Ceux qui s’attendaient à la performance du siècle rêvaient en couleur. Si la défaite des Alouettes à Calgary était prévisible, elle ne devait pas être aussi cinglante.

Ne l’oublions pas, la troupe de Tom Higgins est en plein apprentissage. Contrairement à leurs adversaires albertains, qui n’ont presque pas apporté de changements à leur formation cette année, les Alouettes sont en plein cœur d’une transition.

Mais de là à s’incliner 29-8 face aux Stampeders...

Inutile d’analyser en profondeur la performance à oublier du nouveau quart no 1 des Alouettes Troy Smith – mon collègue Pierre Vercheval a déjà fait l’exercice avec justesse –, mais l’anémie offensive dont ont souffert les Montréalais samedi est néanmoins à souligner.

Des feux d’artifice n’étaient pas à prévoir, mais on était tout de même en droit de s’attendre à ne serait-ce que quelques étincelles. On les attend toujours.

Même si cela est tentant pour certains, il n’y a toutefois pas lieu de paniquer. Les Alouettes n’ont joué qu’un seul match jusqu’à maintenant. Un seul. Dix-sept matchs figurent encore au calendrier des Alouettes alors qu’aucune équipe de la division Est n’a savouré la victoire en ce très jeune début de saison.

Comme je l’ai déjà affirmé il y a quelques semaines, nous devrons patienter jusqu’au tiers de la saison avant de nous lancer dans une analyse objective de cette formation. Ce n’est qu’à ce moment que les Alouettes risquent d’afficher leurs réelles couleurs.

Avec autant de chamboulement au sein de l’organisation, il serait malhonnête d’avancer qu’une nouvelle chimie puisse s’installer instantanément sur le terrain. D’ici à ce qu’elle atteigne son plein potentiel, l’entraîneur-chef Tom Higgins ne peut espérer que sa défense tienne le coup et qu’elle répète ces exploits de la saison dernière.

Face aux Stampeders samedi dernier, ce n’est pas l’unité intraitable de 2013 que nous avons vue. Non pas qu’elle ait mal joué, au contraire. En allouant quelques longs jeux à Calgary, elle a toutefois coupé le souffle au reste de l’équipe, qui a ainsi perdu le peu de confiance qu’il affichait.

Oui, le quart des Stamps Bo Levi Mitchell a lancé pour 313 verges de gains et deux touchés. La majeure partie de ses avancées (201 verges) ont cependant été acquises sur quatre passes de 102, 38, 36 et 27 verges.

En étant moins généreuse, la défense montréalaise aurait sans doute permis aux Alouettes d’entretenir le suspense plus longtemps.

Parions qu’elle se promet de le faire vendredi au Stade Percival-Molson, face aux Lions de la Colombie-Britannique. Contre le quart substitut par excellence de la LCF, Kevin Glenn, la défense des Alouettes aura alors l’occasion de renouer avec ses bonnes vieilles habitudes.

Avec 155 départs en carrière à sa fiche, Glenn se veut tout un luxe pour les Lions, qui doivent pallier à l’absence de leur quart no 1 Travis Lulay, qui se remet toujours d’une opération à l’épaule subie pendant la saison morte.

Mais à son premier match de la campagne la semaine dernière contre les Eskimos d’Edmonton, Glenn a lancé quatre interceptions. Après un début de rencontre du tonnerre, le quart des Lions a été ralenti par les Eskimos, qui sont parvenus à le bousculer et le mettre sous pression. Inconfortable, c’est alors qu’il s’est mis à commettre des erreurs.

C’est exactement ce que la défense des Alouettes devra faire vendredi, c’est-à-dire saisir les opportunités de créer des revirements comme elle l’a si souvent fait en 2013. Tout cela aurait pour résultat recherché d’offrir à l’attaque un court terrain à franchir pour mettre des points sur le tableau. Là se cache la clé de la victoire.

La défense et les unités spéciales ont donc pour mandat de gagner la bataille du positionnement sur le terrain afin que l’attaque n’ait pas à gruger 80-90 verges pour parvenir à ses fins. C’est de cette façon que les Alouettes l’emporteront en début de saison.

Petites passes et jeu au sol

De l’autre côté du ballon, la défense des Lions est toute aussi redoutable que celle des Alouettes, tout comme l’an dernier d’ailleurs.

C’est donc un défi de taille qui attend Troy Smith et son attaque. Cette dernière sera d’abord confrontée à un front défensif imposant capable de brasser la ligne offensive. À cela s’ajoutent les secondeurs de ligne Adam Bighill et Solomon Elimimian, deux vrais marteaux collectionnant les gros jeux et qui terrorisent les attaques adverses.

Quant à la tertiaire des Lions, celle-ci doit composer avec quelques changements cette année. Les Alouettes seraient notamment avisés de tester le jeune demi défensif Josh Johnson.

Mais d’abord et avant tout, les Alouettes se doivent de simplifier les choses en attaque en privilégiant des passes rapides et davantage de jeu au sol, et ce même si l’équipe tire de l’arrière. On ne peut pas demander à Smith d’orchestrer une remontée, du moins pas encore. On n’est pas rendu là chez les Oiseaux.

Peu importe l’allure du match, il faut donc poursuivre avec le jeu au sol pour ouvrir la passe. Car pour l’instant, les gros jeux ne fonctionnent pas. Des six passes de plus de 20 verges tentées samedi contre les Stampeders, aucune n’a été complétée.

Bref, un jeu court, une exécution rapide et des passes à haut pourcentage d’efficacité s’imposent afin de redonner confiance à Smith et ses coéquipiers, qui ne l’ont pas eu facile, avons-le.

Prendre avec un grain de sel...

Par ailleurs, affirmer que Smith a joué quelque peu comme une poule pas de tête dans certaines situations de jeu face aux Stampeders n’était pas l’idée du siècle de la part de Ryan Dinwiddie.

Ces paroles du coordonnateur offensif et entraîneur des quarts chez les Alouettes doivent cependant être prises avec un grain de sel à mon avis. Il ne s’agissait sans doute pas d’une attaque directe à l’endroit de son quart.

Non seulement Dinwiddie manque-t-il d’expérience en tant qu’entraîneur, c’est tout aussi les cas quant à ses relations avec les médias. Quand tu es un  joueur, tu peux te permettre de tenir de tels propos à ton endroit. Pour nous, les médias, de tels propos sont fort divertissants, mais Dinwiddie doit comprendre qu’il doit d’abord et avant tout défendre son quart, son équipe et sa position.

J’apprécie beaucoup son honnêteté, qui sera toujours la bienvenue devant caméras et micros, mais mal interprétée, une affirmation du genre pourrait causer du tort inutile à une équipe.

Disons qu’à l’heure actuelle, les Alouettes peuvent s’en passer.

*Propos recueillis par Mikaël Filion