MONTRÉAL – Depuis quatre saisons, les Alouettes de Montréal peinent à sortir la tête de l’eau, mais ils espèrent prouver que le camp d’entraînement, qui s’est amorcé lundi, permettra de renverser la vapeur en jouant du football plus épuré.

Afin de renouer avec le succès sur le terrain, la pente à grimper pour le club montréalais s’avère nettement plus imposante que la colline où il dispute ses parties. Considérant que l’organisation ne peut pas encore s’appuyer sur les épaules d’un quart-arrière établi parmi l’élite du circuit canadien, les dirigeants ont choisi de modifier leur approche.

C’est d’ailleurs la raison qui a incité Luc Brodeur-Jourdain à pouvoir identifier du positif même s’il s’agissait de la première séance d’entraînement de sa troupe.

« Dès la première réunion avec Khari Jones (le coordonnateur offensif), il a expliqué que son approche serait de jouer un football un peu plus simple, plus épuré. Ça m’a fait ressentir un sentiment de sécurité dans le sens qu’on a un groupe de jeunes quarts. Dans une telle situation,  quand tu te retrouves avec une pression trop forte, que tu vises la perfection tout le temps alors que la corde est courte, tu vas opter pour une mauvaise décision plus souvent qu’autrement », a reconnu le vétéran joueur de ligne offensive.

Toujours en poste, le directeur général Kavis Reed a abondé dans le même sens lorsqu’il a eu à expliquer ce qu’il souhaitait voir des quarts qui sont à la disposition de son entraîneur-chef, Mike Sherman.

« Ne pas avoir le syndrome du héros, de simplement aller sur le terrain en prenant les bonnes décisions et en protégeant le ballon. Ils doivent aussi se sentir en confiance sur le terrain », a plaidé Reed.

« Nos quarts ne doivent pas avoir le syndrome du héros »

Pour le moment, c’est Antonio Pipkin qui a débuté ce camp avec une longueur d’avance sur ses partenaires. En six parties la saison dernière, Pipkin a manqué de constance, mais il a aussi exposé des arguments expliquant ce statut devant Matt Shiltz, Vernon Adams fils et Jeff Mathews.

« Je veux qu’Antonio joue à l’intérieur de ses limites. Ne pas vouloir réussir le gros jeu chaque fois tout en gardant un esprit agressif quand l’occasion est présente. On peut miser sur un excellent porteur de ballon. Il peut lui refiler le ballon et le laisser décamper sur 10 verges », a noté Sherman qui souhaite maximiser les ressources de William Stanback.

Bref, un discours qui ressemble au souhait exprimé par notre collègue Pierre Vercheval dans sa plus récente chronique qui voudrait revoir une adaptation d’une attaque de Tracy Ham et Mike Pringle.

L’autre élément à ne pas outrepasser dans cette philosophie, c’est que ça facilite la vie de la ligne offensive qui a connu une laborieuse campagne 2018. Une fois de plus, le visage de cette unité sera modifié. Lors du premier entraînement, la composition se lisait ainsi de gauche à droite : Tony Washington, Kristian Matte, Spencer Wilson, Trey Rutherford et Tyler Johnstone. C’est donc dire que c’est le côté droit de la ligne offensive, celui qui sera très inexpérimenté, qui devrait bénéficier de cette idéologie.

La résiliation tardive du contrat du vétéran Ernest Jackson ouvre aussi la porte à plus de vitesse et dynamisme.

« On voulait entamer le camp d’entraînement en étant persuadés qu’on disposait d’un joueur assez talentueux pour remplacer Ernest. On parle d’un vétéran, on a donc opté pour cette décision puisqu’on considère que des joueurs pourront lutter pour ce poste », a commenté Reed.

Le nuage de la vente et le départ de Manziel

Sans être le plus imposant, le stade Percival-Molson n’est pas petit. On pouvait tout de même y sentir un « éléphant » qui se promenait quelque part sur le terrain. Il aurait été impossible de ne pas aborder le dossier de la vente de l’équipe qui flotte en haut de la tête des joueurs et des dirigeants. 

« Nos quarts ont connu une bonne journée »

« On a eu une conversation dimanche pour rappeler aux joueurs de se concentrer sur ce qu’ils peuvent contrôler. Ça se décide bien en haut de nos têtes. Des équipes sont vendues tous les jours dans le monde sportif professionnel », a reconnu Reed. 

De plus, le début du camp d’entraînement a permis d’obtenir l’avis de Sherman quant au départ controversé de Johnny Manziel puisque son contrat a été invalidé par la Ligue canadienne de football.

Rappelons que Sherman avait une relation étroite avec Manziel depuis le passage de ce dernier au niveau universitaire. L’entraîneur des Alouettes avait cru que l’arrivée de Manziel à Montréal allait relancer la troupe.

« Je lui souhaite que du bien, je suis certain qu’il aura une occasion de se faire valoir avec la XFL. Ce serait intelligent de jeter un coup d’œil sur son potentiel. C’est un bon jeune », a d’abord lancé Sherman.

Quand on l’a relancé pour savoir ce qui avait poussé Manziel à vouloir quitter la LCF, Sherman n’a pas trop voulu s’étendre, mais il n’a pas contredit le tout. 

« Il se sentait peut-être un peu home sick. Il voulait sans doute retourner au Texas, je ne sais pas… », a-t-il ajouté.

En terminant, les Alouettes ont mis sous contrat le joueur de ligne défensive national Nathan Anderson, repêché il y a quelques semaines. 

Reed a maintenu que le receveur Kaion Julien-Grant, récemment repêché mais pas encore sous contrat, sera en ville sous peu. L'entente serait sur le point d’être finalisée.

Le vénérable John Bowman était également absent. C’est uniquement que les joueurs impliqués dans les négociations de la convention collective ont hérité de quelques journées de répit. Sherman s’est assuré de taquiner en Bowman (36 ans) qu’il en profitait au maximum à son âge.