MONTRÉAL - « Parfois, perdre une bataille permet de trouver une nouvelle façon de gagner la guerre ». En ce jour du Souvenir, c’est avec ces mots que Tom Higgins, l’entraîneur des Alouettes, a voulu donner le ton à l’importante semaine qui se dresse devant sa troupe.

L’entraîneur d’expérience a remis à tous ses joueurs le même message écrit de sa main mardi alors que la formation montréalaise entamait ses préparatifs en vue de la demi-finale de l’Est de dimanche face aux Lions de la Colombie-Britannique au Stade Percival-Molson (dès 12h30 à RDS).

Reconnu pour bien saisir l’état d’esprit de son équipe, Higgins a sans doute senti que cette note servirait à produire la motivation nécessaire pour contrer le détour qui s’est ajouté dans la route éliminatoire des Alouettes en raison de leur revers face aux Tiger-Cats de Hamilton en conclusion de la saison régulière.

Le pilote de l’imposant contingent et tous les joueurs ont déclaré à l’unisson qu’ils gardaient confiance en leurs moyens même si les Alouettes présentent un dossier cumulatif de 4-4 en demi-finale de l’Est depuis leur renaissance en 1996 et qu’ils n’ont jamais remporté la coupe Grey en passant par cet exigeant chemin.

« Si on s’acquitte de notre tâche dimanche, on pourra retourner à Hamilton pour se reprendre. Nous avons appris plusieurs choses et tiré de nombreuses leçons de cette défaite. On a notamment expérimenté les conditions du vent et une atmosphère éliminatoire... On sera prêt pour cela, mais on ne doit pas regarder trop loin », a déclaré Higgins qui s’est assuré de garder un ton léger dans son point de presse pour ne pas ajouter de pression sur ses hommes.

« L’état d’esprit demeure très bon au sein de l’équipe. Après tout, on dispute quand même ce match éliminatoire à domicile. On s’attend à un fort match de notre part devant nos partisans et on veut apprendre de nos erreurs », a mentionné le quart-arrière Jonathan Crompton sur un ton repentant à propos de sa plus récente sortie.

Crompton représentera l’un des éléments à surveiller dans cette partie. À la suite d’une autre performance de l’attaque montréalaise en deçà des attentes, le rendement du jeune quart pourrait en inquiéter plusieurs à l’aube de son baptême éliminatoire dans la LCF.

« Il a déjà des nerfs d’acier et même s’il a un tempérament très excité, il est conscient de ce qui se passe autour de lui et il ne s’impose pas de poids inutile sur les épaules. On doit continuer à croire qu’on peut produire offensivement et je ne suis surtout pas inquiet pour la défense et les unités spéciales. C’est plus en attaque qu’il faut améliorer notre production », a jugé le vétéran centre Luc Brodeur-Jourdain.

Ne pas céder à la panique en attaque

Blessé lors du dernier match, le demi-offensif Tyrell Sutton a assuré qu’il serait à son poste dimanche. Mais Sutton en a surtout intrigué plusieurs quand il a mentionné que l’unité offensive se laisse parfois affecter par une dose de panique. Tyrell Sutton et Jonathan Crompton

« On ne peut pas paniquer, parfois on sort de notre zone de confort et ça mène à des matchs moins réussis de notre part. Les conditions n’étaient pas idéales à Hamilton, mais il faut procéder aux ajustements nécessaires à la demie pour gagner », a déclaré Sutton qui n'a pas affronté les Lions cette saison tout comme Crompton (ensemble sur la photo).

Invité à élaborer sur cette déclaration, le porteur de ballon robuste a répondu ainsi : « L’attaque n’a pas été le point fort de cette équipe (cette saison). Quand un élément ne fonctionne pas, on ne doit pas paniquer et on a parfois tendance à se dire : "Et voilà, ça se produit encore une fois..." Il faut plutôt relaxer et se concentrer à jouer notre match. »

Crompton était le premier à se sentir visé par les performances timides de l’attaque.

« Offensivement, et je parle surtout moi, je devrai faire un meilleur travail. Je dois mieux effectuer mes lectures et mieux exécuter le plan de match. Heureusement, ce match difficile est survenu durant la saison régulière et non en éliminatoires », a-t-il convenu.

Trois jours plus tard, Higgins a préféré en rire, mais il a admis que son équipe aurait dû recourir à la course plus souvent que les cinq minuscules remises à Sutton. Ironiquement, c'est le quart réserviste Tanner Marsh qui a mené l’équipe au chapitre des verges par la course avec 10.

« Merci de me rappeler combien de fois nous avons couru avec le ballon », a lancé Higgins en comprenant le côté incongru de la chose.

La stratégie était encore plus étrange puisque les Alouettes venaient de s’imposer face aux Argonauts de Toronto la semaine précédente grâce à la défense et aux 23 portées pour 135 verges de Sutton.

Tyrell Sutton« Oui, on peut l’être (une équipe axée sur la course), mais il faut que les jeux soient sélectionnés. Nous allons pousser vers l’avant et nous n’avons pas le choix sinon notre saison sera terminée », a affirmé Sutton (photo) avec conviction.

Cependant, l’entraîneur a réfuté la théorie selon laquelle des soupçons de panique venait brimer le travail offensif.

« Je ne sens pas vraiment cela. C’est simplement que les vieilles sont habitudes sont difficiles à défaire et il faut se rappeler que notre équipe de 1-7 n’existe plus. Beaucoup de joueurs ont de l’expérience en éliminatoires et je ne crois pas qu’on sentira de la panique au sein de l’équipe », a souligné l’entraîneur.

Trois défaites éliminatoires consécutives

Depuis leur retour à Montréal en 1996, les Alouettes n’ont atteint la finale de la Coupe Grey qu’à une seule reprise en passant par le trajet de la demi-finale de l’Est et ils s’étaient inclinés face à Edmonton en 2005.

Le défi s’annonce donc redoutable, mais les Alouettes sont motivés à venger leurs défaites encaissées à leurs trois dernières tentatives éliminatoires en 2011, 2012 et 2013.

« C’est comme une énergie qui reste en nous, une amertume. Chaque année, tu veux conclure avec une victoire. C’est pourquoi on se bat pendant toute la saison et qu’on met un peu nos proches et notre compagne de côté. On fait énormément de sacrifices pour vivre notre passion et ce sont les gens autour qui écopent. La victoire, c’est une façon de redonner à eux donc ça dépasse le football », a précisé Brodeur-Jourdain traduisant toute sa motivation.

En plus vouloir freiner cette séquence négative, les Alouettes se disent inspirés par le fait qu’ils ont surmonté une tonne d’adversité en 2014 et que ce facteur deviendra bénéfique.

« Rien n’a été facile pour notre équipe cette saison alors je peux vous dire que ça ne nous dérange pas d’avoir un match de plus à franchir. C’est la première fois que je vis une telle saison et je m’attends donc à ce que nous ayons une performance inspirée en fin de semaine », a martelé Marc-Olivier Brouillette(photo). Marc-Olivier Brouillette

Un petit bilan médical

Si Sutton a confirmé qu’il serait en mesure d’affronter les Lions, il devrait s’accorder une journée de repos supplémentaire mercredi.

Quant à Geoff Tisdale, il devrait renouer avec l’entraînement ce qui laisse croire qu’il pourra reprendre son poste.

En ce qui concerne Alan-Michael Cash, il a révélé à quel point c’était frustrant de se blesser durant le réchauffement et qu’il allait utiliser cette déception contre le front offensif des Lions.

Finalement, on ignore si les Lions confieront le ballon à Travis Lulay qui est remis d’une blessure, mais les joueurs des Alouettes sont convaincus qu’ils peuvent l’emporter face à lui ou Kevin Glenn même si leur expérience sera à redouter.

Cette saison, les Alouettes ont été malmenés 41-5 à Vancouver, mais ils ont dominé les Lions 24-9 à Montréal. D’ailleurs, les Oiseaux n’ont pas subi la défaite à domicile contre la Colombie-Britannique depuis 2010 et ils présentent un dossier éliminatoire de 11-3 devant leurs partisans. De plus, ils ont gagné leurs deux duels éliminatoires à Montréal contre eux en 1997 et en 2009.

En raison des risques reliés au report d’un événement au Stade olympique à la suite d’une chute de neige, les Alouettes en seront à un premier match éliminatoire sur le terrain de l’Université McGill depuis le 19 novembre 2000 et l’ambiance s’annonce « chaleureuse » grâce aux spectateurs.

* En ce jour du Souvenir, les termes batailles et guerres employés en parlant de football sont utilisés avec respect pour les anciens combattants.