Une victoire à l’arraché, mais une victoire quand même...

Voilà ce que doivent essentiellement conclure les Alouettes au lendemain de leur gain de 17-16 acquis aux dépens des Roughriders de la Saskatchewan. Ce n’était pas parfait et certains diront qu’il ne s’agissait que des Riders, mais n’est-ce pas en plein le genre de match que les Montréalais ne parvenaient pas à remporter l’an dernier?

Le pointage final est plus serré qu’anticipé et espéré, j’en conviens, mais les Oiseaux méritent cette victoire. Et à la fin de la campagne, personne ne se rappellera des points mis au tableau, mais bien que les Alouettes ont pu tracer un premier crochet dans la colonne des victoires.

Pour l’instant, c’est tout ce qui compte.

Peu importe le score et l’allure du match, il vaut toujours mieux lancer une nouvelle saison avec un triomphe. Soyez toutefois assurés qu’entraîneurs et joueurs des Alouettes sont bien conscients qu’il reste encore beaucoup de travail à abattre.

Roughriders 16 - Alouettes 17

L’équipe n’en était jeudi qu’à la semaine 1 de sa saison, et ça paraissait. D’une durée de trois semaines, les camps d’entraînement sont très courts dans la LCF. Avec seulement deux matchs préparatoires à leur disposition, les clubs n’ont que très peu de temps de jeu à offrir à leurs vétérans. Normal donc que le synchronisme ne soit pas du rendez-vous en lever de rideau.

C’est sans oublier que la première semaine d’activités dans ce circuit prend souvent des allures d'une boîte à surprise, alors qu’on ne sait trop ce que l’adversaire nous réservera.

Tels deux boxeurs dans les premiers rounds d’un combat, les Alouettes et les Roughriders se sont donc étudiés longuement avant de finalement briser la glace.

J’aurais bien aimé voir l’attaque montréalaise inscrire plus de 17 points, mais je me répète, il ne s’agit que du premier match. Et n’eût été la passe ratée de Darian Durant à l’intention de Tyrrell Sutton dans le flanc, les Alouettes auraient inscrit un touché plutôt qu’un placement sur leur dernière possession de la rencontre.

Reste qu'on ne peut difficilement reprocher quoi que ce soit à Durant cependant.

À son premier match officiel dans l’uniforme des Alouettes, contre son ancienne équipe de surcroît, le vétéran quart-arrière a lancé deux passes de touché et n’a été victime d’aucune interception. Quand c’était le temps de courir, il le faisait. Je retiens notamment la course qu’il a effectuée au quatrième quart sur la poussée qui a mené au placement décisif de Boris Bede.

Or, ce que j’apprécie surtout du jeu de Durant, c’est sa patience. Quand l’opportunité d’attaquer les zones profondes s’est présentée, il en a profité, faisant entre autres preuve de beaucoup de doigté sur sa bombe lancée en direction de B.J. Cunningham, qui a ensuite inscrit le touché.

Calme, mature et affichant le sang-froid d’un vieux routier, Durant a su prendre ce que la défense des Riders lui proposait. Sur la dernière séquence, c’est d'ailleurs ce qui lui a permis de traverser le terrain.

Dix-sept points, c’est peu. Je le sais, mais il importe de porter une attention aux deux côtés de la médaille. Les Roughriders ont beau avoir terminé derniers l’an dernier, ils se sont améliorés. Et il faut dire que défensivement, ils ont su contenir l’attaque des Alouettes en privilégiant un style qui n’allouait pas les longs jeux et qui bloquait le centre du terrain. La défense de zone a été utilisée beaucoup plus que plusieurs auraient osé le prédire.

Les Alouettes ont donc été contraints de courir davantage et d’opter souvent pour une passe dans le flanc.

C’est ça Chris Jones. L’entraîneur-chef des Roughriders est imprévisible. Alors que je m’attendais à ce qu’il amène des blitzs à répétition pour bousculer Durant en début de match, il a plutôt opté pour une approche différente préconisant une défense de zone et peu de pression.

Une stratégie qui a eu pour effet de ralentir le tempo du match et l’attaque montréalaise. D’où l’importance d’avoir un quart assez mature comme Durant qui réalise rapidement qu’il vaut mieux ne pas aller se heurter la tête continuellement contre le mur.

Durant a par ailleurs été bien épaulé par sa ligne à l’attaque, qui n’a concédé aucun sac du quart, tout en permettant aux porteurs de ballon d’amasser 99 verges de gains et 5,8 verges en moyenne par portée.

Même si l’unité défensive des Roughriders misent sur plusieurs bons athlètes, Durant n’a été bousculé qu’une seule fois dans le champ arrière.

L’attaque des Alouettes s’est également démarquée en limitant les jeux négatifs. Alors que les Roughriders ont commis deux revirements, écopée de 12 pénalités et concédé un sac du quart, l’unité offensive des Als n’a offert qu’un revirement et accumulé sept pénalités.

Dans un match aussi chaudement disputé, ça compte.

Une relève à la hauteur

Sur le plan défensif, j’ai été impressionné par le rendement de la jeune tertiaire des Alouettes.

Le demi défensif Jonathon Mincy a à mon avis été le joueur du match. En plus de réaliser des plaqués percutants, de rabattre quelques passes et de réaliser une interception, il a su limiter l’ancien receveur des Alouettes Duron Carter à des peanuts.

Déjà privée des services de Raymon Taylor, la tertiaire a de plus dû composer avec la perte de Travis Hawkins en cours de rencontre. N’empêche, la relève. notamment Dominique Termansen et Dondre Wright, a su s’illustrer.

Et ce même si la tertiaire n’a pas été beaucoup aidée par le front défensif. Sans être matière à inquiétude, le rendement de ce groupe n’a pas été à la hauteur.

La défense des Alouettes a peut-être réussi un sac du quart, mais elle n’a pas appliqué beaucoup de pression sur Kevin Glenn même si elle a enchaîné les blitzs et exercé une pression à cinq joueurs.

Il faut croire que les Riders étaient prêts à y faire face. Quand ta stratégie ne fonctionne pas, il importe par contre qu’un de tes gars gagne sa confrontation à un contre un pour se rendre de temps en temps au quart-arrière.

Malgré les différents schémas défensifs déployés par le coordonnateur défensif des Alouettes Noel Thorpe, la ligne à l’attaque des Riders a su déceler d’où provenait la pression, alors que le porteur de ballon a bien ajusté sa protection en conséquence.

Cela n’a toutefois pas empêché les Alouettes de l’emporter et de n’accorder que 16 points. C’est sans compter sur les Riders auraient dû voir l’un de leurs touchés être annulé à la suite de l’échappé commis par Bakari Grant à l’entrée de la zone des buts. Je m’explique d’ailleurs encore mal comment la LCF a pu allouer ce majeur après la révision vidéo.

Mais peu importe. Si les Alouettes n’allouent que 16 points par match cette saison, ils remporteront beaucoup plus de victoires qu’ils encaisseront de revers.

Pas un pique-nique

En ce qui a trait aux unités spéciales, elles n’ont aussi que très peu à se reprocher, si ce n’est que du placement raté de Boris Bede au premier quart sur une distance de 45 verges.

Une victoire importante pour les Alouettes

Après avoir affiché un taux de réussite de 7 en 7 lors des deux premiers matchs préparatoires, le botteur des Alouettes a donc raté sa première tentative de la campagne.

Au terme de la rencontre, l’entraîneur-chef Jacques Chapdelaine s’est porté à la défense de son joueur, arguant qu’il n'aurait pas dû le placer dans une position aussi difficile à son tout premier botté de l'année.

J’aime beaucoup l’attitude du meneur des Alouettes, mais il ne s’agissait pas non plus d'un botté de 55 verges. La remise était belle et le ballon avait bien été placé par Vernon Adams fils. Est-ce qu’après s’être entraîné toute la semaine sur le terrain de pratique, où il n’y a pas de poteaux des buts, Bede en a payé le prix?

La question vaut la peine d’être posée. Reste qu’il n’y pas lieu de paniquer. Bede, qui doit se relever d’une saison 2016 ardue, a néanmoins connu un bon match.

Et son équipe l’a emporté! Cette victoire, elle était primordiale pour les Alouettes. D’autant plus qu’elle a été acquise devant leurs partisans, qui n’avaient pu célébrer que trois gains l’an dernier au Stade Percival-Molson.

Ce succès permet de plus aux Alouettes de faire le plein de confiance et de momentum à l’aube des défis suivants. Au fil des prochaines semaines, la troupe de Jacques Chapdelaine disputera la victoire aux Eskimos d’Edmonton, aux Lions de la Colombie-Britannique, aux Stampeders de Calgary, au Rouge et Noir d’Ottawa et aux Blue Bombers de Winnipeg.

Bref, le premier tiers de la saison est loin d’être un pique-nique. Les Alouettes avaient drôlement besoin de cette victoire.

Ils l’ont.

*Propos recueillis par Mikaël Filion