Patience, patience...
Montréal Alouettes mardi, 9 juil. 2013. 19:21 mercredi, 11 déc. 2024. 13:35Tout a été dit et écrit. L’attaque des Alouettes a été lamentable, joueurs et entraîneurs ont pris le blâme et promis de redresser les choses. Huit jours pour cogiter la défaite de 19-11 infligée par les Blue Bombers jeudi dernier c’est déjà bien assez.
Inutile d’en rajouter.
Donnons encore deux ou trois semaines à cette unité. Développer une chimie et un synchronisme, ça ne se fait pas instantanément. Attardons-nous plutôt à l’adversaire qui se pointe à l’horizon, les Stampeders de Calgary, qui seront de passage à Montréal vendredi soir.
Au moment d’écrire ces lignes, le quart-arrière numéro un des Stamps, Drew Tate, demeure un cas incertain pour la rencontre face aux Alouettes. Souffrant d’une entorse à l’avant-bras droit, le chef d’orchestre de l’attaque albertaine n’a pas conclu le match de vendredi dernier remporté 36-24 par les Roughriders de la Saskatchewan.
Incommodé par une série de blessures l’an dernier, notamment à l’épaule et aux côtes, Tate est donc une fois de plus hors de combat. Le quart des Stampeders joue toujours avec beaucoup d’intensité et d’émotions, tellement qu’il se laisse parfois emporter plus qu’il le devrait. Ce n’est pas ce qui a mené à son plus récent revers de fortune, mais Tate aurait intérêt à se calmer un peu.
Très expressif, ce dernier a de nouveau été impliqué dans une guerre de mots avec son entraîneur-chef John Hufnagel, vendredi, au grand plaisir des caméras. Tate et Hufnagel se sont depuis expliqué, assurant qu’il n’existe pas de bisbille entre les deux, ce qui est sans doute vrai.
Un quart-arrière se doit d’afficher le même tempérament, qu’il gagne ou qu’il perde, tel un robot. Or, cela n’empêche pas Tate d’afficher le meilleur taux d’efficacité (73,1 %) parmi les quarts du circuit après deux semaines d’activité.
On peut toutefois s’attendre à voir Kevin Glenn aux commandes de l’attaque des Stampeders en tout début de rencontre vendredi. Je ne vois pas pourquoi on précipiterait le retour au jeu de Tate en cette semaine numéro 3 dans la LCF. D’autant plus qu’il traîne cette blessure depuis un mois et qu’il pourrait l’aggraver en situation de match. Pourquoi ne pas lui offrir une semaine supplémentaire pour guérir? Les Stamps peuvent se vanter de compter sur le meilleur quart substitut de la Ligue canadienne.
En l’absence de Tate, Glenn a prouvé l’an passé qu’il était en mesure de mener cette équipe en éliminatoires et même au match de la Coupe Grey.
Si le vétéran de 34 ans s’est fait connaître dans le passé pour sa propension à prendre la mauvaise décision au mauvais moment, il a néanmoins muri depuis. On se rappellera l’interception qu’il avait lancée en toute fin de match face aux Alouettes la saison dernière. Jerald Brown avait alors réussi le revirement pour mettre la table au touché victorieux de Patrick Lavoie.
Ce genre de gaffe n’est plus la norme pour Glenn. Confortable dans le système de jeu des Stamps, il fait des choix beaucoup plus judicieux et il peut encore faire très mal à une équipe adverse. C’est un partant dans un rôle de substitut.
Tate et Glenn ne sont cependant pas les seules menaces qui guettent la défense montréalaise. Plus souvent qu’autrement sur les lignes de côté il y a un an, les receveurs Joe West et Maurice Price occupent désormais des rôles de premier plan au sein de l’attaque des Stampeders.
À l’image des Jamel Richardson, S.J. Green et Brandon London chez les Alouettes, West et Price sont de grands receveurs rapides, agiles, dotés de bonnes mains et capables d’étirer le terrain. Dominants, ils offrent une nouvelle dynamique à leur unité offensive.
Avec une bonne protection, Tate ou Glenn pourrait donc mettre à mal la tertiaire des Alouettes.
À cela s’ajoute Jon Cornish, bien évidemment. Après une première semaine extraordinaire au cours de laquelle il a grugé 172 verges au sol, le porteur de ballon a été limité à 42 face aux Riders.
Or, si la ligne à l’attaque des Stampeders parvient à freiner le front défensif des Alouettes pour établir le jeu au sol, la soirée s’annonce longue au Stade Percival-Molson. Vous pouvez parier que c’est ce que tentera de faire la formation albertaine dès qu’elle foulera le terrain.
Avec une arme comme Cornish, la mission première est de contrôler le temps de possession et de mettre la défense des Alouettes sur un pied d’alerte, ce qui pourrait avoir comme conséquence d’ouvrir le jeu aérien.
S’inspirer des Riders
Après une semaine éprouvante en attaque, l’entraîneur-chef des Alouettes Dan Hawkins et son coordonnateur offensif Mike Miller sont de retour à la table à dessin. Tant qu’à y être, pourquoi ne pas jeter un coup d’œil aux tactiques qui ont permis à l’unité offensive des Roughriders d’avoir raison des Stampeders il y a quelques jours.
Après tout, l’attaque des Riders est guidée par l’un des meilleurs coordonnateurs offensifs de la LCF en George Cortez. Ce dernier a beaucoup d’expérience et il serait avisé pour Hawkins et Miller de décortiquer comment il a attaqué les Stampeders pour en soutirer quelques trucs.
Les entraîneurs des Alouettes vont vite réaliser que la défense des Stampeders ne compte peut-être pas sur de « gros » noms, mais elle mise sur deux joueurs très polyvalents.
Les Alouettes se devront d’abord de contenir le joueur de ligne Charleston Hughes. En plus d’être l’un des joueurs les plus difficiles à bloquer et contrer, Hughes peut tout faire. Attaquer le quart-arrière, arrêter le jeu au sol et même reculer en couverture. Dominant face aux Lions de la Colombie-Britannique lors de la semaine numéro un, Hughes a ensuite été contenu par les Riders, qui en ont fait l’une des clés de leur succès vendredi.
Les Montréalais devront aussi avoir à l’œil le vétéran demi défensif Keon Raymond, qui effectuera un retour au jeu. Ce dernier peut occuper chacune des cinq positions de la tertiaire. Il peut aussi évoluer au poste de secondeur. En remplacement de Jamar Wall, qui a eu de la difficulté à couvrir Weston Dressler des Riders, Raymond aura pour mandat de couvrir les meilleurs receveurs des Alouettes.
C’est donc tout un test qui attend les Alouettes. Non pas en raison de l’équipe qu’ils affrontent, mais plutôt parce qu’ils ont la ferme intention de prouver qu’ils sont capables de réaliser de grandes choses, ce que nous n’avons pas encore vu après deux matchs.
Le jour et la nuit
Alors que l’attaque montréalaise tentera de se redresser, les unités spéciales tâcheront pour leur part de maintenir la cadence.
D’emblée, levons notre chapeau à Ray Rychleski, qui a opéré tout un revirement déjà au sein de cette unité. À sa première saison dans la LCF, le coordonnateur des unités spéciales a visiblement apporté les correctifs qui s’imposaient.
On parle souvent du succès des retourneurs de botté, mais la réalité c’est qu’ils sont tributaires des blocs devant eux. Et force est de constater que c’est le jour et la nuit si on compare avec le rendement de l’an dernier. Ce groupe est beaucoup plus constant et dangereux.
Auteur d’un touché sur un retour de botté lors du premier match de la campagne face aux Blue Bombers, Tyron Carrier sera selon toutes vraisemblances de retour à son poste vendredi après avoir raté la dernière rencontre des siens en raison d’une blessure.
À l’instar des unités spéciales, la défense des Alouettes, menée par Noel Thorpe, connaît elle aussi de bons moments en ce jeune début de saison. Elle a d’ailleurs tenu le fort face aux Bombers la semaine dernière en provoquant pas moins de cinq revirements.
Comme quoi il n’y a pas que du négatif au sein de cette équipe...
*Propos recueillis par Mikaël Filion