MONTRÉAL – Depuis quelques années déjà, Jacques Chapdelaine épiait de loin la situation des Alouettes de Montréal dans l’espoir de déterminer le moment opportun de revenir à la « maison ».

Les rumeurs répétées associant son nom avec l’organisation montréalaise n’étaient donc pas farfelues. Habile communicateur, Chapdelaine ne cache pas qu’il a souvent conversé avec les Alouettes par le passé.

« C’est arrivé à quelques reprises dans les dernières années. Dans un circuit à neuf équipes comme la Ligue canadienne de football, les discussions sont assez fréquentes avec plusieurs formations. Les gens ont souvent ramené mon nom, peut-être parce qu’il est francophone, dans les discussions et c’est normal et même flatteur », a convenu l’homme de 54 ans.

Par contre, il fallait que les conditions favorables se présentent et c’est par le projet de venir épauler Anthony Calvillo que l’entraîneur d’expérience a été charmé.

À première vue, le contexte choisi pouvait toutefois sembler étonnant puisque le fin stratège ne reçoit pas une promotion en recevant le titre d’entraîneur des receveurs et de conseiller spécial à Calvillo, le coordonnateur offensif. Avant de s’embarquer dans une nouvelle aventure, Chapdelaine étudie toujours quatre facteurs : le côté personnel ainsi que les aspects contractuel, compétitif et performances.  

« Cette année, je trouvais que c’était attirant de revenir ici au niveau personnel. Pour le côté compétitif, on a vu les signatures de joueurs autonomes pour être dans le coup. Quant aux performances, c’est la chance de venir travailler auprès d’Anthony Calvillo. Je ne regarde pas la situation en pensant au titre qui sera écrit à côté de mon nom, mais dans l’état dans lequel je vais m’investir dans un projet de travail. Je vois celui-ci comme un projet de championnat », a exprimé Chapdelaine.

« S’investir avec Anthony, Jim (Popp) et les autres entraîneurs, je trouvais ça intéressant au point de vue performances », a ajouté celui qui a pu conclure une séparation contractuelle avec les Roughriders de la Saskatchewan pour quitter vers Montréal.

Il faut cependant comprendre que le terme de conseiller spécial englobe une grande latitude question de profiter de tout le bagage de l’ancien entraîneur du Rouge et Or de l’Université Laval.

« Mon rôle sera de m’assurer qu’Anthony soit le meilleur possible dans son poste tout comme je le faisais avec un quart-arrière actif. Dans ce sens, ma relation ne sera pas très différente de celle que j’ai pu avoir avec Travis Lulay, Kevin Glenn ou Buck Pierce. Dans le fond, Anthony a été quart-arrière et il sait comment il veut faire les choses. Ce sera à lui d’implanter sa vision et son leadership », a indiqué le Sherbrookois aux médias rencontrés au Stade olympique. 

Dès maintenant et tout au long de la saison, Chapdelaine viendra ajouter son grain de différentes manières pour parfaire les connaissances de Calvillo dans sa nouvelle carrière.

« Comme adjoints, c’est à nous de soulever des points pour qu’Anthony puisse élaborer sa vision. La chose importante à accomplir dans les prochaines semaines sera d’apprendre à voir les choses comme lui, mais ça ne devrait pas être difficile avec un gars aussi connaisseur », a précisé l’ancien receveur des défunts Concordes et des Alouettes de Montréal dans les années 1980.

Même s’il connaissait la réputation de Calvillo depuis longtemps, Chapdelaine n’a pas sauté les étapes et il a longuement bavardé avec son nouveau patron avant d’accepter le défi.

« On a eu de bonnes discussions ensemble, tu n’acceptes pas un tel poste sans avoir des conversations exhaustives. On le sait, Anthony a joué très longtemps et il a une excellente tête de football. Ce qui lui manque, c’est seulement de l’expérience comme coordonnateur offensif », a témoigné Chapdelaine avec optimisme.

Le futur entraîneur des Alouettes ?

Même si la réponse a été très positive, la nomination de Chapdelaine a fait sursauter plusieurs partisans et observateurs pour la simple et bonne raison qu’il détient tous les qualifications pour diriger l’équipe.

Chapdelaine n’a pas trop voulu s’embarquer dans ce débat puisqu’il espère demeurer au sein de l’organisation des Alouettes pour plusieurs années. Son expérience lui rappelle que le monde du sport professionnel change très rapidement, mais il est venu dans la métropole québécoise pour appuyer Calvillo.

Quant à ce dernier, il réalise qu’il est entouré d’une panoplie d’entraîneurs de premier plan et il recherchait justement un tel contexte pour redorer le blason de l’organisation.

« Je n’ai pas vu les choses ainsi même si je sais que nous misons sur plusieurs excellents entraîneurs qui ont les capacités pour devenir un jour des entraîneurs en chef. Mais nous sommes loin de là, il faut avant tout bâtir notre plan pour avoir du succès comme organisation sous notre leader Jim Popp », a argué l’ancien numéro 13. 

« Il y a eu plusieurs spéculations par le passé selon lesquelles Kavis (Reed) peut être l’homme ou bien Noel (Thorpe) ou même moi, mais on ne peut pas contrôler ça. Avec la présence de Jacques, il y a aura tout simplement un nouveau nom dans les discussions. De notre côté, on se concentre surtout à développer une chimie comme personnel pour redevenir une équipe gagnante », a proposé le légendaire quart-arrière en discutant avec les journalistes.

Calvillo est derrière cette embauche

D’entrée de jeu, Calvillo a dévoilé qu’il se retrouvait en quelque sorte à l’origine de l’embauche de Chapdelaine. En effet, AC tenait à s’entourer de « têtes fortes » du football pour rebâtir le nid des Alouettes.

« J’ai toujours pensé, en me fiant sur mon expérience de joueurs, que le personnel d’entraîneurs est la chose la plus importante pour avoir du succès sur le terrain et Jim m’a donné la latitude d’embaucher les gars pour me compléter », a confié celui qui en sera à sa première saison complète comme coordonnateur offensif.

Calvillo a cependant eu besoin de l’aide de Popp pour dénicher les candidats les plus intéressants.

« Je n’ai pas encore de contact dans ce milieu, j’essaie de me bâtir un réseau. C’est donc Jim qui m’a suggéré des noms potentiels et je me suis occupé d’étudier leur parcours et de faire les entrevues », a-t-il révélé. 

« Quand son nom a été soulevé, j’ai été très excité la possibilité et je suis content que le tout ait fonctionné. Lorsqu’on parle d’un entraîneur comme Jacques qui a tant d’expérience, comment ne peut-on pas lui demander de se joindre à notre personnel ? », a ajouté Calvillo.

Évidemment, Calvillo s’inspire de toutes les leçons de sa carrière de joueur pour développer son style d’entraîneur et sa philosophie de travail. Mais s’il avait à se fier sur une seule leçon, il s’agit de celle-ci.

« En tant que jeune joueur, j’ai été très borné et j’ai éprouvé des ennuis. J’ai appris qu’il fallait avoir l’esprit ouvert pour pouvoir apprendre. Je crois donc que le fait d’avoir plusieurs adjoints de qualité dans le groupe va nous rendre meilleurs. Pour moi, c’est un très gros avantage de miser sur lui », a conclu Calvillo.

La relation entre Chapdelaine et Calvillo promet de produire des étincelles offensives, mais les deux hommes devront s’attarder à une multitude de dossiers avant le lancement de la saison. Ces sujets, comme « l’heureux problème » de compter sur une escouade très talentueuse de receveurs incluant S.J. Green et Duron Carter, seront abordés dans un deuxième texte jeudi.