Je crois qu’on a tous hâte au premier match de la saison régulière, car je n’ai vraiment pas été impressionné parce que j’ai vu en présaison. Il ne faut quand même pas s’inquiéter, car le terme le dit, c’est la présaison. C’est toujours difficile de juger des performances à ce temps-ci de la saison.

Il y a clairement des aspects du jeu qui laissent à désirer, notamment les quarts-arrière qui doivent être plus constants et produire davantage. On ne peut pas encore se retrouver avec la même formule que l’an passé où la défensive menait l’équipe à tous les matchs.

En présaison, lorsque tu gagnes 50-10 il ne faut pas s’exciter et lorsque tu perds 50-10 tu ne dois pas paniquer. Ce n’est pas le vrai portrait d’une équipe.

Toutefois, les quarts-arrière doivent mieux performer, car ce qu’on a vu jusqu’à présent n’est vraiment pas rassurant.

Il faut tout de même savoir que les Alouettes ont joué samedi contre Ottawa, qu’ils ont eu congé dimanche et seulement deux pratiques avant le match face aux Argonauts.

Ils se sont présentés contre Toronto avec les mêmes jeux qu’ils ont utilisés contre le Rouge et Noir. Si les Argonauts ont moindrement fait leurs devoirs, il n’y avait aucun élément de surprise et c’est normal, car tu n’es pas là pour surprendre personne ni pour montrer ton vrai livre de jeux.

Crompton a complété cinq de ses 10 passes, donc il a conservé un pourcentage de seulement 50%. Il a visé six receveurs différents, mais sur les cinq passes qui ont été captées, il y en a trois que ça a été fait par des porteurs de ballon.

Historiquement, ce n’est pas le joueur avec le plus de doigté, mais il y a quand même juste deux passes sur 10 qui ont été attrapées par ses receveurs.

On a donc tous hâte de voir ce qui va se passer jeudi prochain et si une chose est claire, c’est que tous les gestes du quart-arrière seront analysés. Tous les partisans qui suivent les Alouettes ont besoin de se faire rassurer et avec raison.

À la base, même si l’exécution n’est pas parfaite, un quart-arrière doit prendre le ballon, décortiquer la défensive averse et lancer à un gars qui est démarqué. En présaison, en saison régulière ou en séries, tu dois être en mesure de faire ça.

On peut parler de rouille ou de période d’adaptation, mais Jonathan Crompton a eu la grande majorité des répétitions lors du camp d’entraînement. À un moment, tu dois seulement livrer la marchandise en visant le receveur qui est libéré.

C’est exactement ce que Crompton ne parvient pas à réussir. On dirait qu’il se concentre seulement sur un seul receveur et qu’il décide avant que le jeu soit débuté à qui il va lancer le ballon, peu importe le tableau qui se dessine devant lui.

Souvent, ça donne des jeux dangereux ou des interceptions à l’occasion.

Sur les 10 passes tentées, il y en a eu quatre en direction de S.J. Green. Trois ont été incomplètes et une s’est fait intercepter. Je dois même avouer qu’une des passes incomplètes aurait dû être interceptée.

Je sais bien que S.J. Green est l’un des bons receveurs des Alouettes si ce n’est pas le meilleur, mais il ne faut pas que tu forces le jeu.  Il s’entête à viser un receveur et il oublie ses autres options.

Les autres équipes ne sont pas aveugles. Si nous observons cette tendance, je crois que les entraîneurs adverses doivent également le remarquer.

Ce qui est dommage également avec la position de quart-arrière c’est qu’aucun joueur n’a réussi à prouver hors de tout doute qu’il est le numéro un. Crompton n’a pas concrétisé son titre de partant avec sa performance face aux Argonauts.

Du côté de LeFevour, il revient d’une blessure au genou et il n’avait pas joué depuis le mois de septembre, l’an passé. Il arrive dans une nouvelle équipe avec un nouveau système et une météo qui était loin d’être idéale.

Dans les circonstances, je ne trouve pas qu’il a mal fait. Les Alouettes peuvent construire sur sa performance, même si ce n’était pas éclatant.

Mis à part ces deux joueurs, il y en a un autre qui doit se mordre les pouces en regardant la situation et la performance des quarts-arrière et il s’agit de Tanner Marsh. Il doit se dire que c’est un très mauvais hasard d’être blessé à ce moment.

Pendant le camp il s’est blessé à un genou et il ne peut pas profiter de cette chance.

Une défensive surtaxée qui répond aux attentes

Défensivement, il n’y a pas grand-chose à se reprocher. Oui, on a accordé 30 points, mais 14 d’entre eux ont été marqués sur des retours d’interceptions et il y a eu un touché de sûreté. Donc 16 des 30 points ont été accordés par l’attaque ou les unités spéciales. La défensive n’a accordé que 14 points, donc on peut clairement dire qu’elle a fait son travail.

Sur la ligne défensive, certains joueurs comme Khalif Mitchell ont annoncé via leur compte Twitter qu’ils avaient été retranchés de l’équipe. Plus tôt pendant le camp d’entraînement, on a laissé aller Scott Paxson qui était un régulier.

Ces décisions peuvent paraître étranges, mais lorsque tu regardes la performance de certains joueurs, tu comprends les choix. L’un des gars qui a forcé la main des dirigeants est le numéro 95, Corvey Irvin.

Il est une vraie machine à la position de plaqueur. Il est gros, il est fort et il est puissant. Lorsque tu es plaqueur, souvent tu te retrouves dans le trafic et tu te fais régulièrement bloquer par deux gars. Contre les Argonauts, il a tout de même réussi cinq plaqués, un sac du quart et recouvert un échappé.

L’échappé qu’il a récupéré démontre tout son talent, car c’est un receveur de passes sur les lignes de côté qui a échappé le ballon. C’est donc un plaqueur qui est au milieu de la formation et lorsqu’il a vu qu’il s’agissait d’une passe piège en parallèle, il est parti en poursuite et il a récupéré le ballon.

Lorsqu’un entraîneur voit ça sur une bande vidéo, il peut seulement qu’être impressionné. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle Kalhif Mitchell n’a pas fait l’équipe.

Les Alouettes auront probablement besoin des services d’un joueur d’impact comme lui, car si l’offensive continue de ne pas produire, elle aura besoin de la défensive. L’an passé, la défensive des Alouettes est celle qui a produit le plus de revirements.

Qu’est-ce qui arrive si la défensive n’est pas capable de répéter cet exploit? Chaque année, tu veux produire le plus de revirements possible, mais ce n’est pas garanti que ça va arriver.

Combien de fois l’attaque a profité des revirements produits par la défensive? On ne connaît pas la réponse, mais l’attaque devra être plus constante pour espérer qu’elle puisse aider la défensive et prouver qu’elle est en contrôle de la situation.

Toutefois il n’est pas garanti que la défensive pourra conserver ce rythme toute la saison. Les Alouettes ont perdu la bataille du temps de possession face aux Argonauts, ce qui signifie que la défensive a passé plus de temps sur le terrain que l’attaque. Ce n’est jamais bon, car à un certain moment, ta défensive se fatigue. Peut-être qu’il n’y aura pas d’effet en début de saison, mais en fin d’année, ça va te rattraper.

Lors du dernier match, ils ont eu 17 séquences offensives et 12 ont nécessité trois jeux ou moins, sans compter le botté.

La défensive ne bénéficie pas d’assez de temps pour se reposer. Tu as à peine le temps de retourner sur le banc, boire une gorgée d’eau et tu dois retourner sur le terrain.

À titre d’exemple, la plus longue séquence offensive a été de sept jeux et la plus productive a été de 46 verges et c’était la première du match. Les Alouettes avaient pris possession à la ligne de 46 et ont inscrit un touché.

Je répète tout de même qu’il s’agit de la présaison et que les stratégies utilisées sont sans saveur et sans originalité, mais il y a toujours un petit doute. C’est pour cette raison qu’on a tous hâte à jeudi prochain.

Pour le moment, on leur laisse le bénéfice du doute, mais dès que la saison régulière débute, ce ne sera plus le cas. L’attaque montréalaise devra donc prouver des choses, car du côté de la défensive on est rassuré.

Le jeu au sol devra compenser

Si l’attaque aérienne continue d’en arracher, le jeu au sol devra produire sur une base régulière et ça n’a pas été le cas lors des deux matchs préparatoires.

Souvent, les meilleures courses étaient l’œuvre des receveurs de passes. Tout comme les quarts-arrière, les porteurs n’ont pas été assez constants.

Face aux Argonauts, le jeu au sol a produit 63 verges en 21 courses, mais dans le lot, il y a eu quatre courses des quarts-arrière et deux des receveurs de passes.

Si on enlève ces six courses, il en reste 15 pour un total de 49 verges et une moyenne de 3,3 verges par portée.

On peut accepter une attaque aérienne qui se cherche, si les porteurs de ballon sont dominants, mais si ton attaque aérienne ne donne rien et que la course ne fonctionne pas, on se retrouve avec un sérieux problème en attaque.

Au risque de me répéter, le choix des jeux au sol des Alouettes a été très conservateur. On choisissait souvent les mêmes corridors de course avec le même type de bloc. L’adversaire s’adapte facilement, car il sait ce qui s’en vient.

Les Alouettes n’ont rien montré et je crois que jeudi on va avoir une vraie idée de ce que peut faire l’attaque montréalaise.

Un autre aspect du jeu à améliorer

Les unités spéciales ont également été un peu décevantes, après une grosse performance contre Ottawa où l’on avait vraiment dominé cet aspect du jeu. On a accordé de longs retours et les botteurs ont fait quelques erreurs.

Dans ma tête, il est quand même clair que Sean Whyte va être le botteur régulier de l’équipe. On verra bien ce qui va arriver avec Boris Bede et Drew Basil, car je crois que les Alouettes vont garder un autre botteur dans les entourages de l’équipe pour un bon bout de temps. Peut-être même qu’on pourrait décider d’utiliser un système à deux botteurs, ça reste à voir.

Pour ce qui est des retourneurs, je crois que Stefan Logan a clairement gagné le poste de partant. Je n’ai pas assisté à toutes les pratiques et vu toutes les répétitions, mais il a été excellent.

On verra bientôt ce que les Alouettes vont décider de faire, car ils vont annoncer les dernières coupures aujourd’hui.

Condamner à exploser tôt ou tard

Lorsque l’attaque ne travaille pas avec constance, tu deviens obligé de générer quelques gros jeux. L’an passé, on réussissait souvent avec Duron Carter ou S.J. Green à compenser pour les multiples séquences où l’on devait dégager après deux jeux. Quand le match se terminait, la défensive avait créé des revirements, on réussissait des bottés de précision et on avait réussi quelques jeux explosifs.

Hier, l’attaque n’a pas été constante et on a eu seulement réalisé un jeu de plus de 30 verges. Face aux Argonauts, les quarts-arrière ont complété seulement 45% de leurs passes pour des gains totaux de 151 verges. En seulement deux jeux, on a amassé 56 verges, donc 37% des gains aériens.

Dans le football canadien, on demande aux quarts-arrière de compléter environ 65% de leurs passes. Il faut aller chercher des premiers essais et contrôler l’horloge. Si tu réussis à compléter 65% de tes passes et qu’en plus de ça tu réussis quelques gros jeux, tu vas avoir du succès. Ce n’est pas le cas des Alouettes en ce moment qui ne font ni l’un ni l’autre.

Trois jeux qui auraient pu tout changer

Parfois au football, ça ne prend pas grand-chose pour que le résultat soit totalement différent. J’ai ciblé trois jeux qui auraient pu changer complètement l’allure du match face aux Argonauts.

Il s’agit des deux interceptions retournées pour des touchés et la passe échappée dans la zone des buts par Cody Hoffman, à la fin de la première demie.

Si on enlève les 14 points amassés à la suite des interceptions et qu’on ajoute sept points pour un potentiel touché de Hoffman, les Alouettes gagnent 17-16.

Malgré un match qui a été pénible, on peut changer l’issu de trois jeux et la défaite se transforme en victoire.

Propos recueillis par Raphaël Bergeron-Gosselin