Listen to "Sac du quart - Épisode 1 - 19 juin 2017" on Spreaker.

À l'ouverture du camp chez les Alouettes de Montréal, il y avait beaucoup de questions dans l'air. Ces questions demeurent en suspens tant que les vraies parties n'ont pas été jouées. Quand on sera en mesure de comparer une équipe numéro un contre une véritable équipe numéro un, les réponses seront plus faciles.

Un camp d'entraînement et des matchs préparatoires sont faits pour comparer des talents individuels, mais pas nécessairement pour établir le talent de l'équipe. L'état-major veut voir quels sont les athlètes qui peuvent gagner leurs batailles à un contre un par exemple. On utilise généralement, un système plutôt simple pour mesurer les aptitudes de chacun des individus.

Dans mon esprit, les dernières semaines m'ont démontré qu'il y a un bon groupe d'entraîneurs chez les Alouettes. Malgré des systèmes simples à l'entraînement, on a vu qu'il y a une philosophie derrière ce qui se fait. Les choses sont bien pensées, réfléchies et il y a une séquence derrière les événements. Je pense qu'on a mis sur pied un organigramme fonctionnel avec Jacques Chapdelaine comme entraîneur au sommet de la pyramide. Vous avez notamment Anthony Calvillo qui s'occupe des quarts et qui peut transmettre toute sa connaissance. On a refait l'organigramme de belle façon pour optimiser le groupe.

Les questions étaient nombreuses du côté de l'attaque. Si le quart Darian Durant reste en santé, les amateurs pourraient avoir droit à une belle saison. C'est un gars qui est en contrôle, qui n'a démontré aucune hésitation contre le Rouge et Noir d'Ottawa. Il sait où il s'en va avec le ballon. S'il doit aller chercher que cinq verges plutôt qu'un long jeu si c'est nécessaire, il le fera. Il est mature, intelligent et il est capable d'offrir aux Alouettes du dynamisme au poste de quart.

Il y a un autre front qu'on a amélioré durant la saison morte et que j'ai hâte de voir contre une vraie défensive, c'est la ligne à l'attaque, qui a été vraiment impressionnante contre Ottawa. Ça fait du bien de voir cette ligne avoir du succès, car elle était devenue une vraie passoire. Les systèmes préconisés et les entraîneurs étaient responsables des lamentables résultats. Ce n'était que pas nécessairement la faute des joueurs. Actuellement, il y a un bon coach et un bon système en place. Il ne faut pas oublier également la présence d'un vétéran quart qui pourra guider ses coéquipiers de son unité, car c'est aussi à Durant de faire les ajustements quand il voit venir le blitz. Je suis très encouragé par l'attaque.

Avec la présence de Durant au poste de quart, qui a la réputation d'être un peu fragile, il était nécessaire de renforcir la ligne à l'attaque. Les Alouttes sont allés chercher deux bloqueurs américains, comme beaucoup équipes font. Au football, tout commence dans les tranchées. Quand tu gagnes la guerre des tranchées en attaque et en défense, les chances de gagner sont très grandes. Depuis quelques années, les Alouettes ne gagnaient plus au niveau de la ligne à l'attaque. L'équipe a ajouté Jovan Olafioye, qui est probablement le meilleur joueur de ligne de la ligue. À droite, vous allez retrouver Brian Simmons et il y a beaucoup de profondeur canadienne dans le centre. C'est impressionnant ce que les Alouettes ont réussi à faire durant la saison morte avec cette ligne.

Le seul point d'interrogation se trouve chez les receveurs selon moi. Ernest Jackson est un bon receveur numéro un, mais après lui c'est plus problématique. Il n'y a pas beaucoup de receveurs qui ont prouvé des choses jusqu'ici. B.J. Cunningham a un peu d'expérience alors qu'Alex Charette et Samuel Giguère sont sur la liste des joueurs blessés. Il y a aussi Nik Lewis qui se fait vieillissant. J'ai bien hâte de voir qui dans ce groupe va s'illustrer. Du lot, je pense que Cunningham doit élever son jeu d'un cran. Il est celui qui a le plus d'expérience avec le système et il est un bon receveur. Il l'a démontré par le passé. C'est le temps pour lui de grimper d'un échelon pour donner une deuxième cible de choix à Durant.

Il y a des jeunes aussi qui annoncent de belles promesses. Il y en a un sur l'équipe d'entraînement et je ne sais pas si l'on va lui donner sa chance. Il s'agit de TJ Graham que j'ai beaucoup aimé. Il est très rapide et il fait de beaux tracés. Il est passé par la NFL et il pourrait éventuellement aider. Il y aura aussi des receveurs canadiens, Devon Bailey, Alex Pierzchalski et Alexander Morrison, qui vont jouer grâce au ratio.

En défensive, on a eu droit à une cure de rajeunissement. On a enlevé de l'argent en défensive pour l'investir en attaque, mais ça ne m'inquiète pas nécessairement, car il y a encore des éléments clés. On n'aura peut-être pas la force défensive des années antérieures, mais il y a toujours l'excellent coordonnateur en défensive Noel Thorpe. La ligne tertiaire a été rajeunie et les postes de secondeurs ont été remaniés après les départs de Winston Venable et Bear Woods. J'imagine que la direction est confiante avec les joueurs en place, mais ça demeure un point d'interrogation. Il y a de bons joueurs, mais peu de profondeur. Mais par le passé, Thorpe a réussi à faire produire ceux qu'il envoyait dans la mêlée.

La formation des Alouettes est finalisée

Le dossier du botteur Boris Bédé est vraiment intéressant. Il a l'une des jambes les plus puissantes du circuit, mais il a connu des ennuis l'an dernier. Sa performance contre Ottawa a été l'une des plus belles performances que j'ai vues. Dommage que c'était qu'une partie préparatoire. Ses bottés de dégagement tombaient à l'intérieur de la ligne de cinq, ses bottés d'envoi étaient dans la zone des buts, ses placements étaient parfaits. Chez un botteur, ça se passe entre les deux oreilles parce que les capacités athlétiques demeurent. C'est une question de caractère et de force mentale. Boris a dit qu'il avait appris durant la dernière année et j'espère que ça lui servira. S'il donne ce qu'il a donné l'entraînement, ce sera un avantage marqué pour les deux unités des Alouettes. À son année recrue il y a deux ans, il avait été extraordinaire, mais l'an dernier, il a eu un genre de blocage. Vous savez quand la chaîne débarque, c'est difficile à ramener. C'est une question de confiance et souvent de mécanique. C'est un peu comme au golf.

Au niveau des unités spéciales, si Boris joue bien, ça va aider au positionnement. Stefan Logan a encore du jus dans le réservoir comme retourneur de ballon comme il l'a démontré durant le camp, mais il y a peu de profondeur à cette position. C'est pour cette raison que la libération de Jovon Johnson me surprend. Je pense qu'il aurait pu offrir de bons services en début de saison si Logan tombait au combat. Johnson est un vétéran qui peut jouer à plusieurs positions.

Le reste de l'unité est vraiment bien et il y a plusieurs Canadiens avec Nicolas Boulay en tête, Frédéric Plesius qui est une machine sur les unités spéciales. Il y en a d'autres excellents membres, ce qui me fait dire que je n'ai pas de doute que cette unité peut avoir du succès. En plus, le coordonnateur des unités spéciales semble être apprécié des joueurs. Il semble avoir un plan et il sait où il s'en va. Ça pourrait faire une grosse différence.

Globalement, je pense que les amateurs auront droit à une meilleure saison. Remarquez qu'il est difficile de faire pire. Cette équipe n'a pas participé aux éliminatoires depuis deux ans. À ce stade, toutes les équipes disent qu'elles se sont améliorées et qu'elles peuvent gagner la coupe Grey. Est-ce que les Alouettes vont gagner? Difficile à dire, mais ils ont les ingrédients pour le faire. Une chose est certaine, les Alouettes vont connaître beaucoup plus de succès et pour la première fois depuis des années, l'organisation est positive.

Par le passé, il y avait un homme qui décidait de tout. C'était trop de pouvoir entre les mains de Jim Popp. Maintenant, tout le monde a sa responsabilité et chacun à ses taches. Auparavant, il y avait un désalignement chez les Alouettes à partir de l'administration aux opérations football. Maintenant, les choses se font de la bonne façon. On est partie du haut vers le bas. On retrouve le nouveau Patrick Boivin comme président. Sous lui, il y a le directeur général Kavis Reed, l'entraîneur Jacques Chapdelaine, ses adjoints et les joueurs. Tout ce beau monde semble sur la même ligne, ce qui rend les choses intéressantes. Ça donne l'impression d'avoir de l'harmonie.

Quand Jim Popp avait été embauché comme entraîneur de l'équipe, on disait alors qu'on cherchait l'harmonie et la stabilité. Si la stabilité était réelle, l'harmonie n'y était pas vraiment. Ça ne semble plus le cas maintenant.

*propos recueillis par Robert Latendresse