MONTRÉAL – Ils sont gros, ils sont forts, ils sont rapides et ils ont le privilège d’être payés pour jouer au football professionnel. Mais, pour inspirer des milliers d’étudiants, ces modèles pour la jeunesse acceptent de s’ouvrir et de parler de leurs faiblesses.

Costaud et charismatique, Kyries Hebert a grandi dans une pauvreté allant jusqu’à le priver de souliers dans son enfance.

Bâti comme une armoire à glace, Kristian Matte a dû travailler à un très jeune âge pour payer ses premières inscriptions au football.

Imposant à limite d’être épeurant, Philippe Gagnon était timide et épuisé de perdre ses affrontements contre son grand frère.

Kyries HebertGéant et sympathique à la fois, Luc Brodeur-Jourdain était un fumeur amoureux de la musique qui a découvert le football sur le tard.

Tout de même, chacun à leur tour, ils ont compris dans leur enfance que la persévérance scolaire était primordiale pour accomplir leurs objectifs. Maintenant qu’ils sont rendus au sommet de leur carrière, ils ont accepté de partager leur expérience pour motiver les jeunes.

Ces quatre athlètes étaient accompagnés de cinq coéquipiers (Tyrell Sutton, Marc-Olivier Brouillette, Jean-Samuel Blanc, Anthony Coady et Seydou Junior Haidara). Les neuf joueurs des Alouettes ont pris la parole devant des centaines d’étudiants du cycle secondaire de l’École Face, une institution à vocation artistique, pour le lancement de la 20e édition du programme de persévérance scolaire des Alouettes de Montréal.

« Les arts rencontrent les sports », comme l’a bien décrit la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Catherine Harel Bourdon.

Cette rencontre a justement été fascinante alors que la connexion s’est établie grâce à la franchise – et l’humour – des joueurs dans leur histoire respective. Une fois de plus, cette initiative a démontré la pertinence de cette orientation scolaire empruntée par les Alouettes peu de temps après la renaissance de l’organisation montréalaise (en 1996). 

« Je crois que ça leur donne de l’espoir. Ils voient qu’on a traversé des choses difficiles, qu’on a surmonté de l’intimidation ou qu’on vient de milieux pauvres. Ils comprennent que nos histoires se rapprochent des leurs », a raconté Hebert.

Tout au long des allocutions, le mot passion a retenu l’attention.

« L’idée, c’est de partager un message de passion pour démontrer à quel point ça peut aider à franchir des étapes. On valorise aussi le côté académique et l’importance de la culture », a ajouté Brodeur-Jourdain qui est l’un de ceux qui multiplient les implications communautaires.

De son côté, Brouillette est impressionné par la longévité de ce programme qui a visité des centaines d’écoles et des milliers d’étudiants.

« C’est extraordinaire de savoir que plusieurs joueurs l’ont fait avant moi et que ça se poursuivra après nous. C’est merveilleux pour les jeunes et la communauté », a-t-il reconu.

Ce programme qui connaît un franc succès fera prochainement des petits. En effet, le nouveau président Patrick Boivin a déjà affiché ses couleurs sur l’aspect crucial de l’implication dans la communauté. Vendredi matin, il a parlé de créer une gamme de programmes pour développer cette relation.

« Le programme scolaire est phénoménal, mais ça reste une forme d’initiative et tu peux difficilement cerner l’impact que tu as avec un témoignage, on ne peut pas le chiffrer. On aimerait développer d’autres filons reliés pour avoir une influence sur différents axes scolaires », a relevé Boivin en citant des possibilités aux niveaux primaire, collégial et universitaire.

Même si les résultats ne peuvent guère être comptabilisés, Brodeur-Jourdain reçoit une panoplie de messages positifs.

« C’est de la prévention, on lance un message d’espoir et on espère accrocher le maximum de l’auditoire. J’ai reçu beaucoup de commentaires par les réseaux sociaux et ça ressemble souvent à ‘Mon jeune est revenu à la maison aujourd’hui et il me disait à quel point ton discours l’a inspiré’. Je me souviens que Martin Matte était venu à mon école secondaire et une partie de son message était qu’il a été intelligent dans sa manière de fonctionner. Il avait toujours un plan B derrière ses projets en humour. Il faut voir au-delà des choses qu’on ne contrôle pas », a témoigné Brodeur-Jourdain qui a agi comme maître de cérémonie.

Celui qui rêvait au départ de devenir une vedette rock lira probablement d’autres messages positifs dans les prochains jours. En effet, lui et ses partenaires ont prouvé aux élèves que la persévérance scolaire enrichit la vie et crée de merveilleuses occasions pour le monde du travail.

Mais ce n’est pas tout, les joueurs des Alouettes ont démontré que la persévérance permet de se rendre plus loin jour après jour. Alors que Kyries Hebert désire prolonger sa carrière, Brodeur-Jourdain a exprimé le meilleur exemple. Il rêve de jouer assez longtemps pour que son fils le plus vieux – qui est âgé d’un an et demi – puisse aller le rejoindre en courant sur le terrain après un match.

En racontant ce souhait, Brodeur-Jourdain n’a pas été capable de retenir les émotions qui sont venues l’envahir. Ce discours de persévérance ne sonnait pas faux, bien au contraire, et les adolescents présents dans la salle l’ont compris.