Vernon Adams Jr. a appris à respecter la LCF
Alouettes jeudi, 1 août 2019. 08:00 jeudi, 12 déc. 2024. 21:30MONTRÉAL – À 26 ans, Vernon Adams fils possède maintenant la maturité d’admettre qu’il ne respectait pas la Ligue canadienne de football à son arrivée comme recrue avec les Alouettes de Montréal.
Il faut dire que le quart-arrière américain a absorbé plusieurs doses d’humilité depuis son entrée dans la LCF en 2016. Échangé et libéré, il n’était que considéré comme un réserviste en vue de la saison 2019 et plusieurs observateurs ont cru que sa carrière tirait à sa fin. L’auteur de ces lignes a même pensé qu’il devrait se convertir en receveur grâce à ses qualités athlétiques et en raison des brèves occasions qu’il obtenait pour démontrer ses atouts de quart-arrière.
Adams fils est donc passé par toute la gamme des émotions en sol canadien, mais il s’avère une autre preuve que ça vaut parfois le coup de s’accrocher. Maintenant auteur d’une fiche de 6-2 comme quart dans le circuit canadien, le numéro huit a reconnu au collègue Didier Orméjuste qu’il a dû « grandir » comme être humain.
« Je suis arrivé ici sans vraiment respecter la LCF », a-t-il confié sans détour.
« J’en étais à ma saison recrue et je pensais que je serais LE joueur. J’avais l’impression que je n’avais pas à payer mes dus parce que je venais de l’Université Oregon. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Il faut d’abord apprendre les particularités du football canadien et c’est impossible de connaître du succès sans investir le travail nécessaire », a ajouté le quart-arrière.
Son évolution personnelle l’empêche aussi de prétendre que son développement est complété.
« J’ai encore une tonne de choses à apprendre, mais je suis plus confortable de jour en jour. Ça en dit beaucoup à propos des gens autour de moi, ma famille et mes coéquipiers, ils m’ont aidé à demeurer concentré sur le travail », a mentionné Adams fils.
Le Californien est bien placé pour donner son avis sur les Américains qui débarquent au Canada avec un excès de confiance. Même s’ils ont été nombreux à se casser les dents avec cette approche, le phénomène continue de se produire.
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« Bien des joueurs arrivent ici en pensant qu’ils méritent quelque chose dès le départ. Quand ils n’obtiennent pas cela, ils perdent leur concentration. On peut voir les joueurs qui sont vraiment dédiés à la cause et ceux qui ne le sont pas. Quand tu es sur l’équipe d’entraînement et que tu ne démontres pas le sérieux requis, ils vont te remplacer par un autre joueur qui souhaite vraiment être ici », a noté Adams fils.
Son expérience n’est qu’un autre épisode de ce constat.
« Je suis content d’avoir évité ce piège. En fait, ça m’est arrivé à mon année recrue alors que j’étais vraiment complaisant. J’arrivais tard et je quittais tôt parce que je me disais que ce n’était pas grave, je n’étais qu’un réserviste. J’ai fini par être échangé l'année suivante. Finalement, j’ai appris auprès de Jeremiah (Masoli) et j’ai réalisé que ce serait ma dernière chance sinon », a déclaré celui qui a aussi appartenu aux Tiger-Cats et aux Roughriders dans la LCF.
En tant que vétéran, Kristian Matte a vu passer plusieurs de ces joueurs qui erraient. Il est ravi de voir l’évolution démontrée par Adams fils.
« Il a grandi, il est devenu un homme. C’est un joueur qui a beaucoup de talent et qui veut être un meneur aussi. Il veut permettre à l’équipe d’avoir du succès. Il arrive tôt, il étudie beaucoup, il pose beaucoup de questions pour s’assurer qu’on soit tous sur la même longueur d’onde », a commenté Matte.
Taylor n’a fait que passer, au tour de Ryan
Le spécialiste des retours de botté, Marcus Taylor, a justement réalisé que l’adaptation à LCF ne se fait pas facilement. Les Alouettes l’ont libéré après une seule partie dans ce rôle pour le remplacer par Shakeir Ryan.
« Dans ce milieu, c’est souvent comme ça. On ne sait jamais combien de temps ça va durer. Taylor a fait de son mieux lors du dernier match, mais ce n’est pas ce qu’on recherche d’un spécialiste. On doit obtenir mieux », a expliqué Mickey Donovan, le coordonnateur des unités spéciales.
Khari Jones, l’entraîneur-chef a également donné son avis sur la question.
« On recherche non seulement la capacité de capter les ballons et d’être rapide, mais de briser des plaqués et éviter des plaqués pour aller chercher les verges supplémentaires. Quelques équipes de la LCF disposent d’un joueur de cette trempe qui peut changer l’allure d’une partie. C’est un plus d’avoir un joueur qui peut marquer dans de telles circonstances. C’est faisable et on veut y parvenir », a-t-il mentionné.
Étant donné que Taylor n’a disposé que d’un match pour se faire valoir, Jones ne voulait pas le fustiger. Il reconnaît qu’il pourrait disposer des atouts nécessaires éventuellement. Taylor a cependant démontré des lacunes dans la compréhension du jeu en voulant sortir de la zone des buts alors qu’il devait éviter ce scénario.
L’avantage de Ryan, c’est qu’il possède un peu d’expérience dans la LCF et qu’il a inscrit un touché sur un retour de botté de dégagement lors d’un match préparatoire des Lions cette année.
« Ce n’est pas évident quand on doit changer le joueur à cette position fréquemment, mais on souhaite avoir déniché mieux », a plaidé Jones.
« Ce n’est jamais facile de devoir passer des gars en audition, mais c’est notre décision et on doit composer avec le tout pour que ça fonctionne. On doit soutirer le meilleur de cette approche et je crois qu’on l’a fait », a ajouté Donovan à ce propos.
André Bolduc démontre un optimisme encore plus grand.
« Là, on a un projet à long terme entre les mains. Oh oui, il a 23 ans, c’est un beau projet dans le sens qu’il peut jouer 10 ans dans la LCF si on exécute bien notre travail avec lui », a précisé Bolduc.
On peut donc déduire que Ryan ne sera pas renvoyé à la maison après une seule partie. La patience devrait être plus grande envers lui. Ça explique peut-être sa réponse sur l’urgence de laisser une bonne impression à ce poste.
« Je ne ressens pas trop la pression, je vais faire de mon mieux et les laisser décider. Jusqu’ici, ça se passe très bien et j’espère que ça se poursuive pendant le match », a noté Ryan qui passé quelques semaines avec les Rams de Los Angeles et les Redskins de Washington dans la NFL.
Si Taylor était plutôt minuscule à cinq pieds huit pouces – et sûrement moins que cela – et 160 livres, Ryan affiche un gabarit à peine plus imposant à cinq pieds huit pouces et 169 livres.