D’entrée de jeu, je suis super content de la victoire des Alouettes de Montréal contre les Roughriders de la Saskatchewan samedi, et ce, pour plusieurs raisons.

D'abord, les Als n’ont pas eu souvent l’occasion de célébrer cette saison, alors on va en profiter.

De plus, ce succès est symbolique pour moi. On a fait le ménage, on s’est débarrassé de pommes pourries dans le vestiaire, et après ce geste, l’équipe a bien répondu.

Malgré le fait qu’elle avait été éliminée la veille avec la victoire des Tiger-Cats de Hamilton, l’équipe est sortie avec énergie et enthousiasme. Elle a travaillé fort, elle a fait ce qu’elle devait faire, elle a joué le meilleur match possible, et je trouve ça agréable comme dynamique. Ça me dit que les joueurs veulent bien faire, qu’ils sont compétitifs et fiers. Ils veulent offrir de bonnes performances. Il n’y avait plus d’enjeu, mais le camp d’entraînement 2017 est en quelque sorte débuté. On évalue l'effectif pour la prochaine année.

Vernon Adams fils a offert une performance intéressante. Au niveau statistique, il a été correct sans être éclatant. Je l’ai trouvé bon, mais c’est au-delà des chiffres que c’était rafraîchissant. Parce que si on ne prend pas le contexte en considération et qu’on ne se fie qu’à la feuille du match, ça ne donnera pas un portrait juste de la situation.

Il a eu seulement une semaine d’entraînement avec l’unité no 1, c’est sa première année dans la LCF, c’est son premier match comme partant, sur la route, dans un environnement hostile comme la Saskatchewan. Les conditions n’étaient pas vraiment belles non plus avec la pluie. Il faut ajouter que la défense des Roughriders est l’une des meilleures statistiquement depuis les cinq derniers matchs (elle n’a alloué que 19 points par rencontre au cours de cette période). Oui, l’équipe était éliminée et elle avait la pire fiche dans l’Ouest, mais dans le dernier droit, elle a joué de l’excellent football, notamment en défense. Malgré tout ça, Adams en a fait juste assez, il a été bon quand ça comptait. Il s’est fié à son instinct et ses jambes ont fait la différence. C’était un gros défi pour lui dans ce contexte. Surtout qu’on a donné un choix de première ronde pour lui, qu’il a conscience que c’est son premier match et qu’on en fait l’évaluation pour 2017.

Il a bien géré son match et ses émotions. Je ne l’ai pas vu paniquer. J’ai vu un jeune qui était en contrôle, qui avait un bon sang-froid. Bref, tout ce que Rakeem Cato n’a pas démontré à Calgary, Adams l’a fait en Saskatchewan. J’ai aussi vu un gars positif. Quand on y pense, il aurait eu toutes les raisons de s’énerver quand on constate les six sacs du quart qu’il a  encaissés juste en première demie, en plus des trois ou quatre passes échappées par ses receveurs. Il aurait pu montrer des gestes de frustration, mais il est resté positif, il n’a pointé personne du doigt. C’est ça qui m’intéresse dans la performance de Vernon Adams. Je l’ai trouvé calme pour un jeune quart, il a bien sorti du caucus et il a bien géré la ligne d’engagement. Je l’ai même vu travailler avec la cadence silencieuse et faire la technique du faux départ où tu fais croire à la défense adverse que tes receveurs partent en mouvement pour amorcer le jeu, mais qu’ils arrêtent à la ligne d’engagement pour forcer la défense qui pense que le jeu débute à montrer ses cartes. C'est alors que tu te réinstalles et que tu décides de conserver ou changer le jeu. Adams a donc changé la cadence, alors qu’avec Cato, c’était toujours la même chose et l’adversaire le voyait venir.

Sinon, quand on regarde les 177 verges amassées par la passe, là-dessus il y en a eu 106 après l’attrapé. C’était donc de courtes passes suivies de courses, mais c’était correct. Ce qui est davantage ressorti du lot, c’est sa mobilité, son jeu de pieds. Il a fait de belles courses, il a gagné du temps, il a évité des sacs du quart. Sur un jeu, il s’est carrément déguisé en Houdini. Il s’est sorti du trouble alors qu’il aurait dû y avoir sac du quart. Puis il a lancé une superbe passe à Nik Lewis qui est devenu un long jeu. Sur sa passe à Marcus Henry, il a couru partout, il a gagné du temps et il a finalement quitté sa pochette du côté gauche pour repérer son receveur. Il garde les jeux en vie, surtout avec les problèmes de protection et de ligne à l’attaque. Bien des quarts, même des vétérans, n’auraient pas su garder le moral comme lui. Il aurait pu avoir encore plus de sacs, et si ça avait été Cato, c’est sûr qu’il se serait fait avoir. Adams est beaucoup plus solide sur ses jambes et beaucoup moins nerveux dans sa pochette. Il a protégé le ballon et n’a subi qu’un revirement. Et même que l’interception, une longue passe, est devenue comme un beau botté de dégagement car ça a refoulé la Saskatchewan profondément dans son territoire. Quelques jeux plus tard, la Saskatchewan était victime d’un revirement...

Par contre, il ne faut pas non plus trop s’emballer. On se souviendra tous que lors du premier départ de Rakeem Cato à Montréal contre Calgary, il avait offert une prestation incroyable et on se disait que ça y était. Puis à son second départ à Winnipeg, ça avait été difficile, et maintenant on connaît la suite. Je ne dis pas qu'Adams est le prochain sauveur, mais je trouve qu’il a bien réagi au-delà des chiffres. Car ce que je retiens, c’est son langage corporel, son attitude sur le terrain comme dans le caucus et sur les lignes de côté. C'est aussi l’interaction avec ses coéquipiers.

Pour revenir à la ligne à l’attaque, j’ai trouvé ça correct qu’on apporte des changements, la preuve étant qu’on n’a alloué aucun sac en deuxième demie. On a sorti Jacob Ruby, un bloqueur à gauche qui en arrache depuis le début de l’année, puis on a inséré Luc Brodeur-Jourdain, et parfois Jake Piotrowski. Je m’explique d’ailleurs mal le fait qu’on n’embarque pas plus souvent  Brodeur-Jourdain sur le terrain car pour moi, la meilleure combinaison de ligne à l’attaque comprend clairement Luc Brodeur-Jourdain comme centre, Kristian Matte comme garde à gauche et Philip Blake comme bloqueur à gauche. Je sais que Luc n’a pas joué beaucoup cette année car il revient de sa blessure au genou, mais j’espère que ce n’est pas une question de contrat ou de boni. J’espère que les Alouettes ne se privent pas de la meilleure combinaison en raison de problèmes de plafond.

En fin de compte, c’est grâce à la défense que les Moineaux ont gagné. Cette unité joue du football exceptionnel depuis deux semaines. Avoir limité Calgary à 22 points la semaine dernière est fabuleux, surtout que c’est une attaque qui venait de marquer au moins 30 points à ses huit précédentes parties. Le beau travail s’est poursuivi en Saskatchewan. Ils ont malmené Darian Durant avec cinq sacs du quart, en plus d’avoir provoqué trois revirements. Quand tu fais face à beaucoup de pression, les attaques vont se dire qu’elles doivent la combattre avec des passes rapides et des passes pièges pour lancer le message à la défense adverse qu’on a des solutions, mais là, on était incapable de protéger Durant et même les passes pièges ne fonctionnaient pas tellement les secondeurs et les demis défensifs des Alouettes étaient combatifs. Ils arrêtaient tout. La preuve qu’ils ont mis beaucoup de pression, c’est que la plus longue passe de Ricky Collins a été de 7 verges, celle de Rob Bagg, 3, celle de Caleb Holley, 14, et celle de Nic Demski, 12. La seule déficience des Alouettes concerne les passes au porteur de ballon, car les Riders ont été 10 en 10 pour 124 verges. Ça illustre très bien comment les Riders ont été pris d’assaut parce que les jeux n’avaient pas le temps de se développer. Mais quand tu dois toujours te contenter de ça, ça ne donne pas une attaque très explosive, c’est rare que les petites passes deviennent de gros jeux et se convertissent en touchés.