MONTRÉAL – Maintenant que sa quarantaine est derrière lui, Trevor Harris pouvait enfin respirer l’air frais, mais il a fallu que son premier entraînement avec les Alouettes se déroule sous une pluie froide et un fort vent. À bien y penser, ce n’est sans doute pas une mauvaise chose. 

Après tout, la formation montréalaise entretient de grands espoirs. C’est d’autant plus vrai depuis qu’elle détient le premier rang de sa section – grâce à une belle domination face aux Argonauts – et qu’elle se battra bec et ongles pour le conserver. 

Ainsi, si le parcours éliminatoire des Alouettes se prolongeait, Harris pourrait devoir jouer dans des conditions peu accueillantes surtout que la présentation de la Coupe Grey, à Hamilton, a été reportée au 12 décembre. 

Mais Harris ne pense pas déjà à ce scénario qui comporte trop de points d’interrogation pour l’instant. Le quart-arrière de 35 ans ne pensait qu’à cet entraînement initial avec sa nouvelle organisation. 

« Arriver dans une équipe qui traverse une telle séquence (quatre victoires consécutives), c’est une bénédiction. Je vais continuer d’apprendre. Je n’ai jamais été échangé dans une saison donc j’étais curieux de voir comment se passerait la première journée. Ce ne sont pas tant les concepts de jeux, mais les petits détails comme la cadence et le caucus. Pour les éléments majeurs comme ma lecture de jeu et tout ça, je me sentais bien », a indiqué Harris. 

Selon ce qu’on a constaté, Harris a bien paru la plupart du temps. Une passe rabattue a mené à une interception et le vent lui a joué des tours une fois ou deux, mais c’était inévitable. 

« Je crois que j’aurai besoin d’une journée ou deux plus pour bien m’habituer et parler des lectures avec les entraîneurs. C’est une grosse journée d’apprentissage », a-t-il admis. 

Cependant, le vétéran est persuadé que cette semaine de préparation sera suffisante. 

« Absolument, j’aurai encore besoin d’une ou deux journées pour bien maîtriser la cadence. Mais en ce qui concerne mes passes et le timing de celles-ci, c’est le dernier de mes soucis », a noté le droitier qui arbore le numéro 17 puisque le numéro 7 de John Bowman lui appartiendra pour toujours. 

La semaine dernière, Harris a mentionné qu’il apprendrait rapidement le cahier de jeux des Alouettes. Il prétend avoir déjà assimilé plus de 80% des notions offensives prônées par Khari Jones et ses adjoints. Ceux-ci avaient hâte de l’épier. 

« Je voulais juste le voir sur le terrain, l’observer annoncer les jeux et se déplacer, il était bon. Il a pris plusieurs bonnes décisions », a jugé Jones. 

Sans surprise, Harris devrait donc agir comme réserviste à Matthew Shiltz, samedi soir, lors de la visite des Roughriders de la Saskatchewan. Sans préciser entièrement ses intentions, Jones semble vouloir l’envoyer dans la mêlée avant la fin du calendrier régulier. Après tout, même si Shiltz joue bien présentement, ce serait bête de ne lui pas accorder une audition au sein de cette attaque bien outillée.  

« On l’a acquis pour une raison et on veut l’utiliser surtout que ce n’est pas une longue saison. Éventuellement, quand on aura passé du temps avec lui sur le terrain, on sera en bonne posture », a déclaré l’entraîneur-chef. 

En attendant, Harris et Shiltz veulent agir comme de bons coéquipiers l’un envers l’autre. Quant à Almondo Sewell qui avait remis en question le caractère de l’ancien quart des Elks, Harris a trouvé une réponse pertinente. 

« On a un peu parlé de ça (mardi, dans le vestiaire). Je le connais, il motive son équipe et il voulait jouer dans ma tête. Si c’est la pire chose que je dois entendre, je dois être capable de composer avec ça. S’il le pense véritablement, je vais lui prouver qu’il a tort en encaissant des coups et en jouant bien. Je vais tout donner pour cette équipe », a assuré Harris. 

Les Alouettes sous-estimés à travers la LCF ?

Sur un sujet totalement différent, est-il possible que les Alouettes ne reçoivent pas le mérite qui leur revient à travers la LCF ? 

Depuis de nombreuses années, la perception persiste selon laquelle la section Ouest prédomine sur son rival de l’Est. Si la puissance des clubs de l’Ouest ne pouvait guère être contestée à plusieurs occasions, comment se fait-il que les Alouettes soient perçus comme les négligés pour le duel de la semaine contre les Roughriders de la Saskatchewan ? 

Les deux clubs affichent un dossier de 6-4, les Alouettes ont remporté leurs quatre derniers matchs tandis que les Riders ont une seule victoire en trois sorties et l’affrontement aura lieu à Montréal. 

« Pour être honnête, je m’en fous. Je veux juste gagner le prochain match et j’ai appris à ne rien écouter de ce qui se dit. Peu importe ce qu’ils veulent penser, c’est correct », a répliqué Jones. 

Monshadrik Hunter, qui arrive d’Edmonton, a lancé cet argument. 

« Quand j’étais avec Edmonton, on croyait fermement que l’Est ne pouvait pas tenir le coup contre l’Ouest. Maintenant que je suis ici et que je vois le niveau de compétition et de talent, je crois qu’on peut rivaliser contre l’Ouest », a prononcé celui qui fait partie du balayage accompli par les Alouettes chez les joueurs de la semaine. 

Le mot de la fin revient à William Stanback qui a pris une courte pause pour bien choisir sa réponse. 

« Sans mentir, je trouve que oui. Nous étions dans le coup pour toutes nos défaites sauf celle contre Hamilton. Je pense que nous sommes bien meilleurs que notre fiche l’indique », a cerné Stanback qui ne sera que plus motivé à écraser ses adversaires samedi.