MONTRÉAL – La morosité a duré pendant quatre longues années dans l’environnement des Alouettes de Montréal. Heureusement, quand il a été enclenché correctement, le revirement s’est effectué sans tarder.

 

On peut même dire, sans exagérer, que le retour en force des Alouettes cette saison est surprenant. Force est d'admettre que le nouvel entraîneur-chef Khari Jones s’est révélé comme la pièce manquante pour dynamiser le potentiel qui habitait la formation.

 

Par contre, trois jours à la suite de l’accès aux éliminatoires, Jones ne se sent pas plus prêt pour réaliser le tour de force qu’il vient d’accomplir avec cette troupe. Ça viendra assurément quand le parcours de 2019 se fera enterrer par la neige et le froid.

 

« J’essaie de ne pas trop y penser, je veux surtout que les gars sentent que j’ai confiance en eux. C’est la chose la plus importante à mes yeux. J’espère qu’ils remarquent que je ne suis pas soucieux durant les matchs. Je suis confortable dans ces situations et je veux que ce soit le cas  pour eux. Je crois qu’ils l’ont démontré, quand on est dans l’eau chaude, ils ne sont pas effrayés, On peut s’en sortir et on a trouvé le moyen de l’emporter. Je suis fier des gars pour ça et je veux que ça continue », a répondu Jones qui ne peut s’arrêter sur ces réflexions durant la saison.

 

À sa sixième année au sein du personnel d’entraîneurs, André Bolduc peut réaliser le bonheur de cette réussite plus facilement. Quand on a cumulé une multitude de postes sous une tonne d’entraîneurs et de coordonnateurs, ça s’explique encore plus.

 

« C’est super positif et c’est surtout rafraîchissant. Ça veut dire qu’on est sur la bonne voie. On ne s’est pas laissé déranger par les éléments extérieurs, l’équipe est demeurée concentrée sur les objectifs atteignables. Ça fait déjà six ou sept semaines qu’on parlait de finir au deuxième rang dans l’Est avec les déboires des Argonauts et d’Ottawa qui a dû composer avec plusieurs blessures. L’autre défi, c’est de garder l’équipe en santé. On a eu des blessures, on a vu des rotations et on perd Tony (Washington) encore, mais ça fait partie du football et ça démontre à quel point la profondeur est importante. On a une certaine profondeur, on assiste à de belles surprises », a confié Bolduc.

 

En poussant la note, on peut dire que l’entraîneur québécois a presque tout fait pour cette équipe sauf être le soigneur. Il met cependant le doigt sur le bobo en parlant de la profondeur, une faiblesse qui était criante par le passé.

 

« Il y a quelques années, si on avait perdu Chris Ackie, ç’aurait été la débandade en défense. Là, il a été remplacé par un autre joueur, Tevin Floyd, qui a fait le boulot. C’est à son tour de se blesser, mais Ackie revient au même moment. On est chanceux, mais on a créé cette chance par la manière dont on a géré le club. C’est tout à l’honneur de Khari qui nous consulte, il n’est pas un dictateur, il aime avoir l’avis de tout le monde », a reconnu Bolduc qui peut exercer son métier avec plaisir sous les ordres de Jones.

 

À ses yeux, même la bagarre au poste de quart-arrière a été positive.  

 

« Les gens se demandent pourquoi (Antonio) Pipkin a d’abord été le partant et non Vernon (Adams fils). Quand les trois finissent sensiblement au même niveau, tu ne peux pas piger au hasard. On a pris celui qui était partant l’an passé et qui avait gagné des matchs. Oui, c’était  peut-être un move safe, mais on ne pouvait pas savoir que Vernon allait s’épanouir aussi vite dans ce système. Pipkin continue de progresser et (Matthew) Shiltz a démontré qu’il était un bon deuxième. Bref, on est plus solide qu’il y a un an à cette position », a témoigné Bolduc.

 

Le nerf de la guerre, c’est aussi de protéger les quarts et de simplifier leur travail quand ils n’ont pas la maîtrise d’un Anthony Calvillo ou d’un Ricky Ray.

 

« Il faut le protéger et on concède moins de sacs. On fait aussi plein d’affaires pour protéger nos quarts. Je pense à nos deux bons porteurs de ballon qu’on utilise souvent et à des passes faciles à exécuter. De petites choses pour se mettre en position de gagner », a-t-il ajouté en parlant également des revirements provoqués par la défense.

 

Bolduc a tenu à souligner l’apport de Joe Mack, qui gère les opérations football, et d’Éric Deslauriers qui contribue à ce chapitre.

 

« On a quelques receveurs qui sont amochés, mais Chris Matthews attend son tour. On doit donner crédit à Joe et Éric qui ont signé Matthews rapidement. Toutes les équipes sont amochées présentement, c’est de voir celles qui peuvent conserver le même rythme », a indiqué l’ancien receveur.

 

Son fils s'illustre déjà avec le Rouge et Or

 

Ceux qui suivent le football universitaire québécois ont déjà constaté que le quart-arrière Thomas Bolduc, le fils d’André, promet énormément.

 

À son deuxième départ aux commandes de l’attaque du Rouge et Or de l’Université Laval, il a mené sa troupe à un gain colossal de 74 à 0.Thomas Bolduc

 

« Je suis super content pour lui, il a pris un mois de camp d’entraînement pour apprendre le cahier de jeux. Il avait deux vétérans de troisième et cinquième année devant lui. Son objectif à court terme, en fait notre objectif parce qu’on en parlait tous les soirs via FaceTime, était d’être habillé pour les matchs. Ensuite, il a grimpé deuxième dans la hiérarchie. Il est arrivé comme partant un peu plus rapidement qu’on avait prévu, mais il a une meilleure compréhension du système maintenant », a transmis le père de quatre enfants.

 

Cette ascension n’est pas banale pour une recrue, mais le talent est présent.

 

« C’est un passeur naturel. Pour un coordonnateur offensif, c’est intéressant d’avoir un athlète de ce type dans du football à trois essais. Justin Éthier voyait la possibilité d’avoir un gars qui peut décocher vite et le faire dans les zones profondes. Il a toujours lancé rapidement même quand l’adversaire déploie de la pression », a noté l’entraîneur qui ne peut que s’empêcher de croire que cette position lui était destinée.  

 

« Il est quart-arrière depuis qu’il a quatre ans, il était avec les Barons de St-Bruno et il a toujours fait ça. C’est en lui, il se lançait le ballon dans les rues avec son frère et ses sœurs. Il a une belle mécanique, je ne lui ai pas appris ça, il en a hérité naturellement. Il est beau à voir lancer. La précision a toujours été sa force et il est rendu à 20 ans donc il a encore développé de la force dans son bras depuis son entraînement cet été. Je le regardais aller l’autre jour à l’entraînement et j’ai été impressionné de voir la qualité de son bras », a-t-il poursuivi.

Ce n’est que la première année de cinq pour Thomas dans l’équipe de Glen Constantin. Puisqu’il se développera entre bonnes mains, le père se concentrera à l’aider à garder ses pieds sur terre.