La situation à la position de quart chez les Alouettes commence à être fascinante. Lorsque Rakeem Cato a hérité des fonctions de partant et qu’il s’est mis à faire la démonstration de ses grandes habiletés, on croyait que la fin approchait pour Jonathan Crompton. À la limite, on spéculait même à l’effet qu’il était possible qu’on le libère afin de faire de la place aux jeunes…

Et pourtant, on se retrouve à la fin du mois de septembre, alors que Crompton a saisi la deuxième chance qui lui a été offerte. Depuis qu’il a renoué avec le poste qu’il occupait la saison dernière, il a été le reflet de ce qu’il a été tout du long avec les Alouettes. Des statistiques peu éloquentes (pourcentage de réussite avoisinant les 50 % dans le jeu aérien), protection correcte du ballon (en dépit des deux interceptions lors du dernier match), mais avant toute chose, il réussit à en faire suffisamment pour que l’équipe l’emporte.

La nuance est importante à saisir : les Als gagnent *avec* Crompton, et non *en raison* de Crompton. La semaine dernière face aux Blue Bombers de Winnipeg, il a pris ce que la défensive adverse lui donnait, sans grand éclat. Sa passe de touché à l’endroit de Samuel Giguère était fabuleuse, mais celle-ci ne doit pas nous faire oublier qu’il décoche parfois des passes erratiques et imprécises en direction de ses receveurs.  

Il n’est pas le gars qui affiche le plus de constance, mais à l’heure actuelle, Anthony Calvillo et Jim Popp doivent être d’avis qu’il est le mieux outillé pour mener à bon port l’attaque montréalaise. AC sait pertinemment que Crompton est celui des deux quarts dont les connaissances du cahier de jeux sont les plus élaborées.

Parallèlement, on souhaite développer Cato. Je suis persuadé qu’on veut faire de lui le général d’avenir. Possiblement même qu’il représentera l’option la plus logique une fois qu’on se rapprochera des matchs éliminatoires. Il reste néanmoins que le jeune quart a raté deux semaines critiques durant lesquelles il y a eu beaucoup de mouvement, dont le congédiement du coordonnateur offensif Turk Schonert. On a instauré un nouveau système et changé certaines terminologies, donc c’est tout naturel qu’on soit plus confiant de se fier à un joueur qui a pu l’étudier de façon détaillée à l’entraînement.

Le leadership déployé par Crompton a toujours été une facette appréciée des hauts dirigeants. Il rallie les troupes avec une attitude empreinte de positivisme. Il possède une capacité à bien rebondir après une erreur, et ça déteint sur ses coéquipiers. Cato, lui, est peut-être plus tranquille et moins volubile.

Bref, j’ai bien hâte de voir quelle sera la réaction des entraîneurs advenant un début de match catastrophique de Crompton. Popp l’a affirmé, et je suis d’accord avec son affirmation : « Si on a besoin d’un changement de rythme, les gars seront aussi à l’aise avec Cato aux commandes  ». Bref, ce sont deux cartes intéressantes à avoir en poche.

Attention aux Riders

Le prochain arrêt des Als sera à Regina, dimanche après-midi, alors qu’ils croiseront le fer avec les Roughriders de la Saskatchewan une équipe qui croupit dans les bas-fonds du classement. C’est bien documenté : les Riders ont une fiche lamentable de 1-11. Mais attention! Leurs malheurs ne sont pas attribuables à un manque de talent de l’effectif. À mon humble avis, ça doit être l’une des meilleures formations de l’histoire de la LCF à montrer un tel rendement.

Les Riders ont perdu de nombreux matchs à pointage serré, et offensivement, ils forment l’un des clubs les plus menaçants du football canadien. Malheureusement, ils ont perdu leur quart partant Darian Durant, puis ensuite le réserviste Kevin Glenn.

Brett Smith a œuvré derrière le centre pendant un bout de temps, mais Glenn a renoué avec l’action la semaine dernière. Ce dernier, même s’il est un peu le malaimé de la ligue, donne un sérieux coup de main à l’unité offensive des Riders. Avec ses 45 000 verges aériennes en carrière, il ne faut pas sous-estimer ce que son retour au jeu peut permettre d’accomplir. Malgré le beau potentiel de Smith, il amène une toute autre dimension à cette attaque.

Du côté défensif, pas de pénurie de talent non plus, avec la présence des John Chick et Tyron Brackenridge. Tout cela pour dire que les Riders sont une formation dont il faut se méfier, et les Montréalais sont bien au fait de cela.

Je ne vous apprends rien en vous rappelant que le Mosaic Stadium est un endroit où il est extrêmement ardu de performer pour l’équipe visiteuse. Même si les chances de participer aux éliminatoires sont nulles, les supporters ont assez de fierté pour demeurer derrière leurs représentants. Je m’attends à un match très relevé après la défaite de 30-27 qu’ils ont subie aux mains du Rouge et Noir d’Ottawa à leur plus récente sortie.

À l’image de leur campagne, ils ont été dans le coup tout du long, mais comme ils l’ont fait à répétition, ils se sont tirés dans le pied. Mauvaise gestion du cadran, revirements coûteux au pire moment… Il semble que tout ce qui peut mal aller se produit pour les Riders cette année.

Collaros : quel dommage!

Une nouvelle des plus démoralisantes pour les Tiger-Cats de Hamilton est tombée lundi ; le candidat le plus sérieux au titre de joueur par excellence du circuit après une douzaine de matchs ratera le reste de la saison. Le quart  Zach Collaros a subi une déchirure ligamentaire à un genou après avoir été frappé durant un match face aux Eskimos d’Edmonton.

Avant de déterminer ce que son absence signifie dans l’échiquier du classement dans l’Est, je dirai simplement que je trouve cela terriblement dommage!

De notre point de vue, on a beau se réjouir du fait que ça ouvre potentiellement la voie aux Alouettes, mais c’est triste de voir un joueur qui excellait semaine après semaine tomber au combat de la sorte. Le nom de Collaros s’ajoute à une liste invraisemblable de gros noms à la grandeur de la LCF qui auront raté de l’action au cours des derniers mois. Bear Woods est le nom le plus évident chez les Als. Pour Toronto, Swayze Waters et Ricky Ray ont chacun raté plusieurs matchs. Du côté des Ti-Cats, Andy Fantuz et Corey Grant. À Calgary, l’excellent porteur de ballon Jon Cornish…  Je pourrais poursuivre ainsi pour chacune des équipes du circuit!

Lorsque tu affrontes une équipe, tu souhaites la battre avec ce qu’elle a de meilleur à offrir, et non son effectif B. Et pour le spectacle auquel ont droit les partisans, c’est aussi une perte considérable.

C’est encore plus cruel si l’on considère que Hamilton était la formation à battre et qu’elle avait le vent dans les voiles.

Il n’y a pas à dire, cette blessure vient complètement rouvrir la course au premier rang dans l’Est. On peut plaider la cause de chacun des quatre clubs, à commencer par le Rouge et Noir, fort d’une séquence de trois gains (7-4). Henry Burris a subi une cure de rajeunissement, comme en témoigne sa récolte ahurissante de 477 verges à son dernier départ. C’est une attaque qui a réellement trouvé son aire d’aller avec le coordonnateur Jason Maas.

Les Argonauts de Toronto connaissent un passage à vide, mais tous les espoirs sont permis compte tenu du brio de Trevor Harris au poste de quart. Leurs receveurs sont très dangereux et ils peuvent faire des dommages dans les tertiaires adverses.

Les derniers prétendants, et non les moindres, les Alouettes, ont les éléments en place pour faire fléchir n’importe quel rival. Avec une défense aussi étanche, un quart capable de gagner et des unités spéciales explosives menées par l’électrique Stefan Logan, aucun adversaire n’est hors de la portée des Moineaux.

Tout compte fait, le tableau pourrait être chamboulé du tout au tout durant les prochaines semaines!

* Propos recueillis par Maxime Desroches