Il me semble qu’on se répète depuis quelques semaines. Vous pourriez allez lire mes cinq dernières chroniques sur les Alouettes et elles seraient encore pertinentes aujourd’hui. Ce sont les mêmes symptômes qui reviennent.

Ce qui saute aux yeux, c’est un manque d’exécution, un manque de talent et un coaching défaillant.

Le football, c’est un sport qui comporte trois facettes : la défense, l'attaque et les unités spéciales. Ça nécessite donc du football complémentaire et celui-ci est complètement inexistant chez les Alouettes cette saison, on est incapable de s’entraider.

L'attaque a de nouveau coulé les Alouettes

Le meilleur exemple que je puisse donner, c’est au troisième quart quand on a eu un petit soubresaut en marquant 11 points d’affilée. À ce moment-là, on ne tirait plus de l’arrière que par 15 points. Malgré une première demie désastreuse, il y avait seulement une différence de deux possessions. Tout avait commencé par l’échappé du retourneur des Argonauts Martese Jackson à la porte des buts. Les unités spéciales ont fait le boulot en récupérant ensuite le ballon et l’attaque les a remerciées avec un touché de Tyrell Sutton immédiatement après pour recoller à 26-11. Soudain, sur la séquence suivante des Argos, la défense accorde un touché de 85 verges au sol. Je n’ai jamais vu une équipe faire aussi peu preuve de football complémentaire.

Le plus gros problème des Moineaux, et c’est ça depuis le début de l’année, on n’est pas capable de se compléter. Quand la défense est bonne, l’attaque est mauvaise. Quand la défense est bonne, les unités spéciales sont mauvaises. On n’est pas capable de bien performer en même temps, d’où l’expression du football complémentaire, donc l’entraide. C’est grâce à cette complémentarité qu’on gagne du rythme, c’est comme ça qu’on gagne.

Le football complémentaire, ça se trouve aussi à l’intérieur de chaque facette. J’ai rarement vu un tel festival de la chaise musicale au niveau des erreurs en attaque. Quand ce n’est pas le quart-arrière qui fait une mauvaise passe, c’est la ligne qui ne donne pas la protection. Quand il y a de la protection et que le quart fait une bonne passe, c’est le receveur qui cafouille. C’est incroyable.

Je me souviens quand je jouais au football amateur et même professionnel, on entendais toujours ce cliché qui dit qu’il faut jouer pendant 60 minutes. Qui n’a pas déjà entendu ça? Cela dit, il y a également des moments où il faut être bon quand ça compte, c’est du football de situation. Ce sont des moments qui peuvent faire la différence. Encore là, c’est désastreux depuis le début de la campagne mais surtout depuis le début de la séquence de six défaites.

Alouettes 19 - Argonauts 33

À Toronto, l’attaque ne faisait rien pendant un certain temps. On a limité les Argos à quatre bottés de précision, on tenait le fort. Soudainement l’attaque se met en marche et la défense des Als s’effondre puis concède un gros touché. Voilà un autre exemple de football complémentaire qui fait défaut. C’est ça qui nous laisse toujours perplexes.

Il faut être bon quand ça compte. On n’est jamais bon en début de match, surtout en attaque, et c’est assez crucial. Ça fait six matchs de suite qu’on ne marque même pas un petit point au premier quart. Ça fait deux matchs de suite qu’on s’effondre en fin de première demie. Ça fait deux matchs qu’on encaisse de gros touchés (contre Ottawa sur un botté raté de Boris Bede qui a été retourné par Diontae Spencer qui portait la marque à 19-3, puis contre Toronto sur l’interception d’Alden Darby de 74 verges retournée pour un touché qui faisait 19-0 et une autre interception qui a mené éventuellement à un touché de S.J. Green qui faisait 26-0). C’est important aussi au début du troisième quart et en toute fin de rencontre. Être bon dans les moments cruciaux, c’est ce qui distingue les bonnes équipes et les Moineaux n’en font pas partie.  

Ce n’est pas non plus la première fois qu’on en parle, mais les joueurs vedettes doivent être les joueurs vedettes. Quand je regarde Ricky Ray, il a été nettement meilleur que Darian Durant. S.J. Green a été supérieur à Ernest Jackson. James Wilder a été supérieur à Tyrell Sutton. Dans ce dernier cas cependant, il faut dire que Sutton a été le seul bon joueur des siens sur le terrain en attaque, je ne veux donc rien lui enlever. Le seul problème avec Sutton, et c’est comme ça depuis six rencontres, c’est que les Alouettes font du football de rattrapage donc il ne peut pas faire la différence comme il le pourrait. À un moment donné, c’est beau courir en deuxième demie, mais quand l’adversaire gagne 26-0 à mi-temps, ça se peut qu’il te concède le jeu au sol un peu plus pour ne pas se faire avoir par de grosses passes. Et à 26-0, il commence à se faire tard. Les Moineaux auront beau tenter de trouver du positif en regardant les statistiques qui en bout de ligne ne les ont pas désavantagés tant que ça, mais ces statistiques, c'est un peu comme des calories vides si on ne convertit pas nos chances de marquer.

Durant n’a lancé aucune passe de touché contre trois interceptions samedi. Ernest Jackson a pour sa part été visé six fois sans réussir d’attrapé. Ce n’est pas normal. Il y avait des passes croches, vrai, mais aussi des passes qu’il aurait dû capter.

Reed a cessé de penser aux éliminatoires

Nos gros canons ne font pas le travail, et c’est pire que jamais. Ça devient drôlement démoralisant.

Durant, avec ses 14 interceptions, est le pire dans la Ligue canadienne. Jackson, l’an passé, avait été élu joueur par excellence dans l’Est. Il n’a pas échappé une seule passe chez le Rouge et Noir. On se souviendra d’ailleurs de son touché miraculeux en prolongation à la Coupe Grey pour la victoire. Voilà qu’il arrive à Montréal et c’est le festival des échappés.

Le changement d’entraîneur n’a eu aucun effet. La prochaine étape, c’est de trouver une autre façon d’envoyer un message aux joueurs, sinon ça pourrait vouloir dire qu’on est prêt à accepter la médiocrité. On pourrait donner la chance à d’autres, je pense qu’on est rendu là.

Le directeur général récemment devenu entraîneur-chef Kavis Reed a amené Jackson et Durant, à gros prix, et ça vient avec de grandes responsabilités. Ce serait admettre qu’il a eu tort, mais ils ne jouent pas bien tout simplement. Pendant combien de temps accepterons-nous cela? Quel message ça envoie au reste de l’équipe si les joueurs en défaut demeurent en poste? Ça peut avoir un effet négatif sur les autres joueurs qui se disent qu’ils ne sont pas en danger même s’ils ne jouent pas très bien. Il faut un deuxième électrochoc pour essayer de réveiller tout le monde.

Pensons à Durant plus précisément, ça fait plusieurs matchs qu’il ne joue pas bien même si on avait plus de temps pour se préparer et qu’on a amené un conseiller en attaque qui le connaît bien en Ken Miller, qui l’a entraîné en Saskatchewan. On a tout fait pour le relancer, mais ça ne fonctionne pas. J’aurais tendance à dire que c’est le temps de procéder à un changement, mais il y a un problème : est-ce rendre service à Drew Willy que de l’envoyer dans la mêlée contre les Stampeders de Calgary, contre la meilleure défense du circuit, sur la route, après une semaine courte? Je blague, mais j’aurais quasiment le goût qu’on garde Durant sur le terrain, ce serait sa punition.

En passant, les Stamps affichent six victoires et aucune défaite à domicile. Ils les ont engrangées par un ratio de 219 à 88, ce qui donne un avantage de 131 points. Ça veut donc dire qu’ils gagnent par un écart moyen de 22 points à la maison. Ils comptent sur la défense no 1 du circuit, qui n’alloue que 16 points par match, en plus d’avoir provoqué 33 revirements, 38 sacs et 97 pressions sur le quart.

J’ai hâte de voir comment ils vont gérer ça. Ce n’est pas normal que semaine après semaine, ce sont nos supposés leaders et vétérans qui ne font pas le travail. Il va falloir que Reed prenne des décisions. Ça ne peut pas continuer ainsi.

*Propos recueillis par Audrey Roy