MONTRÉAL – Il y a un an, Jacques Chapdelaine se joignait au groupe d’entraîneurs des Alouettes pour épauler le nouveau coordonnateur offensif, Anthony Calvillo, afin de relancer l’attaque montréalaise.

 Franc comme il sait l’être, Chapdelaine a vite constaté qu’il venait d’embarquer dans un nid inachevé.

 « C’est arrivé environ avant le camp d’entraînement ! », a avoué Chapdelaine, sans détour, quand un collègue lui a demandé de révéler quand il avait réalisé qu’il y avait passablement de travail à accomplir pour redresser les choses chez les Alouettes.

 Douze mois plus tard, il chausse les souliers de l’entraîneur-chef et c’était à son tour de présenter le contingent qu’il a formé pour relancer l’organisation dont le dernier championnat remonte à 2010.

 Tout d’abord, son retour aux commandes procure une certaine dose de stabilité parce qu’il avait hérité du poste pour le dernier droit de la saison 2016. Le succès qu’il a affiché a convaincu le nouvel état-major, qui est composé de la famille Wetenhall, du président Patrick Boivin et du directeur général Kavis Reed, de lui confier ce rôle à temps plein.

 Chapdelaine a donc eu le loisir de remanier son entourage immédiat. Comme il fallait s’y attendre, Calvillo devra se contenter du titre d’entraîneurs des quarts puisque Chapdelaine assumera la fonction de coordonnateur offensif.

 « Il n’a pas été placé dans une situation facile l’an passé pour un jeune coordonnateur », a rappelé Chapdelaine qui a vanté ses capacités en plus de sa grande humilité prouvée par ce pas de recul.

 Le changement le plus significatif se situe au niveau de la ligne offensive alors que Kris Sweet a été remplacé par Paul Charbonneau qui dirigeait les porteurs de ballon l’an passé. Inutile de lire entre les lignes pour comprendre que Chapdelaine ne voyait pas les choses de la même manière que l’autoritaire Coach Sweet.

 « Philosophiquement, je n’étais peut-être pas sur la même longueur d’onde. Afin de déployer mon système offensif, c’était important pour moi de compter sur un entraîneur qui voit les choses de la même façon », a déclaré Chapdelaine lors d’un dîner convivial avec les membres de la presse.

 Le boulot effectué dans l’ombre par les joueurs de la ligne offensive n’attire pas l’attention de tous les partisans. Cependant, plusieurs décisions influentes surviendront sur cette unité en transformation avec le départ de Jeff Perrett (bloqueur à droite) et les ennuis de Jacob Ruby (bloqueur à gauche).

 À ce sujet, à l’approche de l’ouverture du marché des joueurs autonomes (le 14 février), le nom de David Foucault refait souvent surface puisque ses droits appartiennent aux Alouettes. Le Québécois, qui a été libéré de l’équipe d’entraînement des Panthers de la Caroline la saison dernière, lorgne encore du côté de la NFL, mais les options y semblent limitées pour lui.

 « C’est plus une question pour Kavis qui gère ce dossier. On est toujours prêt à donner de la flexibilité aux bons joueurs, mais il faut quand même avancer. Si David nous place comme second violon, on ne devrait peut-être pas mettre autant d’attention sur lui », a admis l’entraîneur qui voulait peut-être imposer de la pression sur le produit des Carabins de l’Université de Montréal.

 L’autre changement majeur survient du côté des receveurs alors que Chapdelaine en a confié la gestion à son fils, Justin qui est âgé de 25 ans. Celui-ci avait agi en tant qu’entraîneur invité au camp d’entraînement de 2016 et il a travaillé sous les ordres de son père avec les Roughriders de la Saskatchewan et à l’Université Simon Fraser.

 « Ça faisait du sens comme les autres embauches », a assuré Chapdelaine à propos de l’entraîneur qui connaît son système offensif sur le bout de ses doigts.

 « En tant qu’entraîneur invité, j’ai vu comment il s’est comporté avec les autres.  C’est important d’avoir des jeunes comme lui, Jason (Hogan, assistant en défense) et Billy (Parker, assistant en défense) », a ajouté l’entraîneur.

Pour ses débuts en tant qu’entraîneur attitré à une position dans la LCF, Justin Chapdelaine bénéficiera de la présence de vétérans comme Nik Lewis et Samuel Giguère. Par contre, il ne pourra pas miser sur les services de S.J. Green pour le lancement du calendrier 2017.

 « Je ne pense pas que S.J. sera en mesure de commencer la saison avec nous en raison de sa remise en forme (déchirures ligamentaires à un genou). S’il revient plus tard, ça deviendra un bon problème. On s’attend à le revoir », a mentionné Jacques Chapdelaine.

 Shologan, un atout en défense et en attaque

 Sur le plan défensif, le coordonnateur défensif Noel Thorpe ne se retrouve pas dans la situation particulière de l’an passé. Il n'essaie pas de renoncer à son mandat avec les Alouettes, mais il a choisi de ne pas retenir les services d'Anwar Stewart comme entraîneur de la ligne défensive.

 Selon les dires de Chapdelaine, Stewart deviendra encore un meilleur entraîneur en allant perfectionner ses connaissances auprès d’une autre organisation.

 Stewart ne pourra donc pas diriger la nouvelle acquisition d’envergure, le plaqueur défensif Keith Shologan. L’ajout de ce Canadien viendra faciliter la vie des entraîneurs qui pourraient utiliser un partant américain de plus en attaque.

 « Il nous aide à considérer ça de manière très sérieuse. C’est possible qu’on ajoute des joueurs canadiens en défense, ça va dépendre du nombre d’Américains sur la ligne offensive », a convenu Chapdelaine.

 Soulignons qu’André Bolduc chapeautera maintenant les porteurs de ballon après avoir contribué sur les unités spéciales et en attaque la saison dernière. De plus, Jason Hogan fait le saut de l’attaque à la défense tandis que l’ancien demi défensif Billy Parker entame sa carrière d’entraîneur dans la LCF.

 Une ligne directrice s’installe

 Par le passé, le département football – qui est basé au Stade olympique – n’était pas reconnu pour travailler en grande collaboration avec le volet administratif qui est installé dans les bureaux du centre-ville.

 Depuis le départ du directeur général Jim Popp et la nomination de Patrick Boivin comme président, le contexte semble avoir évolué.

 « On s’est rencontré entre entraîneurs au centre-ville avec les employés là-bas pour expliquer le plan de l’équipe. Je ne me souviens pas que nous ayons fait ça par le passé. On essaie d’avancer dans la même direction », a raconté Calvillo.

 « C’est important que tout le monde s’entende dans l’organisation. Ça prend une vision claire. J’ai travaillé au centre-ville en coordonnant le programme de football amateur donc j’ai vu un peu les deux côtés de la médaille. Je ne dis pas que c’était loufoque avant, mais c’est essentiel d’avoir un objectif commun », a relevé Hogan qui a été retenu au sein du groupe d’entraîneurs pour son potentiel et son intelligence.