Avec le début des éliminatoires dans la Ligue canadienne de football, les Alouettes pourront se faire pardonner - dans une certaine mesure - à la suite d’une saison qui a été éprouvante.

Il y a eu un changement d’entraîneur, quatre quarts-arrières se sont succédé au poste de partant et autant de porteurs de ballon à la position de demis, deux partants de la ligne à l’attaque sont blessés et j’en passe.

Mais les Alouettes ont la chance de réaliser quelque chose de spécial et ça commence ce dimanche à Guelph contre les Tiger-Cats. Ce sera d’ailleurs la troisième fois en l’espace de quatre semaines que les deux équipes s’affronteront.

Un conseil aux Tiger-Cats

Défensivement, la première mission des Alouettes est d’arrêter la formation wildcat que les Tiger-Cats ont utilisée pendant leurs deux victoires sur les Montréalais cette saison. Lors de la rencontre à Moncton, Dan LeFevour avait porté le ballon 9 fois pour des gains de 62 verges avec un touché, tandis qu’à Guelph, Jeremiah Masoli avait récolté 61 verges. Le wildcat a permis aux Tiger-Cats d’avoir du succès en premier essai, leur permettant ne pas être en deuxième et long.

Deuxièmement, les Alouettes doivent continuer leur bon travail contre le porteur de ballon C.J. Gable. Ce dernier doit faire des cauchemars lorsqu’il se mesure aux Alouettes. Pendant le premier match de la saison, il avait été limité à 7 courses pour 19 verges. Au deuxième, c’était 3 courses pour aucune verge et au troisième, 2 courses pour moins-1 verge! Gable a également été contenu par la passe, même s’il a inscrit un touché important lorsque de la dernière rencontre entre les deux équipes.

En réussissant ces deux missions, les Alouettes pourront déclarer la chasse au quart-arrière ouverte. En trois parties face aux Tiger-Cats, ils ont réussi 12 sacs du quart. Les Alouettes doivent forcer Henry Burris à être précis sous pression, chose qu’il n’a pas démontrée. C’est pourquoi la bataille à surveiller dimanche sera celle entre les receveurs des Tiger-Cats et les demis défensifs des Alouettes.

Si les receveurs des Tiger-Cats ne sont pas capables d’être physiques, de se défendre, de se battre et de s’arranger pour ne pas se faire accrocher et retenir, ils peuvent avoir une chance.

Les demis défensifs des Alouettes vont tout faire en leur possible pour briser le synchronisme des receveurs adverses. Pendant ce temps, ils ne se démarquent pas et Burris ne peut pas lancer le ballon, même s’il est prêt à le faire. Plus il a le ballon dans ses mains, plus la pression s’en vient. Bref, c’est un effet domino. Si les receveurs ne sont pas en mesure de gagner leurs batailles, la journée sera vraisemblablement encore longue.

Ce sera un élément clé si les Tiger-Cats veulent connaître du succès. Les receveurs doivent être prêts à payer le prix. Car les joueurs des Alouettes ne sont pas fous, ils vont retenir et accrocher dans la limite de la légalité, prenant le pari que les arbitres ne lanceront pas le mouchoir à tout coup. Et ça leur a plutôt bien servi pendant toute la saison.

Finalement, les Alouettes devront éviter les pénalités. Ils ont été l’équipe la plus réprimandée dans la ligue cette saison. Il ne faut pas que la séquence offensive des Tiger-Cats se poursuive continuellement.

Et petit conseil aux Tiger-Cats. Après « Où est Charlie? », ils pourraient jouer à « Où est Chip Cox? » Le secondeur des Alouettes a réussi 6 sacs et 19 plaqués en 3 matchs contre les Tiger-Cats. Il y a encore des jeux pendant lesquels il s’amène librement vers le quart-arrière!

Sortir un lapin du chapeau

Du côté de l’attaque, les Alouettes devront surtout s’assurer de protéger le ballon. Dans les matchs où ils ont commis moins de revirements que leurs adversaires, ils présentent un dossier de 6-1. Une statistique qui vaut pour bien des équipes dans la ligue.

Un départ canon serait également le bienvenu. Dans leur victoire de 35-5 le 20 octobre, les Alouettes menaient 14-0. À Guelph le 26 octobre, ils avaient aussi pris l’avance 14-0, mais avaient ensuite oublié de protéger le ballon. Ç’aurait même pu être 28-0 et la victoire aurait été facilement enregistrée.

C’est ce qui m’amène à penser que Tyrell Sutton sera le joueur le plus important des Alouettes. Le jeu au sol doit avoir un impact positif. En deux rencontres contre les Tiger-Cats, il a porté le ballon 29 fois pour 195, une excellente moyenne de 6,4 verges par course.

Le quart-arrière Troy Smith devra également commencer à se servir de ses jambes. Tout le monde parle avec raison de son bras canon, mais il n’a pas encore démontré qu’il est un gars mobile capable de courir. Le 20 octobre, il a couru 3 fois pour 16 verges et le 26 octobre 1 fois pour 3 verges. Dimanche, Smith devra aller chercher quelques premiers jeux avec ses jambes, question d’étirer les séquences et de garder l’attaque sur le terrain.

Jusqu’à preuve du contraire, il est impossible de demander à Smith de compléter 70 pour cent de ses passes, sa moyenne étant d’environ 50 pour cent. Il peut compenser avec son bras canon, mais aussi avec ses jambes. C’est un match sans lendemain. Il n’y a pas de raison de ne pas l’essayer. À un moment donné, c’est maintenant ou jamais.

Comme à l’habitude, les Alouettes devront utiliser les passes pièges, élément avec lequel ils ont connu du succès cette saison. Tous les receveurs et porteurs de ballon sont en mesure de récolter des verges après l’attrapé. Et ce sont des passes faciles à faire pour Smith. Ce dernier ne doit également pas hésiter à lancer dans les zones profondes. En 3 rencontres contre les Tiger-Cats, S.J. Green et Duron Carter totalisent 32 réceptions pour 547 verges et 5 touchés.

Et ultimement, ça va prendre un jeu truqué! Les Alouettes devront finir par surprendre l’adversaire. Les deux équipes se connaissent maintenant bien et les Alouettes pratiquent ce genre de jeu pendant toute la saison. Encore faut-il avoir le cran de l'utiliser! C’est le genre de changer qui peut faire basculer une rencontre. C’est le temps de le sortir!

Ne pas se tirer dans le pied

Même si les Alouettes n’ont remporté qu’un des trois matchs qu’ils ont joués contre les Tiger-Cats cette saison, il y a des statistiques qui me portent à croire qu’ils gagneront dimanche.

Les Alouettes ont en effet provoqué plus de revirements qu’ils n’en ont commis (8 contre 6), réussi plus de sacs du quart qu’ils en ont donnés (12 contre 3), réalisé plus de jeux de 30 verges que l’adversaire (10 contre 6) et été plus opportunistes dans la zone payante (66 contre 33 pour cent). La morale de l’histoire : les Alouettes n’avaient pas à perdre les matchs qu’ils ont perdus.

Les deux choses qui ont fait mal aux Alouettes, ce sont les pénalités (36 contre 20) et les unités spéciales. Dans leurs deux défaites, les Alouettes menaient au quatrième quart et ont donné des touchés sur les unités spéciales. À Moncton, Tyron Carrier avait échappé le ballon, tandis qu’à Guelph, Sean Whyte avait raté ses deux tentatives de placement et l’une d’elles avait été ramenée pour le majeur.

Les unités spéciales des Alouettes ne doivent tout simplement pas faire perdre l’équipe. À la blague, je pourrais dire que je n’espère plus rien de spécial de leur part, simplement qu’elles arrêtent de tirer dans le pied de l’équipe. Les joueurs en attaque et en défense travaillent trop fort pour être victimes d’un mauvais jeu sur les unités spéciales.

Bref, la recette miracle pour l’emporter est de réaliser un copier-coller de la victoire de 36-5 du 20 octobre. Les Alouettes n’avaient pas commis de revirement, avaient récolté 114 verges au sol et réussi deux gros jeux - un de 64 verges à Green pour le touché et un autre de 32 verges à Carter pour un premier essai. . La défense avait récolté 5 sacs et donné que 66 verges au sol et seulement 2 gros jeux.

La seule grande inquiétude est de savoir si Burris en arrachera pour la quatrième fois en autant de matchs contre les Alouettes cette saison. Ou est-il dû pour une grande performance. Burris a beaucoup d’expérience et a gagné des coupes Grey, alors que Smith en sera à son quatrième départ, son premier en éliminatoires. Cela dit, je m’attends à une victoire des Alouettes.

*Propos recueillis par Francis Paquin