La nouvelle de l’annonce du nouvel entraîneur-chef des Alouettes était attendue depuis longtemps, mais il était extrêmement difficile d’en prédire la teneur.

Jim Popp avait pris la barre de l’équipe après seulement cinq matchs la saison dernière et il était maintenant devenu clair qu’il souhaitait demeurer en poste.

Les négociations entre l’administration - le président Bob Wetenhall, le président du conseil d’administration Paul Harris ainsi que le président et chef de la direction Mark Weightman - et Popp allaient vraisemblablement mal, mais à quel niveau? Il y a plusieurs théories - durée du contrat, désir de cumuler les deux fonctions, etc. - qui ont circulé au cours des derniers mois.

Chose certaine, Popp a complètement été exclu de la décision d’embaucher Tom Higgins. Il s’agit ni plus ni moins d’un désaveu du propriétaire à l’égard de son directeur général. Cela ne s’était jamais vu auparavant.

M. Wetenhall s’était toujours rangé derrière les choix de Popp au fil des années. Charlie Taaffe, Don Matthews, Marc Trestman et Dan Hawkins, M. Wetenhall avait toujours fait confiance à Popp. Il y a véritablement quelque chose qui s’est brisé au sein de l’organisation des Alouettes.

Cela signifie ultimement le début de la fin de l’association entre Popp et les Alouettes. La situation n’est pas évidente. Higgins évoluera sous la tutelle de Popp, mais il n’est pas le choix de ce dernier. Comment cela se traduira-t-il pendant le camp d’entraînement et la saison?

Et Popp, demeurera-t-il le directeur général de l’équipe? Comment se comportera-t-il avec son entraîneur-chef? Tant de questions très intéressantes! Popp pourrait ultimement décider de quitter ses fonctions de son propre chef. Et c’est là que le choix de Higgins s’explique.

Higgins n’a pas uniquement été entraîneur-chef pendant sa carrière, mais également directeur général pendant 10 saisons avec les Eskimos d’Edmonton de 1994 à 2004. Il sait donc comment gérer une équipe de football et connaît toutes les subtilités de l’administration. Si Popp quitte, Higgins devient une sorte de soupape de sécurité.

Réactions à la nomination de Tom Higgins

Des airs de Trestman

Le travail s’annoncera néanmoins ardu pour Higgins, puisqu’il ne pourra pas compter sur un quart-arrière de la trempe d’Anthony Calvillo pour diriger son attaque. Il faut se rappeler que Troy Smith n’a pas beaucoup joué la saison dernière, alors il faut limiter les attentes.

Mais qu’est-ce que Higgins peut apporter aux Alouettes? J’ai eu la chance d’échanger plusieurs courriels avec lui ces dernières années, puisqu’il était le directeur de l’arbitrage de la Ligue canadienne de football. J’ai pu découvrir l’homme au fil de nos rencontres.

C’est quelqu’un qui est très méticuleux et professionnel. C’est d’ailleurs le qualificatif que j’ai le plus entendu lorsque j’ai consulté les joueurs qui ont évolué sous ses ordres. Mais Higgins n’est pas coincé dans un cadre. Il est humain et est capable de développer des liens avec les joueurs.

Il s’agit d’une base parfaite pour connaître du succès comme entraîneur-chef. Il faut posséder une structure pour contrôler les joueurs et savoir ce qu’ils doivent faire, mais il faut être humain pour soutirer le maximum de leur potentiel afin de la motiver. Il ressemble un peu à Trestman.

Comme l’ancien pilote des Alouettes, il est grand et un peu chétif, mais surtout très cérébral. Il a toujours le même ton et ne vous attendez pas à ce qu’il pète les plombs sur les lignes de côté!

Une belle histoire pourrait s’écrire

Une de ses premières tâches sera de dénicher un coordonnateur offensif. Ce n’est surtout pas le moment de toucher à la défense, qui a été le pilier de cette équipe-là la saison dernière. Higgins est davantage porté sur la défense, mais c’est d’abord un entraîneur-chef, c’est-à-dire qu’il supervise l’attaque, la défense et les unités spéciales.

Il connaît d’ailleurs assez son football pour défier ses adjoints, ce qui était le talon d’Achille de Popp. Ce dernier est un excellent évaluateur de talent, mais avait tendance à remplacer un joueur qui ne performait pas plutôt que de modifier le cahier de jeux pour le rendre meilleur.

Par ailleurs, Higgins connaît le livre des règlements comme le fin de sa pocher, ce qui l’aidera à gérer efficacement le temps pendant un match. Étant donné qu’il parlait depuis longtemps de revenir sur le plancher des vaches, ce pourrait être une des plus belles histoires de l’équipe cette saison.

*Propos recueillis par Francis Paquin