C’est clairement la LCF qui a détenu le gros bout du bâton pendant tout le processus des négociations et elle est sortie gagnante de ce processus.

Tout de même, il faut noter que les joueurs obtiennent des bénéfices dans cette entente. Par exemple, le plafond salarial des équipes était fixé à 4,4 millions en 2013 et il grimpera à 5 millions cette année. Il s’agit d’une augmentation considérable de 600 000$ sur 4,4 millions.

De plus, la compensation pour la ratification accorde un montant supplémentaire d’environ 300 000$ par équipe. C’est donc dire que l’année 2014 mènera à une augmentation d’un million sur le plafond salarial. Ainsi, les joueurs auront plus d’argent en poche et ils recevront leurs chèques sans délai en vertu de l’entente.

Ce n’est pas rien dans un circuit dans lequel les salaires ne sont pas très élevés et ça constitue, dans un sens, une certaine victoire d’obtenir plus d’argent.

Mais quand on observe les négociations, on constate que les joueurs n’ont pas été en mesure d’établir un levier pour faire bouger les dirigeants de la LCF. Au départ, la majorité des observateurs trouvaient que les demandes des joueurs étaient trop élevées à 6,24 millions, mais ils avaient droit à leur part du gâteau.

Les joueurs utilisaient comme slogan « We are the game » et ils n’ont pas tort, mais les propriétaires et les entraîneurs ont également un rôle à jouer. Je tiens à rappeler que j’ai été joueur dans la LCF et j’ai davantage penché du côté des revendications de mon association durant ma carrière.

En faisant le bilan des négociations, on conclut que les propriétaires ne voulaient pas céder et ils ont maintenu leur position jusqu’à la fin outre quelques dollars de plus. Dans ce sens, c’est probablement dommage d’avoir effrité certaines relations à travers la ligue quand les gains sont si limités.

L’Association des joueurs avait fait miroiter plusieurs gains potentiels à ses membres en précisant que ce serait difficile, mais que ça serait bénéfique. Finalement, les joueurs sortent bredouilles de ce parcours. Je le répète, ils toucheront plus d’argent, mais c’est lié au meilleur contexte économique de la LCF et non aux revendications des joueurs.

Quand on écoutait le discours du commissaire Mark Cohon et des propriétaires, ceux-ci disaient que 6 des 9 équipes subiraient des déficits en acceptant les propositions des joueurs. Évidemment, la LCF ne peut pas se permettre un tel scénario. C’est une ligue qui possède finalement des assises plus solides, mais il ne faut pas oublier qu’elle a peiné pendant plusieurs années à un point qu’Ottawa tente de revenir dans l’aventure pour une troisième fois.

Ce n’est pas tout, les Lions de la Colombie-Britannique et les Argonauts de Toronto sont détenus par le même propriétaire. Ne vous méprenez pas, il ne possède pas ces deux organisations car elles sont des mines d’or, mais plutôt puisqu’il voulait sauver une équipe qui était empêtrée dans un gouffre financier. Il agit ainsi étant donné qu’il aime la LCF.

Les propriétaires impliqués dans la LCF soutiennent leur organisation pour l’amour du football et non dans le but de remplir leurs poches. Il faut donc comprendre ces dirigeants qui ont dû se contenter de miettes pendant quelques années. Maintenant, ils se retrouvent avec une position plus solide qui pourrait favoriser une autre expansion. Après tout, il faudra trouver des investisseurs et ceux-ci vont se présenter quand le contexte économique est favorable.

Surtout, je ne dis pas que les joueurs n’ont pas raison de réclamer davantage. Dans le fond, ils auront plus d’argent pour eux et les propriétaires vont travailler sur des bases plus solides. Ces deux côtés de la médaille vont contribuer à l’avenir de la LCF. Ce n’est peut-être pas la meilleure convention collective pour les joueurs actuels, mais elle contribuera à la santé du circuit.

Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’une entente de quatre ans alors que la mode des autres circuits professionnels s’avère de signer des pactes de huit ou dix ans. Dans le fond, la LCF traverse une période importante de son développement et les deux partis pourront négocier de nouveau dans quelques années. Je trouve que c’est logique dans le contexte d’une ligue qui n’est pas sur une pente ascendante depuis très longtemps.

Facile de comprendre la frustration des joueurs

Je comprends les réactions de certains joueurs qui critiquent l’entente. J’aurais probablement été frustré également si les représentants des joueurs et l’exécutif avaient utilisé le même discours. Ils ont répété que la lutte serait difficile et que tous les efforts seraient effectués pour récolter des dividendes. Ils sont parvenus à convaincre plusieurs joueurs d’aller vers l’option de la grève ce qui n’est pas évident à accomplir.

Finalement, les joueurs n’ont rien gagné dans le processus des négociations et ce n’est pas surprenant d’assister à des commentaires acerbes de certains membres. On a notamment vu les propos de Jeff Hecht (il est allé trop loin) et ça démontre que les joueurs sont un peu fâchés d’avoir vécu tout cela pour un tel résultat. Dans le fond, ils auraient dû signer à la fin de la dernière année et ils auraient obtenu la même entente.

Le salaire minimum a augmenté selon les propositions des dirigeants et c’est la même chose pour le plafond salarial. De l’autre côté, les joueurs avaient demandé la présence d’un neurologiste indépendant sur les lignes de côté et ils n’ont pas obtenu gain de cause. Le temps d’entraînement a été augmenté de 4,5h à 6h par jour... C’est donc normal d’assister à de la frustration chez les joueurs.

Aperçu des enjeux du camp d’entraînement

Laissons de côté les aspects financiers pour parler de ce qui nous intéresse le plus, le football. Le camp d’entraînement des Alouettes poursuit donc son évolution et je suis allé observer le match intra-équipe samedi et je dois dire que j’ai trouvé le niveau d’intensité plutôt bas. Je m’attendais à davantage d’éclat même si je comprends qu’une certaine fatigue s’installe après une semaine intensive de camp. Je prévoyais des confrontations plus relevées car c’est l’unique façon de te faire valoir en situation de match.

Sans surprise, l’attaque a connu une sortie un peu plus éprouvante et c’est normal. En fait, c’est presque toujours le cas tôt dans un camp car les défenses peuvent s’illustrer plus facilement. Ça devient encore plus vrai dans le contexte des Alouettes puisque l’unité défensive a brillé l’an dernier et son agressivité continue de causer des maux de tête aux membres de l’attaque. Inversement, les Alouettes oeuvrent sous un nouveau système offensif avec de nouveaux joueurs et il faut conclure que la défense possède une longueur d’avance prévisible.

En ce qui concerne les batailles à surveiller, commençons par la ligne offensive. Les gens disent beaucoup que ce sera très différent puisque Scott Flory et Andrew Woodruff sont partis, mais ils n’étaient pas sur le terrain pour la fin de la dernière campagne. De plus, Ryan Bomben a joué régulièrement tandis que Kristian Matte a hérité d’un temps de jeu intéressant. Je ne suis pas inquiet en raison de l’expérience des joueurs.

Au poste de quart, c’est définitivement l’équipe de Troy Smith. Ça semble assez clair pour les entraîneurs, mais on doit espérer qu’il fasse le plus d’entraînements que possible. Je fais ici référence à la blessure qui l’empêche de commander l’attaque présentement.

L’an dernier, c’était surtout ce manque d’expérience qui avait été coûteux pour lui dont en changeant de cahier de jeux offensifs à plusieurs reprises. Cette fois, il avait l’occasion de mieux assimiler le nouveau système tout en voulant améliorer son synchronisme.

Tanner Marsh et Alex Brink représentent les deux autres options des Alouettes, mais ils constituent plutôt de bons quarts réservistes.

Au sujet des receveurs, Jamel Richardson demeure blessé et Duron Carter ne s’est pas entraîné en raison d’un malaise à une épaule causé dès le premier jour et on dit que c’est préventif dans son cas. À leur retour, ils seront utilisés avec S.J. Green et une bataille opposera les autres prétendants incluant Chad Johnson, Brandon London ainsi que les receveurs canadiens Dave Stala et Éric Deslauriers. Ce sera intéressant de surveiller qui ressortira du lot car les Alouettes misent sur une pléiade de joueurs de talent.

Pour les porteurs de ballon, Brandon Whitaker semble détenir le poste de numéro un, mais il risque de partager le boulot avec Tyrell Sutton surtout que Whitaker est fragile dernièrement.

Sur le plan défensif, la lutte la plus intrigante se situe à la position de secondeur intérieur pour combler le départ de Shea Emry. Bear Woods devait être le prétendant, mais il s’est blessé pour quelques semaines.

Il est important de préciser que cette position diffère dans ce système de Noel Thorpe. En fait, cet athlète devient en quelque sorte un cinquième joueur de ligne défensive qui s’avance toujours dans le front. Emry préférait évoluer dans un milieu plus libre et il a quitté Montréal en partie pour cette raison.

Ce n’est pas un mandat évident et les Alouettes semblent vouloir employer des joueurs avec un gabarit imposant (plus de six pieds deux pouces et 250 livres) comme Aaron Lavarias. Ils peuvent reculer en couverture de zone, mais surtout se poster sur la ligne et attaquer le quart adverse.

Ce sera donc à Thorpe de bien déterminer ce qu’il désire dans son système, mais les Alouettes possèdent des joueurs qui peuvent remplir ce rôle.

*Propos recueillis par Éric Leblanc