Je sais, la situation est loin d’être positive pour les Alouettes. Je suis aussi pleinement conscient que le jeu de la chaise musicale en cours à la position de quart-arrière n’aide en rien la cause de l’équipe. Mais qu’importe, ce n’est pas le temps d’abandonner.

Car malgré tout le négatif qui entoure le club, les Alouettes peuvent encore rêver d’une place en éliminatoires.

Oui, le dernier revers encaissé lundi face aux Argonauts de Toronto vient sérieusement compromettre les chances de l’équipe de prolonger la saison d’au moins une rencontre et j’ai peine à croire que la troupe de Jim Popp y parviendra via le classement dans l’Est.

Un « croisement » dans la division Ouest demeure toutefois possible puisque la fiche des Alouettes (5-9) rivalise avec celles des Lions (5-9) et des Blue Bombers (5-10).

Les Montréalais ont encore quatre matchs à leur disposition pour racheter ne serait-ce qu’un peu leur saison difficile. Plus que jamais, c’est donc le temps de rester unis et c’est le temps pour les entraîneurs de trouver des façons de mettre évidence les forces de l’équipe tout en camouflant les faiblesses.

La défense d’abord

Pour ce faire, les Alouettes devront évidemment se rabattre une fois de plus sur leur unité défensive qui, avons-le, n’a rien à voir avec le plus récent échec de l’équipe.

En privilégiant une formation de type 3-4, ce qu’il n’avait jamais fait pendant un match entier cette saison, le coordonnateur défensif Noel Thorpe a pu envoyer quatre joueurs d’impact sur le terrain à la position de secondeur.

Winston Venable a connu un match incroyable, alors qu’Henoc Muamba (photo) a offert une belle performance à son premier départ avec l’équipe, facilitant ainsi son intégration après avoir obtenu un lucratif contrat. Quant à Kyries Hebert et Chip Cox, ils ont été fidèles à eux-mêmes.

Henoc MuambaEn employant ce personnel beaucoup plus adapté, athlétique et mobile, la défense montréalaise avait pour principal objectif de gêner les Argos dans ce qu’ils font de mieux, c’est-à-dire passer le ballon.

Les Torontois ont ainsi été forcés à traverser le terrain par la voie terrestre, ce qu’ils ne privilégient généralement pas. Un plan de match qui avait également pour but de tester la patience des Argos, plutôt conditionnés à faire de grosses avancées aériennes que de gruger à répétition de courts gains par la course.

Efficace, la défense montréalaise n’a ainsi alloué qu’un seul jeu de plus de 30 verges, une passe 36 verges à Tori Gurley qui a mis la table à un touché de Diontae Spencer dès la première série offensive des Argonauts. Solide, ce coup de poing n’a cependant pas ébranlé la défense des Oiseaux, qui a ensuite su se ressaisir et embêter le quart des Argos Trevor Harris.

Sous pression pendant toute la rencontre, Harris a encaissé quatre sacs du quart sur 25 passes tentées. Ça, c’est un sac réussi par les Alouettes à chaque six passes tentées. Assez productif merci!

Oui, c’est vrai, le porteur de ballon Brandon Whitaker a connu un bon match avec 5,8 verges par course, mais les Alouettes étaient prêts à les lui concéder afin de limiter le jeu de passes. Les Alouettes ont invité les Argos à courir afin de ralentir le tempo du match et garder le match le plus serré positif. Ce qu’ils ont fait jusqu’à ce que l’attaque n’offre le match aux Torontois sur un plateau d’argent.

Si on s’attarde par ailleurs aux deux passes de touché complétées par Harris, force est d’admettre que les Alouettes ont une fois encore été victimes de la loi de la jungle. Sur la première de celles-ci, Dominique Ellis, qui évoluait pour la première fois au poste de demi de coin, a mordu à l’hameçon de Spencer. Le même sort attendait le demi de coin réserviste Terry Johnson, qui n’a pu contenir Gurley.

Or, on pourrait difficilement en vouloir à cette unité défensive qui tient le fort depuis déjà trop longtemps.

Cato par défaut

De mémoire, je ne me rappelle pas la dernière fois qu’un club de la LCF a dû employer en une année autant de quarts-arrières que les Alouettes cette saison.

Je dois l’avouer, au terme des premiers matchs de Rakeem Cato cette année, j’étais emballé. Un vent d’espoir semblait enfin souffler sur Montréal, qui est toujours à la recherche du successeur d’Anthony Calvillo.

Malheureusement, je ne sens plus de progression chez Cato, qui jouait correctement contre les Argos lundi avant de quitter la rencontre en raison d’une blessure. Oui, il a d’abord été blessé contre Hamilton et il a ensuite dû rentrer chez lui en Floride peu de temps après pour des raisons personnelles. Et le voilà à nouveau sur le carreau après un bref retour au jeu.

Qu’est-ce qui fait défaut? Sa compréhension du système? Sa lecture des défenses adverses? Son manque de préparation? A-t-il le nez dans son livre de jeux comme il le devrait? C’est sans oublier qu’il sort directement des rangs universitaires et qu’il dispose donc de très peu d’expérience professionnelle.

Encore des problèmes au poste de quart

Lorsque ce dernier est tombé au combat, Anthony Boone a pris la relève. Quart-arrière ayant passé le moins de temps cette année dans le système offensif montréalais, la recrue n’a pas fait long feu, cédant sa place à Tanner Marsh.

J’aurais adoré qu’il accomplisse un miracle en fin de match et qu’il me fasse mentir, mais je persiste à croire que dans son cas qu’il faut passer à autre chose. C’est une machine à revirements. S’il y a bien une chose que les Alouettes ont bien besoin à la position de quart, c’est un gars capable de protéger le ballon.

Les mauvaises habitudes de Marsh n’ont pas tardé à le rattraper, lui qui a échappé un ballon et surtout été victime d’une interception assassine alors que les Alouettes s’accrochaient à l'espoir d'une remontée.

Face à une défense aussi redoutable que celle des Tiger-Cats lors de la prochaine rencontre, les Alouettes peuvent-ils se permettre de remettre le ballon dans les mains de Marsh? Je ne crois pas.

L’option numéro un, même si je ne perçois pas de progression dans son jeu, demeure Cato. Reste à voir s’il disponible après avoir visiblement subi une commotion cérébrale.

J’oublie Brandon Bridge, direz-vous? Les Alouettes ne semblent pas vouloir donner de chance à celui qui était le réserviste de Jonathan Crompton lors de la semaine 1. Juge-t-on qu’il n’est pas prêt? Poser la question c’est y répondre.

Contraints de simplifier les jeux pour faciliter l’adaptation de leurs jeunes quarts, les Alouettes ne sont toutefois pas suffisamment talentueux et dominants pour l’emporter de la sorte. C’est pourquoi ils devront d’ici la fin de la campagne se rabattre sur leur force en attaque. Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit du jeu au sol.

La comparaison peut sembler boiteuse, mais qu’ont fait les Steelers de Pittsburgh en l’absence de leur quart Ben Roethlisberger face aux Chargers de San Diego lundi soir? Ils ont remis leur sort dans les mains et les jambes du porteur de ballon Le’Veon Bell. Pas question de laisser Michael Vick lancer le ballon. Ils ont même fait usage de la formation « Wildcat », qui consiste à remettre le ballon directement dans les mains du porteur de ballon afin de limiter les risques.

« Phil » de presse

Privilégier le « Wildcat » est plus facile dans du football à quatre essais, j'en conviens, mais reste que les Alouettes devraient s’inspirer de cette idéologie et privilégier l’attaque au sol. Mais pour cela, encore faut-il sélectionner les jeux de courses et que ceux-ci offrent des résultats.

Au terme de la mi-temps du match les opposant aux Argos, les Alouettes menaient 9-7 et perdaient 10-9 après trois quarts. Ce duel était donc chaudement disputé. Qu’ont fait les Alouettes à partir de ce point? Huit courses contre 16 passes avec Boone et Marsh aux commandes. De ses huit courses, on peut soustraire deux faufilades du quart, si bien qu’on obtient six courses contre 16 passes.

À part une course de 14 verges de Brandon Rutley et une autre de quatre verges, les quatre dernières courses des Alouettes ont généré des avancées de 3, 2, 1 et moins-2 verges... Pas étonnant qu’ils aient davantage opté pour la passe. Ce qui n’a pas eu l’effet escompté non plus.

C’est à se demander à quel point Cato et Marsh comprennent le jeu. La prise de décisions de ceux-ci laisse souvent à désirer. Je n’ai qu’à penser à Cato qui choisit d’encaisser un sac du quart sur une passe-piège, plutôt que de se défaire du ballon contre Ottawa récemment. Marsh n’est pas mieux, lui qui a lancé une interception sur une passe-piège plutôt que d’expédier le ballon loin du danger. Ce revirement a été le jeu le plus coûteux des Alouettes face aux Argos.

Je m’en voudrais en terminant de ne pas souligner le brio, encore une fois, de Stefan Logan. La simple présence du petit retourneur des Alouettes sur le terrain a forcé les Torontois à employer trois botteurs sur les dégagements au cours de la rencontre. Du nombre, Anthony Alix a effectué trois bottés illégaux tellement il craignait Logan.

Voilà un autre aspect du jeu sur lequel les Alouettes peuvent se rabattre pour espérer conclure la saison sur une bonne note. Combinez cela avec le brio soutenu de la défense, du jeu au sol et des revirements limités au maximum et les Alouettes conservent leurs chances de participer aux éliminatoires.

Aussi minces soient-elles.