MONTRÉAL – Danny Maciocia et les Alouettes de Montréal ont continué à faire le plein de joueurs locaux notamment via le repêchage de la Ligue canadienne de football qui s’est déroulé mardi soir. Ironiquement, le directeur général a eu à expliquer l’attention dirigée vers les athlètes québécois. 

Maciocia n’a pas voulu embarquer dans un tel débat justifiant ses sélections avec des arguments. 

« Hier (mardi) et l’an passé, on a sélectionné de très bons joueurs qui sont en mesure de s’exprimer en français, mais pas l’inverse », a-t-il insisté. 

« Je continue de dire que je n’arrive pas à comprendre que des joueurs comme Sean Thomas-Erlington ou Kerfalla Exumé aient eu besoin de quitter leur ville natale alors qu’ils voulaient rester ici. Ça m’est arrivé aussi, j’ai dû aller m’établir dans l’Ouest. À talent égal, on va tout faire pour garder les effectifs ici. Si le noyau de joueurs du Québec est si bon, pourquoi ne devrait-on pas les garder? », a ajouté Maciocia. 

Dans la réalité de la LCF, c’est encore plus pertinent comme constat. Ces athlètes ne s’exilent pas pour encaisser des millions. Il existe donc un avantage considérable à jouer dans son coin de pays au lieu de quitter ses proches pendant plusieurs mois.  

« Chaque fois qu’un joueur d’ici enfile cet uniforme, un sentiment de fierté jaillit. Gary Stern (le propriétaire), Mario (Cecchini, le président) et moi avons toujours dit qu’on voulait ramener cette fierté. Quelle meilleure façon y a-t-il que de garder nos joueurs ici, à la maison, sachant qu’ils sont très bons? », a rappelé Maciocia. 

Bien sûr, les Alouettes savent qu’une grande représentativité québécoise attirera des partisans dans les gradins (quand la COVID-19 le permettra).  

« Ce qui va aider à vendre des billets, c’est de gagner des matchs. Mais imaginez les assistances si on peut gagner avec quelques joueurs locaux? Si on peut miser sur des joueurs d’ici, ça va inspirer bien des jeunes à pratiquer ce sport », a répondu Maciocia qui veut que son organisation soit liée de près à la communauté. 

Une fois de plus, Maciocia a utilisé son exemple de manière pertinente. 

« Quand je me lève le matin, j’ai un travail à faire, mais je suis passionné de représenter cette organisation. C’est plus qu’un travail et j’espère que c’est la même chose pour un jeune d’ici qui se fait repêcher par l’équipe du Québec. »

D’ailleurs, Maciocia n’invente rien, les Alouettes ont connu de très belles années quand les joueurs québécois affluaient dans le groupe. Il a hâte de démontrer que ce plan est pertinent. 

« Je ne crois pas que je doive justifier nos sélections. C’est vraiment bizarre. [...] Un moment donné, on va savoir si cette recette fonctionne, si on peut avoir du succès avec cette philosophie. On ne m’a pas imposé ce plan », a exposé le directeur général. 

Ce renfort local devra cependant se démarquer pour demeurer avec le club. Rappelons que la LCF devrait relancer ses activités à la fin de l’été en intégrant la cuvée des repêchages 2020 et 2021. Bref, la compétition sera encore plus féroce qu’auparavant. 

« Oui, on a ajouté du talent local et c’est excitant pour bien des gens, mais on sait aussi qu’on devra retrancher certains de ces joueurs au camp d’entraînement ou après celui-ci parce qu’on devra simplement respecter les chiffres. Ça fait partie de la réalité. On aura des décisions difficiles à prendre », a tenu à nuancer le dirigeant. 

Et pour ceux qui trouvent que Maciocia a pigé trop souvent chez les Carabins, son ancienne équipe, sa réplique était prête. 

« Jimmy Johnson a bâti les Cowboys de Dallas avec des joueurs de l’Université de Miami (où il a été l’entraîneur) et avec des joueurs qu’il avait tenté de recruter. »

Parlant d’entraîneurs, Maciocia a lui-même dirigé la discussion de ce côté. 

« C’est la même chose pour les entraîneurs, on pense à Mickey Donovan, André Bolduc et Luc Brodeur-Jourdain. Pourquoi aurait-on besoin d’engager des entraîneurs de l’Ouest du pays ou des États-Unis, quand on a de bons entraîneurs ici? », a-t-il demandé. 

Maciocia a refusé de blâmer l’ancienne garde des Alouettes qui s’était éloignée de cette vision. Par contre, il admet que les autres équipes de la LCF s’intéressaient davantage à ce qui se passait chez les Carabins. 

Quand on a cru que le tour du sujet avait été complété, c’est Maciocia lui-même qui a profité de l’occasion pour ajouter une précision. Il venait de se faire questionner sur Khari Jones et Vernon Adams fils, les deux visages du club, qui prononcent quelques mots de français.  

« Parfois, je taquine Vernon parce que ça ne dure que quelques secondes en français. Mais la réalité, on est au Québec et ce serait bien qu’ils apprennent quelques mots et quelques phrases. Quand j’étais entraîneur en Italie en 1998-1999, c’était très important de communiquer dans leur langue », a reconnu Maciocia. 

Lestage à Montréal dans trois ans?

L’an dernier, Maciocia avait osé miser sa première sélection sur Marc-Antoine Dequoy qui visait la NFL avec les Packers de Green Bay. Cette année, il a reproduit le tout en repêchant Pier-Olivier Lestage qui essaiera de demeurer avec les Seahawks de Seattle. 

« Pour nous, ça valait la peine de prendre ce risque. Je pense fortement qu’il sera à Seattle dans les prochaines années. Je ne peux pas dire si ce sera plus que deux ou trois ans. S’il se pointe ici éventuellement, il pourra jouer 10 à 12 ans en ayant un énorme impact », a justifié Maciocia.  

« Ça ressemble beaucoup à (Carter) O’Donnell (choix de 3e ronde en 2020). Imaginez si on pouvait miser sur lui et Lestage dans deux ou trois ans sur la ligne offensive, ce serait très intéressant pour notre organisation », a rappelé Maciocia alors qu’O’Donnell tente de briller avec les Colts d’Indianapolis. 

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que les Alouettes ont fini de payer pour l’horrible transaction de Johnny Manziel. En 2022, l’équipe pourra, de nouveau, bénéficier d’un choix de première ronde. C’est là que ça deviendra véritablement l’équipe avec l’empreinte de Maciocia. 

Un mot sur les autres sélections

Chris Fournier, 3e ronde, 27e rang, ligne offensive, Lehigh University 
« Je crois qu’il va surprendre plusieurs personnes. Il a été bloqueur à gauche, mais aussi centre à 18 ans et il a tenu le coup contre deux gars qui sont désormais dans la NFL.»

Patrick Davis, 4e ronde, 28e rang, ligne offensive, Syracuse
« Tous les programmes ont tenté de le recruter, mais il a choisi d’aller aux États-Unis. Il a joué comme garde et bloqueur. Il a eu des blessures, mais il est complètement rétabli. Il est très excité de venir nous aider à partir de 2022.»  

David Côté, 5e ronde, 45e rang, botteur, Université Laval
« Je l’aime vraiment beaucoup, il a réussi 83% de ses placements. Il a eu une très belle carrière universitaire, il va tenter sa chance en 2021 avec nous, mais il peut retourner à Laval pour une dernière année. »

Ethan Makonzo, 6e ronde, 46e rang, maraudeur/secondeur, Université de Montréal  
« Il sera toujours intense physiquement et il peut courir pendant des jours. Il devrait aussi être en mesure de contribuer sur les unités spéciales. »

Deux sélections effectuées après le repêchage 

Mathieu Robitaille, receveur, Université Laval 
« C’est un receveur qui peut inquiéter une unité défensive. »
 
Kean Harelimana, secondeur, Université Laval.
 
« Son intelligence de football est très élevée, impressionnant à ce chapitre et il a réussi de gros jeux dont dans des matchs importants. »