MONTRÉAL – Même si William Stanback détruit tout sur son passage par les temps qui courent, ça lui arrive encore de commettre de petites erreurs. Ça fâche André Bolduc un peu comme un parent qui voit que son enfant a bêtement raté une question d’examen.

En huit matchs cette saison, le numéro 31 a récolté 880 verges par la course. À ce rythme de 110 verges par partie, il frôlerait le spectaculaire plateau des 2000 verges lors d’une saison typique de 18 rencontres. 

Quand un collègue lui demande s’il se croit en mesure d’atteindre LE nombre magique de 2000, Stanback affiche ce regard confiant. 

« Je crois bien surtout avec les gars (de la ligne offensive) devant moi, ce sont eux qui démarrent le jeu. Sans eux, je ne pourrais pas faire des matchs de 100 verges et des saisons de plus de 1000 verges. Je les remercie souvent », a répondu le colosse de six pieds et 233 livres (au minimum) dont le style très physique lui fait souvent rater des matchs. 

L’entraîneur-chef Khari Jones a vu Stanback « raffiner » son travail de démolition. Jones lui aurait souhaité que son aventure avec les Raiders de Las Vegas rapporte, mais il ne peut que se réjouir de miser sur la meilleure version de Stanback jusqu’ici. 

« Je dirais oui, il comprend mieux le jeu et l’action a ralenti devant lui. C’est vraiment cool quand ça se produit. André (l’entraîneur des demis offensifs) a accompli tout un travail avec lui depuis des années. Il voit mieux le jeu, les options se développer et c’est surtout sa patience désormais. Auparavant, il ne faisait qu’obtenir du succès grâce à ses qualités athlétiques et son instinct. C’est génial de le diriger, tu n’as qu’à sélectionner des jeux et le laisser aller », a vanté Jones. 

« Il fait encore quelques erreurs et ça rend le tout épeurant (considérant sa production actuelle). André se fâche après lui quand ça se produit, mais il sait maintenant quand il commet une erreur. Il s’approche de tous les petits détails pour être un très grand joueur », a-t-il ajouté. 

Quand l’auteur de ces lignes revient sur les erreurs évoquées par Bolduc et Jones, on sent que ça chatouille Stanback qui lance cette précision. 

« Je vais toujours pouvoir progresser. Je parle constamment à André, je le texte même en fin de soirée quand j’ai des questions. Ce sont de petites erreurs, pas des choses drastiques qui peuvent changer le résultat d’un match. Je continue de travailler là-dessus. Je le vois comme j’apprends de ces situations et ça me rend meilleur pour le prochain match. Les erreurs ont fait le joueur que je suis aujourd’hui. Ça arrive aux meilleurs de faire une mauvaise lecture », a cerné l’Américain de 27 ans. 

Outre la ligne offensive, Stanback était heureux de souligner le travail de son allié dans le champ-arrière, Christophe Normand. Le centre-arrière québécois est plus impliqué que jamais dans l’attaque montréalaise et Stanback le décrit comme un « animal » pour les blocs et une ressource précieuse vers laquelle il se tourne car il connaît le système offensif aussi bien que le quart-arrière. 

Durant sa quarantaine, Trevor Harris a pu admirer attentivement l’exposé de Stanback face aux Argonauts (203 verges et un touché). Il serait heureux de pouvoir jumeler ses forces aux siennes. 

« C’est tout un problème, un problème pour les défenses adverses! Tu n’as pas le choix de garder plusieurs joueurs dans le front sinon il va te punir et il parvient à le faire même quand c’est le cas. Avec un porteur de ballon comme lui, ça te donne une chance de gagner chaque match », a mentionné Harris qui rêve d’une carrière d’entraîneur après celle de joueur. 

Des changements payants en défense

Pendant que Stanback s’amuse aux dépens de ses adversaires, la défense montréalaise commence à en faire autant. La ligne défensive a pris son erre d’aller depuis le changement d’entraîneur et la tertiaire a trouvé ses ailes via quelques modifications payantes dont le déplacement de Monshadrik Hunter du côté court du terrain. 

En théorie, il s’agit du côté le plus difficile à surveiller puisque les équipes l’attaquent plus souvent et avec leurs meilleures armes. Pourtant, Hunter y joue du bien meilleur football. 

« Je me sens confortable dans ce contexte. Tout se déroule plus vite donc je suis capable de jouer à ma vitesse. J’étudie beaucoup de vidéos et je sais ce qui devrait se passer avant le début du jeu. J’essaie de trouver des indices via les meilleurs que j’ai côtoyés et que je regarde. J’ai souvent voulu jouer comme demi de coin, mais ce n’était jamais arrivé avant cette année », a raconté Hunter qui adore faire honneur à son surnom « Money » avec de gros jeux quand ça compte. 

Avec une combinaison formée de Hunter et Greg Reid fils, les Alouettes espèrent miser sur l’un des duos dangereux de la LCF du côté le plus achalandé. Mais ce qui rend Jones le plus heureux, c’est l’équilibre déniché dans la tertiaire. 

« Je trouve qu’on a une belle combinaison d’expérience et de jeunesse. Money joue du très gros foot, Patrick Levels est partout comme à son habitude. Je les vois développer une chimie, c’est ce que tu veux voir à ce moment de la saison. La ligne défensive a joué un rôle clé sur les revirements, mais ils devaient compléter les jeux et ils l’ont fait », a vanté Jones qui adore aussi la contribution du secondeur Chris Ackie.

Il reste à la défense de valider sa valeur contre des adversaires de l'Ouest lors des trois prochaines semaines (les Roughriders samedi et les Blue Bombers deux fois).