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RÉSULTATS

Est-ce réaliste d'intégrer Lestage parmi les partants des Alouettes si vite?

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MONTRÉAL – Afin de revigorer sa ligne offensive, il n'est pas impossible que Pier-Olivier Lestage soit utilisé comme partant dès sa deuxième semaine avec les Alouettes de Montréal. Est-ce réaliste?

En regardant ce qui se passe sur le terrain à l'entraînement ces jours-ci, ce scénario semble possible. Lestage multiplie les répétitions et il obtient une audition autant comme garde à gauche et à droite. 

Mais, en bavardant avec Luc Brodeur-Jourdain, l'entraîneur de la ligne offensive, on déduit que ce serait un peu précipité comme plan. 

« Comme partant, je trouverais ça rapide par rapport à ses connaissances du personnel, des entraîneurs et de son expérience de la LCF. Par contre, d'y aller avec parcimonie en lui donnant quelques séquences pour lui donner de l'expérience du terrain, je me sentirais assez bien avec ça selon le déroulement du match », a exposé Brodeur-Jourdain.  

« Si on l'emploie comme partant, les choses vont très vite et, comme entraîneur, tu dois accepter de vivre avec des erreurs », a-t-il noté. 

Cela dit, l'ancien centre des Alouettes paraît déjà rassuré par rapport au potentiel de son nouveau protégé.  

« Son approche est professionnelle, son éthique est professionnelle, ses techniques sont professionnelles et son intensité est professionnelle. Donc je ne suis pas inquiet », a décrit LBJ. 

Le principal intéressé sonne confiant de pouvoir relever une telle mission. 

« Je me sens prêt. Ça n'a pas été très compliqué d'assimiler le cahier de jeux. On verra ce qui se passera cette semaine », a mentionné Lestage qui devait retrouver ses repères au football canadien après son année avec les Seahawks de Seattle.

Lestage ne croit pas qu'il s'agit d'un plan en accéléré. 

« Je me préparais pour ça. Peut-être pas la semaine dernière, mais j'ai vu ensuite que c'était correct pour le cahier de jeux. Étant donné qu'on joue deux fois de suite contre Winnipeg, ça tombe bien dans le sens que je peux me préparer avec ce qu'on vient de voir. Je crois que ce serait bien d'avoir mon premier match contre eux », a-t-il argué. 

À 25 ans, Lestage attend depuis longtemps pour jouer sur une base régulière au niveau professionnel. Il ne pourrait donc guère être mal à l'aise de ravir le poste de partant à un coéquipier. 

« Selon moi, ça ferait suer le joueur impliqué, mais tout le monde comprend que c'est une business. Je ne peux pas me sentir mal peu importe ce qui se passe, je suis ici pour travailler », a indiqué l'athlète de six pieds trois pouces et 310 livres. 

En manque de « chien »?

La candidature de Lestage gagne en pertinence puisqu'on reproche à la ligne offensive des Alouettes de manquer de « chien ». L'ancien des Carabins a justement bâti sa réputation autour de cette force dans son jeu. 

« P-O, je l'ai recruté et il a joué pour moi pendant trois ans. Il a un côté méchant sur le terrain. Tout le monde saura qu'il est sur le terrain. C'est ce genre d'attitude et de combativité dont on a besoin sur le terrain. C'est notre avenir et il peut être le présent également », a cerné Danny Maciocia, le directeur général et entraîneur-chef par intérim. 

« Je m'attends à beaucoup plus de notre ligne offensive. J'en ai parlé en réunion et individuellement. J'espère que le message a été assez clair », a-t-il poursuivi. 

Brodeur-Jourdain n'a jamais été reconnu comme un joueur salaud, il se démarquait davantage par sa ténacité et son ardeur au jeu jusqu'à la fin de chaque séquence. Il souhaite voir ses troupiers s'imposer physiquement.  

« Il faut avoir cette intensité. Quand tu obtiens une confrontation deux contre un, c'est important d'en profiter. Cet impact va passer inaperçu, mais quand tu regardes les vidéos ensuite, tu te dis ‘Ça, c'est du football physique, c'est une identité, une fierté' », a cerné l'entraîneur. 

Le vétéran Kristian Matte dépasse rarement les limites sur le terrain et il ne veut pas nécessairement que ses partenaires changent leur identité pour être plus méchants. 

« Tous les joueurs sont différents. J'ai toujours été tranquille, mais je retire de la fierté de ce que je fais. Selon notre style, il faut avoir un peu plus de chien, pousser un peu plus et surtout vouloir plus que le gars devant soi », a-t-il souhaité. 

À tout le moins, Lestage pourrait procurer une étincelle si on se tourne vers lui pour quelques séquences offensives. 

« Il s'intègre bien. C'est sûr que ça fait beaucoup de stock à assimiler en peu de temps alors qu'on a la chance d'évoluer dans ce système depuis quelques années. Lui, il doit faire un cours en accéléré. Mais il pose les questions nécessaires, il arrive d'avance et il accomplit ses tâches. Il a compris le standard que l'on veut avoir ici », a décrit le garde Philippe Gagnon. 

Tel un prof, LBJ doit répéter

L'inconstance de la ligne offensive a de quoi chicoter les entraîneurs. Doué pour le choix de ses mots, Brodeur-Jourdain y est allé poliment avec le verbe employé, mais on sent que ça le dérange. 

« Ce qui me chatouille un peu plus, sans aller dans les détails trop techniques, ce sont des points sur lesquels je mets l'accent depuis deux ans, mais qui se reproduisent. Alors que pour moi, c'est dans la logique pure et simple du football. Je pense à une technique à utiliser à un moment précis. Parfois, on tombe dans le côté plus émotif d'un match et un joueur se dit ‘Je vais lui sauter au cou sur ce jeu' mais ce n'est pas le bon moment pour le faire », a détaillé LBJ. 

« Sur papier, on ne devrait pas faire ces erreurs. C'est difficile à expliquer. Ce ne sont pas des erreurs d'inattention ou de manque d'effort. C'est surtout que ça va vite et parfois un joueur ne voit pas une information ou on communique mal un détail. On est capable de corriger ça et revenir à un niveau plus élevé », a soutenu Gagnon. 

Même Matte, un solide atout, a éprouvé des ennuis. D'ailleurs, il n'est pas impossible qu'il soit déplacé au centre – au détriment de Sean Jamieson - pour être entouré par Gagnon et Lestage. 

« J'ai toujours dit que c'est un bon centre, mais un excellent garde. L'important, c'est qu'il retrouve ses repères et qu'il ait confiance en son jeu. Il a un jeu de pieds éclectique et ça ne s'enseigne pas. Mais c'est de mieux attaquer avec ses mains et son haut du corps », a noté Brodeur-Jourdain. 

Une lutte se déroule aussi au poste de bloqueur à gauche entre Nick Callender qui a ravi le poste à Chris Schleuger dans les dernières rencontres. 

Le côté positif de ce portrait réside dans la compétition qui devrait pousser tous les joueurs à élever leur niveau. Le moment d'opter pour cette avenue était opportun puisque les Alouettes profiteront de deux semaines de congé d'ici la fin septembre alors le rythme peut grimper de quelques crans à l'entraînement.