MONTRÉAL – Les Alouettes de Montréal ont donné un gros coup de barre en embauchant Patrick Boivin, à titre de président, et Kavis Reed, au poste de directeur général, pour replacer le navire dans la bonne direction.

Si on pouvait prévoir que le nom de Danny Maciocia allait accaparer une grande partie de la conférence de presse au sujet du nouveau DG, personne n’avait vu venir l’arrivée de Boivin au sein de l’organisation.

Être des champions de nouveau

Boivin a développé son expertise pendant près de 10 ans avec le Canadien de Montréal et il a ensuite œuvré en tant que directeur du Service des loisirs et des sports à l’Université Concordia.

Ces deux fonctions importantes dans son curriculum vitae lui ont permis de convaincre les Alouettes qu’il était l’homme tout désigné pour succéder à Mark Weightman, qui aurait choisi de quitter ses fonctions.

« On voulait quelqu’un du Québec qui avait travaillé dans des organisations d’ici. On cherchait aussi un candidat qui avait orchestré des périodes de changement. Il était le match parfait », a dit Andrew Wetenhall en vantant les revirements effectués avec le Canadien au début des années 2000 et récemment à Concordia.

Durant son allocution et lors de ses réponses aux questions, Boivin a été très discret sur ses intentions précises voulant se réserver encore un peu de temps pour analyser le contexte actuel avant de passer à l’action. Certes, Boivin a dû être plus volubile en entrevue pour obtenir le poste.

Par contre, Boivin a été plus clair sur ses intentions de rapprocher les Alouettes des équipes universitaires et collégiales du Québec. Ce thème a d’ailleurs été identifié comme une priorité pour les Alouettes alors qu’il s’agit d’une faiblesse depuis trop longtemps.

« Au Québec, on a la meilleure pépinière de football du Canada. C’est un non-sens que nos relations avec les universités et les cégeps ne soient pas plus développées », a relevé Boivin.

« Je pense que le Québec est le cœur du football au Canada et les Alouettes doivent être des leaders dans ce contexte », a confirmé Andrew Wetenhall dans la même veine.

Le processus expliqué par Andrew Wetenhall

« On peut être nettement plus actif dont en bâtissant des relations avec les entraîneurs et les joueurs. On n’a pas été assez agressif pour que les meilleurs joueurs du Québec viennent avec nous », déploré Wetenhall.

En ce qui concerne Reed, la nouvelle avait déjà été ébruitée. Ça n’empêche pas que les Alouettes ont choisi de miser sur un directeur général recrue. Malgré son expérience de 21 ans dans la LCF, Reed fait le saut dans les bureaux pour la première fois de sa carrière.

Ayant travaillé comme entraîneur adjoint et coordonnateur des unités spéciales la saison dernière, Reed se retrouvera dans un milieu familier pour relancer les Alouettes.

« Il faut que les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants soient placés dans une structure claire de direction, ça permet de savoir ce qui est nécessaire pour obtenir du succès et ça aide à accomplir son rôle », a présenté Reed comme objectif général.

Dès la fin du point de presse, Reed a assuré qu’il se mettra au boulot pour permettre aux Alouettes de renouer avec leurs succès d’antan.

« On pense qu’on n’est pas si loin des meilleures équipes de la LCF », a avancé Reed.

Une fois que le poste de DG lui a été confié, Reed a entamé son processus de sélection pour le rôle d’entraîneur. Ses recherches ont fini par conclure que Jacques Chapdelaine méritait sa première vraie occasion comme entraîneur-chef.

L’étiquette intérimaire a donc été retirée et Chapdelaine pourra poursuivre le travail de reconstruction durant lequel il a mené les Alouettes à un dossier de 4-2 en fin de saison 2016. 

« Je voudrais juste préciser que nous avons donné carte blanche à Kavis Reed pour choisir son entraîneur », a tenu à souligner, en français, Andrew Wetenhall.

« On demandait à chaque personne interviewée pour le poste de directeur général de dire qui serait son choix comme entraîneur. Quand c’était décrit comme un fait accompli que ce serait Jacques, le candidat était automatiquement exclu », a ajouté Wetenhall.

C’est donc dire que Chapdelaine a eu à s’armer de patience avant d’apprendre qu’il allait revenir à la barre des Alouettes. 

« À la fin de la saison, j’avais remis les clés de mon bureau, j’avais fait mes boîtes et vidé le bureau. Je vais essayer d’aller les rechercher bientôt chez ma sœur à Sherbrooke », a raconté l’homme de 55 ans en souriant. 

« Je comprenais qu’il y avait une situation dans laquelle je pourrais être remplacé, mais je continuais de faire mon travail pour voir ce que je pourrais faire avec les Alouettes », a expliqué Chapdelaine qui a pu présenter des idées intéressantes à Reed.

Comme Andrew et Bob Wetenhall l’ont déjà dit, ce sont eux qui prennent les décisions finales sur les grands enjeux. Ils n’ont pas cru bon s’opposer au retour de Chapdelaine, au contraire. 

« Pour être clair, on a le dernier mot sur les grandes décisions. On peut utiliser notre droit de veto quand on le croit nécessaire, mais on ne tient pas à le faire », a exprimé Andrew Wetenhall disant vouloir suivre les recommandations de ses nouveaux hommes de confiance.

Parmi les autres sujets d’importance, la construction ou la mise en place d’un centre d’entraînement demeure une priorité pour les Alouettes. Cependant, la solution ne semble pas imminente.

« C’est la réalité des Alouettes depuis des années et ça n’a jamais empêché l’équipe de gagner. Mais, ceci étant dit, ce n’est pas l’idéal. Le processus va continuer, mais ce n’est pas évident trouver sur l’île de Montréal ou à proximité », a reconnu Boivin qui devra se creuser la tête pour présenter des idées.

« Il n’y a pas de solution facile. Les options regardées seraient très dispendieuses pour l’organisation », a conclu Wetenhall qui aimerait sans doute recevoir l’aide financière de la municipalité qui les accueillera.