Afin de prolonger leurs récents succès, les Alouettes doivent souhaiter un copier-coller de la performance réalisée il y a deux semaines, au domicile des Lions de la Colombie-Britannique, leurs adversaires de jeudi.

Si on a trouvé une formule pour finalement vaincre les Lions au BC Place, forcément, il ne faut pas l’abandonner mais plutôt la dupliquer au Stade Percival-Molson. J’aime bien l’expression empruntée de l’anglais « ne rien réparer lorsque ce n’est pas brisé », et je pense qu’elle convient bien à la situation.

Lors des deux derniers matchs, on a laissé une place prépondérante au jeu au sol, et jusqu’à preuve du contraire, aucune solution n’a été trouvée afin de le contrer. Cela permet à la fois de protéger le quart-arrière et de garder la défense rivale sur un pied d’alerte, et c’est ainsi que les Als peuvent obtenir du succès.

Vrai que la préparation en vue de ce match est quelque peu changée par la présence de Tanner Marsh comme quart partant en remplacement de Rakeem Cato, qui n’est toujours pas de retour dans l’entourage de l’équipe après avoir quitté vers la Floride pour des raisons personnelles.

Chacun a des aptitudes qui lui sont propres, donc il y a une certaine part de changement. Marsh est assurément un quart qui affectionne de courir avec le ballon. Il est plus gros et plus physiquement imposant que Cato. En ce sens, les risques de blessures sont moins grands, et cela fait en sorte que c’est moins dangereux de le voir prendre ses jambes à son cou.

Ils n’apportent pas non plus le même genre d’énergie ou de bagage, mais les joueurs ont débuté cet ajustement tout au long de la semaine, alors que Marsh s’entraînait avec les partants. Il y a aussi le fait qu’il a disputé une dizaine de jeux face aux Lions lors de l’avant-dernier match, et près de trois quarts lors du dernier à Hamilton. Et comment a réagi l’attaque? Pas de baisse de régime notable.

On sentait un Tanner Marsh beaucoup plus mature qu’à ses débuts dans l’organisation en 2013. Je l’ai senti beaucoup plus calme et méthodique. Sa mentalité n’est plus celle d’un quart trop audacieux dans ses tentatives de passe. Il sera bien intéressant de voir quel boulot il est en mesure d’accomplir lors d’un match complet.

Excès de confiance? Peu probable…

Si on regarde l’envers de la médaille, il y a toujours une certaine part de danger à obtenir beaucoup de succès. L’adversité et le succès peuvent s’avérer tout aussi complexes à gérer, même s’il s’agit de deux combats différents. Compte tenu du début de calendrier inférieur aux attentes, on ne peut parler à mon avis d’un groupe qui prêchera par excès de confiance. C’est un danger qui les guette, mais qui à ce point-ci ne donne pas lieu de s'inquiéter. L’appétit est encore bien présent après les moments éprouvants du début d’année.

Jim PoppJim Popp a la responsabilité de ramener ses troupes sur terre en leur rappelant qu’au classement des équipes, le portrait est encore loin d’être idéal. Même après deux victoires de suite, les Alouettes demeurent derniers au tableau dans l’Est…

 Sans chercher ce qui pourrait être potentiellement négtaitf chez les Alouettes, force est d’admettre qu’avant un long congé comme celui qui se pointe à l’horizon des Montréalais, les distractions viennent souvent déjouer les plans des entraîneurs.

J’ai évolué dans le football professionnel assez longtemps pour savoir que les gars ont pour la plupart acheté des billets d’avion. Ils parviennent difficilement à contenir leur hâte de retrouver les membres de famille. On sait à quel point une saison de football est remplie d’embûches, alors tu ne veux pas gaspiller ces semaines de repos et, au contraire, optimiser ton temps.

Un peu comme l’excès de confiance durant une séquence heureuse, c’est au personnel d’entraîneurs de s’assurer que les joueurs ne décrochent pas. Les vétérans ont aussi une part de responsabilités. Cette situation-là, ils l’ont vécue à maintes reprises. Ils doivent rappeler à leurs coéquipiers plus jeunes qu’on doit focaliser sur les 60 minutes de football avant de songer à autre chose.

Finalement, le message à véhiculer est le suivant : les vacances sont bien plus agréables lorsqu’elles commencent sur une note victorieuse. Je ne connais pas la façon de Popp de gérer tout ça, mais j’ai le souvenir de certains clubs qui convoquaient tout leur monde à une réunion d’équipe au lendemain de ce match. On réduit ainsi les chances que les joueurs aient la tête ailleurs parce qu’ils ont un vol à prendre tout de suite après la rencontre.

Les Lions auront soif de vengeance

De l’autre côté du spectre, les Lions viennent de bénéficier de leur congé de deux semaines. Le souvenir le plus frais dans leur mémoire est la défaite de 23-13 encaissée aux mains des Alouettes à domicile. Ils ont pu réviser le cahier de jeux et élaborer des stratagèmes dans le but de retrouver le sentier de la victoire.

« Marsh a pris de la maturité »

On n’a qu’à écouter les propos tenus par le receveur Emmanuel Arcenaux à la fin du dernier affrontement pour constater que les Lions en ont conservé un goût amer. Celui-ci avait carrément dit que les Als ne formaient pas une bonne équipe, qu’ils ne les respectaient pas. La vérité est toutefois que les Lions forment une équipe qui cherche son identité, et nettement moins talentueuse que les Alouettes. Le nouvel instructeur Jeff Tedford n’a pas encore déniché la formule gagnante.

Bref, en principe, si les deux formations performent à leur plein potentiel, les Montréalais s’en tireront avec la victoire jeudi.