MONTRÉAL – C’est d’un pied ferme, mais sans esprit revanchard, que les Alouettes attendent l’arrivée à Montréal des Tiger-Cats de Hamilton, qu’ils affronteront jeudi soir au Stade Percival-Molson.

L’incapacité des Alouettes à solutionner les problèmes proposés par les Tiger-Cats a carrément mené à leur perte la saison dernière. Lors du dernier match du calendrier régulier, alors qu’une victoire lui aurait permis de s’assurer du premier rang du classement de l’Association Est et de l’avantage du terrain jusqu’au match de la coupe Grey, la formation montréalaise avait plutôt été forcée de prolonger sa route après avoir encaissé un revers de 29-15 à Hamilton. Deux semaines plus tard, en finale de l’Est, le scénario s’était répété et le rideau était tombé sur la saison des Als après un revers de 40-24.

Une amertume mal dosée peut s’étirer trop longtemps en bouche, mais l’entraîneur des Alouettes, Tom Higgins, assure qu’un trait a été tiré sur cette double déception.

« J’ai été impliqué avec tellement d’équipes dans cette ligue et j’ai reçu tant d’insultes dans mon rôle de directeur de l’arbitrage qu’on pourrait dire que tous les matchs sont une affaire personnelle pour moi! », rigolait Higgins après l’entraînement de mardi.

« Mais en réalité, ça ne l’est pas vraiment, a poursuivi le pilote. Lorsqu’on laisse les émotions dicter sa préparation, on ne fait pas les choses correctement. Il faut s’assurer de rester concentrés uniquement sur ce qui nous permettra de décrocher la victoire. »

« Bien sûr que j’ai hâte d’affronter Hamilton, mais j’ai hâte de jouer à chaque semaine. Ça n’a rien à voir avec le fait qu’ils nous aient battus l’an passé parce qu’on parle aujourd’hui de deux équipes complètement différentes », minimisait l’ailier défensif John Bowman.

Les Tiger-Cats s’amènent à Montréal avec une fiche d’une victoire et une défaite. Après s’être inclinés devant les Stampeders de Calgary dans une reprise du match de la Coupe Grey, ils ont rincé les Blue Bombers de Winnipeg 52-26.  

La défensive des Alouettes, qui a complètement fermé la porte de sa zone des buts aux Bombers la semaine dernière et qui n’a accordé que 56 points en trois parties depuis le début de la saison, fera face à une unité offensive dangereuse, mais jusqu’ici unidimensionnelle. Les Tiger-Cats possèdent la deuxième meilleure attaque de la Ligue canadienne par la voie des airs avec des gains moyens de 338 verges par partie, mais peinent à générer quoique ce soit au sol.

Ray Holley, leur demi offensif partant par défaut, n’a amassé que 40 verges en 14 courses lors de ses deux premiers matchs dans la LCF. Jeudi soir, il retrouvera de l’autre côté de la ligne d’engagement une unité qui n’a donné que des graines à Chevon Walker (52 verges), Jon Cornish (59 verges) et Paris Cotton (20 verges) depuis le début de la saison.

Mais Higgins ne semble pas voir comme un avantage en sa faveur la prévisibilité apparente de ses prochains rivaux.

« Les gens n’hésitent pas à vous critiquer lorsque vous ne sélectionnez pas davantage de jeux par la course, explique Higgins, servant du même coup un clin d’œil subtil à ceux qui remettent en question sa gestion du temps de jeu du porteur de ballon Tyrell Sutton depuis le début de la saison. Mais vous n’avez pas nécessairement à le faire si vous êtes capables de faire avancer le ballon et de marquer des points. La bonne recette est la recette qui fonctionne et je suis certain que les Tiger-Cats ne s’en font pas outre-mesure avec leur attaque présentement. Nous devrons avoir une réponse pour ce qu’ils décideront d’envoyer en notre direction et je suis convaincu que nous l’aurons. »

Brandon BanksPas au niveau de « Gizmo »

Mais l’arme la plus redoutable des Tiger-Cats ne joue qu’un rôle marginal au sein de leur offensive. L’as des retours de botté Brandon Banks est le meilleur de sa profession à l’heure actuelle dans la LCF, juge Higgins. Il a déjà inscrit deux touchés sur les unités spéciales depuis le début de la saison.

« Je ne crois pas qu’on puisse parvenir à l’arrêter complètement, on ne peut qu’espérer le contenir, craint Higgins. Il me fait certainement penser à Henry ‘Gizmo’ Williams. Je ne le mets pas encore dans la même catégorie – pour ça Brandon devra marquer beaucoup plus de touchés - mais il est un athlète d’exception et il faudra être très prudent. »

La menace que représente Banks, qui a marqué cinq touchés comme receveur de passes et deux autres sur des retours de bottés la saison dernière, force l’adversaire à rester sur un pied d’alerte même une fois le quart-arrière Zach Collaros sorti du terrain.

« Il faudra s’assurer que notre couverture soit adéquate et que notre préparation le soit tout autant. Nous devrons botter le ballon le plus haut possible et l’envoyer hors-limite si on en a l’occasion. Je connais des entraîneurs d’unités spéciales qui n’arrivent pas à dormir la nuit quand ils se préparent à l’affronter. »

Les Tiger-Cats arriveront à Montréal bien reposés après avoir bénéficié d’une semaine de congé à la suite de leur victoire à Winnipeg. Les Alouettes, qui ont joué vendredi dernier, les accueilleront avec une courte semaine de préparation.

« Mais seulement plus courte par une journée, alors ce n’est pas une excuse, insiste Higgins. On n’a eu que deux entraînements, mais ce furent de bons entraînements. On est prêts à jouer, on les attend. »