MONTRÉAL – Les derniers mois ont été éprouvants pour la majorité des joueurs de la Ligue canadienne de football. Loin de rouler sur l’or, la plupart d’entre eux ont dû composer avec tout un choc quand leurs bonis ont été retenus par les propriétaires pendant la saison morte. Le soulagement était donc immense avec l’ouverture des camps d’entraînement.
 
Vernon Adams fils ne fait pas partie des exceptions. Comme bien de ses homologues, il lutte pour un poste régulier et une chance à long terme en tant que partant depuis quelques années. Nul doute, cette saison morte n’a pas été semblable aux précédentes.

« Ce n’était pas évident avec les négociations, les joueurs devaient se débrouiller sans leur argent. Oui, c’était difficile puisque j’ai un enfant. Mais ça fait partie de la vie, il faut s’adapter. On sait tous que rien n’est parfait dans la vie et qu’il faut surmonter des épreuves. Il faut s’ajuster ou tout simplement quitter et j’ai fait de mon mieux pour me préparer adéquatement », a avoué Adams fils sans même qu’on le questionne précisément sur cet aspect.
 
On comprend ainsi aisément que la compétition pour le poste de quart-arrière numéro un des Alouettes ne l’effraie pas du tout. Avant tout, il est heureux d’avoir un emploi et il est prêt à se défoncer sur le terrain.
 
Celui qui détient les commandes, c’est Antonio Pipkin qui a présenté le côté fort amusant de sa personnalité, lundi. Plus svelte que l’an dernier, l’athlète originaire d’Indiana a expliqué son cheminement des derniers mois alors qu’il s’est astreint à un mode alimentaire végétalien.
 
« J’ai essayé cette approche pour être encore plus rapide sur mes pieds. J’ai aussi travaillé sur les petits détails et je me suis assuré de rester à l’affût mentalement en lisant plusieurs trucs pertinents », a lancé celui qui ne voulait toutefois pas se convertir au végétalisme. Il s’ennuierait beaucoup trop du poulet de ce qu’il laisse comprendre.    

« Je me sens plus énergique, mais c’est terminé! J’ai recommencé à manger de la viande, ce n’était qu’un truc pour la saison morte, une histoire de quelques mois. Ce fut la chose la plus difficile de ma vie », a avoué en souriant celui qui a perdu environ 17 livres.
 
L’inspiration est venue de Cam Newton, des Panthers de la Caroline, qui perfectionne son art avec George Whitfield, le même entraîneur des quarts qui aide Pipkin.
 
Du côté football, Pipkin est plongé dans un rôle diamétralement opposé à l’an passé. Il avait dû se contenter de miettes au camp d’entraînement 2018 et il avait été libéré après des prestations décevantes. Rappelé en renfort, il est revenu dans l’équation de belle façon et le poste de partant lui appartient un an plus tard. Il doit désormais le conserver.

« La seule différence, c’est de pouvoir s’entraîner immédiatement avec les partants. (L’expérience des matchs en 2018) Ça m’aide beaucoup, je suis plus familier avec notre attaque et la façon dont les défenses adverses veulent jouer. Ça me permet de mieux comprendre les décisions à privilégier », a confié Pipkin qui se dit emballé par l’ajout de DeVier Posey au groupe de receveurs.
 
Rutherford et Johnstone seront-ils à la hauteur ?

 
On n’a pas fini de le répéter, mais le succès des Alouettes en 2019 reposera sur une ligne offensive plus que fiable. Le côté droit de cette unité devra particulièrement faire ses preuves avec le garde Trey Rutherford et le bloqueur Tyler Johnstone. À partir de la gauche, Tony Washington, Kristian Matte et Spencer Wilson seront les trois autres membres.
 
Tout comme Pipkin, Rutherford a choisi de réduire son poids.
 
« Trey a perdu une vingtaine de livres, je vois déjà du progrès du côté de sa mobilité », a noté Luc Brodeur-Jourdain en vantant les atouts de la ligne offensive pour le jeu terrestre.
 
Le directeur général Kavis Reed semble plutôt prêt à vivre avec le manque d’expérience de Rutherford et Johnstone.
 
« On s’attend que ce soit côté soit plutôt jeune, mais on va également essayer des combinaisons durant les prochains jours avec des athlètes américains. On pourrait donc se fier sur quatre Canadiens ou trois. Bref, le ratio ne sera pas un enjeu pour nous cette année », a avancé le directeur général Kavis Reed.
 
« Je ne suis jamais confortable avec un groupe inexpérimenté, mais ils sont talentueux et ils travaillent fort. Ils seront prêts à jouer, mais on veut toujours pouvoir miser sur des gars qui ont de la stabilité », a exprimé l’entraîneur Mike Sherman qui aura à être convaincu.
 
Pilier de cette ligne offensive, Matte reprend donc sa position de garde à gauche avec l’entrée en scène de Wilson comme centre. Le Québécois s’attend à une belle progression de Rutherford et Johnstone.
 
« Ce sont des joueurs qui ont été repêchés en première ronde, ils ont beaucoup de talent. Quand on arrive à notre deuxième année, c’est à partir de là qu’on veut prouver qu’on méritait d’être choisi aussi haut », a dit Matte avec justesse.
 
On n’en voudra à personne de l’avoir oublié, mais l’expérience de Johnstone se limite à moins d’une partie complète avec les Alouettes. Dès son premier match, le 21 juillet, il s’est blessé à un genou.
 
« Je suis tellement excité, je pense à tout le travail accompli depuis trois ans avec les blessures et les démarches pour ma citoyenneté. Tout ça pour trois quarts de production... Le moins que l’on puisse dire, c’est que je suis très affamé », a exposé Johnstone.
 
Le sympathique colosse de six pieds six pouces et 295 livres a trouvé le temps long.
 
« Ce n’était pas la blessure la plus grave, mais je devais m’adapter à un nouvel environnement en même temps et ce n’était pas facile de composer mentalement avec ces deux aspects. Quand tu te blesses à long terme, c’est toujours le côté psychologique qui se rétablit à 100% en dernier. Bien des questions te passent par la tête, mais je crois que j’y suis parvenu et je suis tellement content », a admis Johnstone.
 
Tout au long de l’année, ils pourront se tourner vers Brodeur-Jourdain qui sera vu comme le mentor.
 
« Je suis rendu à une étape de ma carrière à laquelle je suis serein par rapport à ça. Mon désir de jouer ne va pas partir, tu me poserais la question quand je vais avoir 74 ans et je dirais que je veux encore jouer », a conclu Brodeur-Jourdain.