COLLABORATION SPÉCIALE

La nomination d'Anthony Calvillo au poste d'entraîneur des quarts-arrière chez les Alouettes de Montréal n'est pas une surprise en soi. À mes yeux, il s'agit d'une association naturelle que j'avais notée dans une chronique en décembre.

Il était évident que l'entraîneur Khari Jones avait besoin d'aide tellement il a des responsabilités au sein du club.

Vernon Adams est encore un jeune quart qui a encore besoin d'apprendre, mais qui a surtout besoin de support et d'attention. Je ne crois pas que Khari Jones, déjà très occupé, était en mesure de l'épauler à 100%.

La présence de Calvillo devient très intéressante. Il amène avec lui son expérience, son calme et sa vision. Anthony a toujours été reconnu pour sa préparation, sa lecture du jeu, sa prise de décision et son éthique de travail. Sa présence devrait aider Adams à acquérir ces qualités, qu'il ne semble pas encore avoir développées.

Vernon Adams est un quart d'instinct, une boule d'émotions, mais il nous a aussi montré que sa prise de décisions n'est pas à point quand se présentent des moments importants lors d'un match. On souhaite que la présence de Calvillo permette d'ajouter ce qui manque à Adams.

Adams représente un défi pour Calvillo.  Une connexion entre les deux hommes sera essentielle. Pour être un bon coach, il faut être un bon enseignant pour bien transmettre la connaissance. Ce transfert de connaissance devient primordial et il faudra trouver la bonne façon de le faire.

Le plus grand défi de Calvillo sera de se mettre au niveau de Vernon Adams. De voir le football à travers les yeux du quart pour mieux le comprendre et mieux le guider. Il devra trouver la bonne façon d'expliquer les choses pour que son élève s'imprègne de ses enseignements.

Quand je voyais Anthony comme joueur, sa préparation et son éthique de travail donnaient l'impression qu'il était déjà un entraîneur. Grâce à son expérience, il ne sera pas surpris par la charge de travail qui l'attend, mais la clé demeure la communication. Il doit être capable d'expliquer pourquoi il fait les choses d'une telle façon. Il arrive souvent que les grands joueurs aient du mal à expliquer comment faire les choses parce que pour eux, ç’a toujours été naturel et facile. Les surdoués ont parfois du mal à comprendre comment une personne n'arrive pas à exécuter les choses. Dans tous les sports, le plus grand défi pour un joueur d'exception est de se mettre au niveau des autres athlètes pour mieux leur enseigner. Dans de telles circonstances, les entraîneurs manquent parfois de patience.

Dans le coaching, un dicton dit «  L'important à la fin, ce n'est pas ce que tu connais, c'est ce que le joueur connaît. » Ça veut dire que tu as beau être la plus grande encyclopédie au monde, si tu n'es pas capable de transmettre ta connaissance, tu ne seras pas plus avancé. C'est pour cette raison que son passage chez les Carabins de l'Université de Montréal sera bénéfique pour cette portion de son travail. Calvillo est membre du Temple de la renommée qui détient de nombreux records de la LCF et il a su se mettre au niveau de joueurs collégiaux qui graduaient dans les rangs universitaires. Il a dû apprendre à les connaître pour mieux leur transmettre ses connaissances.

Il faudra voir la réception d'Adams à la venue de Calvillo. J'ai confiance parce qu'Adams a déclaré qu'il avait beaucoup aimé travailler avec Trevor Harris et qu'il avait beaucoup appris. Ça me fait dire qu'Adams veut s'améliorer et qu'il y aura l'ouverture d'esprit pour travailler avec Calvillo.

D'autres suggestions d'entraîneurs

J'avais suggéré la venue d'Anthony Calvillo le mois dernier et dans la même lignée, je me permets de faire deux suggestions pour le poste vacant d'entraîneur des unités spéciales.

Pour être entraîneur au football, une connexion est essentielle avec le reste du personnel parce que les journées sont longues. En plus, les Alouettes veulent greffer un visage québécois à leur direction.  Les candidats doivent être bien sûr compétents et avoir une connexion avec le directeur général Danny Maciocia ou les entraîneurs. Mes deux suggestions répondent à ces critères.

Pour le poste, on pourrait recruter à l'interne avec Byron Archambault qui est actuellement adjoint en défensive. Il a notamment été entraîneur des unités spéciales chez les Carabins.

Il y a un autre nom que je vais suggérer, un ancien joueur qui a évolué sous les ordres de Maciocia à Edmonton. Il s'agit de Mathieu Bertrand, qui est actuellement avec le Rouge et Or de l'Université Laval où il est coordonnateur des unités spéciales.

C'est Maciocia qui l'a amené à Edmonton et ils ont travaillé ensemble longtemps. Maciocia lui a permis de jouer comme centre-arrière et de connaitre une fructueuse carrière. J'y vois là une connexion naturelle dont je parlais plus haut.

Je n'ai aucune idée si Mathieu a un intérêt pour ce poste. Je suis convaincu qu'il est super bien traité par le Rouge et Or. D'ailleurs, avez-vous vu souvent des coordonnateurs quitter le Rouge et Or?

L'effet LDT

Un observateur américain qui s'intéresse aux activités des Jets de New York a fait remarquer sur les réseaux sociaux que depuis que Laurent Duvernay-Tardif est partant, la production du jeu au sol s'est beaucoup améliorée.

Bien sûr, il est difficile de dire si la seule présence de LDT est responsable de cette amélioration et je n'ai pas vu assez de matchs des Jets pour me prononcer clairement.

Mais ce que je peux dire toutefois, c'est que la force de Laurent depuis son arrivée dans la NFL, ce sont ses blocs pour le jeu au sol. C'est sur cette facette de jeu qu'il se faisait remarquer et qui se mettait le plus en évidence. Il arrivait à briller avec sa façon de bloquer avec agressivité et sur son art de terminer un bloc en beauté en écrasant l'adversaire au sol comme une crêpe. Combien de fois les Chiefs courraient à la porte des buts derrière LDT?  C'est sa force et dans les circonstances, il n'est pas étonnant de voir les statistiques des Jets s'améliorer.

Personne ne sera surpris si je dis que Laurent est un gars intelligent. Son cheminement parle de lui-même. Apprendre un livre de jeux ou un plan de match ne doit pas être trop difficile pour lui qui a fait médecine. Il a la capacité de traiter de l'information rapidement, ce qui veut dire qu'il ne doit pas faire beaucoup d'erreurs d'assignation, ce qui est rassurant pour ses coéquipiers.

Laurent est un partant d'expérience qui a gagné le Super Bowl. Il amène tout ce  bagage avec lui, ce qui a une bonne influence sur une jeune équipe. Sa présence a un impact sur son club.

LDT a quitté Kansas City pour soulager la masse salariale, car en retour, les Chiefs ont obtenu bien peu en la personne de l'ailier rapproché Dan Brown, qui était le quatrième  dans la hiérarchie à sa position chez les Jets. Ironiquement, les Chiefs ont libéré Brown, qui est de retour avec les Jets. Ça veut dire que le DG des Jets a obtenu les services de LDT pour rien du tout.

On sent qu'il aime encore jouer au football. Il est médecin et il a tellement d'autres sphères dans sa vie qu'il est plaisant de voir qu'il prend toujours son sport à coeur. Avec tout ce qu'il fait dans la vie, il y a lieu de se demander si le football est encore important pour lui. Pour l'instant, ça semble l'être.

*propos recueillis par Robert Latendresse