Après une semaine de congé, de repos, de pratique et de préparation, les Alouettes n’auront pas d’excuse vendredi soir.

D’autant plus que ce sont les Argonauts de Toronto qui se présenteront au Stade Percival-Molson.

Certes, les Argos misent sur des joueurs de qualité, mais des blessures à plusieurs d’entre eux changent drôlement la donne. L’entraîneur-chef Scott Milanovich a beau garder le contrôle et son calme, sans les receveurs Andre Durie et Chad Owens, l’offensive torontoise montre un tout autre visage.

Plus que jamais, les Argonauts sont vulnérables. La porte est donc toute grande ouverte pour les Alouettes et c’est maintenant à eux de la passer avec fracas.

Mine de rien, l’adversaire débarquera à Montréal avec trois revers consécutifs dans ses bagages. Au fil de cette malheureuse séquence, les Argonauts ont été dominés 89-41 au chapitre des points. L’attaque de Ricky Ray n’a jamais généré plus de 17 points au cours de cette série de défaite.

Le quart-arrière étoile n’est donc plus l’ombre de lui-même. Le manque de synchronisme entre Ray et son groupe de receveurs ne pourrait être plus évident. Si bien que Ray n’a lancé qu’une seule passe de touché à ses trois derniers matchs, tout en étant victime de sept revirements.

Le général des Argos a notamment lancé deux interceptions contre le Rouge et Noir d’Ottawa et deux autres contre les Roughriders de la Saskatchewan. Ça, c’est sans compter qu’il a été à l’origine de deux échappés contre les Riders et un autre face aux Stampeders de Calgary. Du jamais vu pour Ray. C’est donc le temps ou jamais pour la défense montréalaise de sauter sur l’occasion et de la brasser à son tour.

Vendredi, les Alouettes n’auront pas d’excuse...

Car par les temps qui courent, le manque de synergie entre Ray et ses receveurs le force à conserver le ballon plus longtemps et de s’offrir en proie à ses prédateurs. Des 13 sacs du quart que les Argos ont alloués depuis le début de la campagne, 10 sont survenus lors des trois derniers matchs.

Après avoir accordé 41 points aux Lions de la Colombie-Britannique le 19 juillet dernier, la défense montréalaise se voit offrir une chance en or de faire oublier l’une de ses rares contre-performances.

Alors que les Argos affichent un différentiel de moins-7 au chapitre des revirements cette saison, les Montréalais doivent justement s’améliorer à ce point de vue. La troupe de Tom Higgins se classe en effet au septième rang de la LCF à cet égard. C’était pourtant la marque de commerce de cette équipe l’an passé avec 56 revirements provoqués. Il faut renouer avec ces bonnes vieilles habitudes.

Les Alouettes se devront de plus de bien plaquer. Cela peut paraître simpliste, mais après avoir discuté avec un entraîneur de l’unité défensive de l’équipe cette semaine, j’ai appris que les Oiseaux ont raté un total de 18 plaqués lors de leur plus récent duel face aux Lions.

S’il y a une chose qu’il faut toujours bien faire au football, c’est bien plaquer. Encore plus face aux Argonauts, qui se spécialisent dans les petites passes qui se transforment en de longs gains.

En ce qui a trait à la défense, les Argos ne sont pas les plus coriaces non plus, eux qui occupent le dernier échelon de la LCF au chapitre de la moyenne de points alloués par match avec 30. Ils sont de plus huitièmes contre le jeu au sol, huitièmes pour le nombre de verges concédées en moyenne et sixièmes contre la passe.

Vendredi, les Alouettes n’auront pas d’excuse...

Ainsi, si les Montréalais parviennent à vaincre les Argonauts et que le Rouge et Noir et les Tiger-Cats essuient cette semaine des défaites contre les Roughriders et les Blue Bombers – ce qui est tout à fait plausible – les Alouettes concluront la semaine au sommet dans l’Est.

La situation n’a rien d’idéal et elle risque peut-être d’en faire rigoler certains, mais il faut toujours s’accrocher à quelque chose. C’est le scénario qui se présente aux Alouettes et c’est là-dessus qu’ils doivent bâtir. Toutes les équipes dans l’Est connaissent un mauvais début de campagne. Reste à voir lesquelles seront se ressaisir à temps et si les Alouettes seront l’une d’entre elles.

Troy SmithUne attaque bipolaire

Pour toutes ces raisons, j’ai donc bon espoir de voir les Alouettes regagner leur vestiaire avec la victoire. Mais à celles-ci s’ajoute le fait qu’ils évolueront sur leur terrain vendredi.

Il suffit en effet de comparer les performances de l’attaque montréalaise à domicile et à l’étranger pour constater que c’est le jour et la nuit.

En ce qui a trait aux points marqués, l’attaque de Troy Smith en a inscrit 28,5 en moyenne à la maison et 6,5 sur les pelouses adverses. Quant au nombre de verges par la passe amassées, Smith en a récolté 248 en moyenne à Montréal contre 99. Il a de plus lancé trois passes de touché devant ses partisans contre aucune à l’extérieur. Les interceptions? Une à domicile et deux sur les autres terrains. Finalement, il affiche un pourcentage de passes complétées de 57 % en moyenne chez lui contre 40 % lorsqu’il est en visite.

En plus d’évoluer devant les siens, Smith pourra de plus compter sur le retour au jeu du receveur Duron Carter face aux Argonauts, ce qui n’est pas à négliger. Dominant, Carter est à la fois en mesure de saisir une passe piège d’une verge et la convertir en gain de 40 verges ou encore de capter une remise qui a voyagé sur 50 verges. Les receveurs capables d’exceller à ces deux extrémités de l’arbre des tracés de passes sont rares.

Je le répète, vendredi, les Alouettes n’auront donc pas d’excuse...

Des yeux et de la matière grise

Mes collègues Matthieu Proulx, Bruno Heppel et moi-même dans cette tribune avions déjà signalé le manque d’encadrement offert par les Alouettes pour leurs jeunes quarts-arrières inexpérimentés.

Troy Smith n’en sera vendredi qu’à son neuvième départ en carrière dans la LCF après avoir traversé la frontière il n’y a même pas un an. Pour l’aider dans sa transition, il devait compter presque exclusivement sur Ryan Dinwiddie, devenu coordonnateur offensif par intérim après avoir occupé le poste de contrôleur de la qualité l’an dernier. Pas l’encadrement idéal, vous en conviendrez.

Tom Higgins

Mais voilà que Dinwiddie et Smith viennent peut-être de recevoir l’aide dont ils avaient besoin avec l’embauche mercredi de Don Matthews et Turk Schonert à titre de consultants.

Alors que la feuille de route de Matthews parle d’elle-même, Schonert a quant à lui roulé sa bosse dans la NFL, où il s’occupait surtout des quarts-arrières. Il ne connaît pas vraiment le football canadien, mais il risque donc de travailler avec Smith et compagnie sur le plan de la mécanique. Il pourrait également servir de tampon entre le coordonnateur offensif et les quarts-arrières. Un grand frère est toujours le bienvenu.

Reste à voir jusqu’à quel point Matthews et Schonert pourront s’impliquer lors des séances d’entraînement. Le rôle des consultants se résume généralement à observer, prendre des notes et faire des suggestions. C’est avant tout des yeux et de la matière grise supplémentaire à la disposition de l’équipe.

La charge de travail de Dinwiddie risque donc d’être allégée, ce qui lui permettra espérons-le de consacrer plus de temps à ses plans de match et d’entraînement.

Des solutions, voilà donc ce que tente de dénicher l’état-major des Alouettes en ce début de saison ardu. Ces démarches s’imposaient et sont tout à fait louables, mais le choix de faire appel à Matthews et Schonert a de quoi faire jaser.

Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais on peut prétendre que Matthews et Schonert sont des gars du directeur général Jim Popp. On connaît tous la relation entre ce dernier et Matthews, ancien entraîneur-chef des Alouettes. Quant à Schonert, il a été interviewé à l’époque pour succéder à Marc Trestman avant qu’on lui préfère Dan Hawkins.

La situation a donc de quoi rendre Higgins quelque peu inconfortable. Mais n’empêche, cette infusion de connaissances et d’expérience semble avant tout destinée à aider l’équipe et son entraîneur-chef. Les Alouettes seraient pour l’instant malavisés de s’en priver.

*Propos recueillis par Mikaël Filion