L'annonce du retrait du chandail de mon ancien coéquipier Anthony Calvillo me donne la chance de vous parler un peu de lui aujourd'hui. J'ai eu la chance de jouer de 1998 à 2004 avec le grand AC. En 1998 nous étions tous deux encore très jeunes et vigoureux… Avec les Stephen Reed, Doug Peterson, André Bolduc et Brian Clark, je vous jure que nous avons eu de belles années sur et hors du terrain.

Sans tous vous raconter, j'ai quand même une anecdote qui me vient en tête et qui démontre très bien quel genre de coéquipier et de personne Anthony était et reste toujours.

C'était en 2000, je crois. Nous étions en route pour Hamilton à bord d’un train, comme nous le faisions toujours lorsqu’on devait jouer à Toronto ou Hamilton. Nous avions l'habitude de jouer à « Dealer's choice », afin de nous détendre durant le voyage.

Habituellement, rien ne tombait trop hors de contrôle, mais cette fois-là fut différente... Nous étions AC, André Bolduc et moi-même pris dans une partie de « In Between » dont on avait perdu le contrôle Bolduc et moi. Dans le pot, André y avait déposé 800 $ et moi 1600 $ après avoir tous les deux frappé le poteau et dû doubler notre mise plus d’une fois. Anthony, lui, n’avait dû miser que 20 $.

Pour vous donner une idée, 1600 $ c’était à peu près l’équivalent de mon chèque de paie net. Pas besoin de vous dire que je ne filais pas trop trop. À ma gauche, André était lui aussi blanc comme un drap.

C'est à ce moment qu’AC a reçu un roi et un deux et y est aller pour le pot jusqu’au moment où nous sommes arrivés à destination. Je me rappellerai toujours le 10 de pique qui a été tourné pour lui faire gagner la mise. Le mal de coeur m’a pris, alors qu’André était rendu transparent. AC, lui, avait le sourire fendu jusqu'aux oreilles.

C'est alors qu'en prenant son sac au-dessus des bancs, il nous a regardé et dit: « faites juste me payer le souper au Calzone (endroit où nous allions toujours souper ensemble à Hamilton) ce soir les boys et ça va être beau ».

C'était ça Anthony Calvillo. En bon québécois, il était tout simplement un bon gars. C'est le genre de coéquipier qu'il était et qui t’incitait à vouloir passer à travers un mur pour lui.

Ce que je me rappellerai le plus du grand Anthony, c'est qu'à chaque fois où je me présentais sur un terrain et que je le voyais au poste de quart dans le caucus, je savais que j'avais une chance de gagner. Non, nous ne gagnions pas toujours, personne ne le fait. Mais il nous donnait espoir, et comme le dit si bien mon collègue et ancien coéquipier Pierre Vercheval, c'est tout ce que tu veux de ton quart. Car l'espoir est l'essence même de la persévérance et du dépassement. Et ça, Calvillo nous en donnait chaque fois.

Je terminerai en vous parlant de la Coupe Grey 2009. Celle du 13e homme, un match que j'ai eu la chance de décrire avec Charles-Andre Marchand. Pour moi, c'est le match qui aura transformé la carrière de Calvillo. Rien n’allait à la mi-temps pour les Alouettes. Tous se demandaient si les Alouettes allaient encore s'effondrer à la Coupe Grey. Tous regardaient pour voir comment AC allait réagir.

AC a selon moi joué sa meilleure demie à vie si on prend en considération sa performance et surtout le moment. Il a été magistral, tout simplement, y allant d'une performance de 15 en 20, 75% de passes complétées, 190 verges et deux passes de touché. WOW!.

Ce soir-là, je vous garantis que pour une fois, les Dieux du football ont vu juste quand ils se sont assurés de donner une deuxième chance à Damon Duval de botter le ballon entre les deux poteaux.

En effet, ils ont vu très juste car personne sur ce terrain, et je dis bien personne, ne méritait plus que le grand Anthony Calvillo de soulever la coupe Grey ce soir-là.

Cette coupe le projetait pour toujours dans la cour des grands, où il mérite pleinement d'être pour le reste de sa vie.

Félicitations AC et surtout merci!