportement n’a sans doute pas enchanté l’entraîneur Marc Trestman, mais Heath prétend que ce n’est pas la cause de son départ.
« Non, ce n’était pas la raison. Oui, j’ai eu des moments d’indiscipline, mais ça arrive au football. En fait, tout le monde passe par là. On voit même des entraîneurs qui tombent dans ce piège sur les lignes de côté. C’est simplement que les joueurs sont davantage sous la loupe en tant que joueur. Ils m’ont assuré que ce n’était pas la raison », a conclu Heath.