Bravo! De mémoire, les Alouettes ont disputé l'une de leurs plus belles parties depuis longtemps vendredi à Edmonton face aux Eskimos. Ils ont passé ce premier test haut la main.

J'avais soulevé la semaine dernière l'hypothèse d'un scénario catastrophique pour les Alouettes puisque les deux semaines à venir étaient cruciales pour le classement et la possibilité d'accéder encore directement à la finale de l'Est.

Dans cette victoire de 34-21, la défensive a alloué seulement un touché et c'était en fin de rencontre sans oublier que l'attaque a été incroyable.

J'ai vraiment apprécié la complicité et la complémentarité de l'attaque montréalaise. Quand les receveurs n'avaient pas réussi à créer de la séparation avec leur couvreur, les passes d'Anthony Calvillo étaient très précises et quand les passes manquaient de précision, les receveurs s'illustraient dans un festival d'attrapés spectaculaires. Denis et moi se disions que c'était comme si les receveurs se relançaient et se disaient qu'ils allaient en faire un plus beau que le précédent tellement c'était impressionnant.

Enfin, on a constaté de l'équilibre en offensive avec 35 passes contre 27 courses. Depuis des semaines, je m'époumone à dire que le porteur de ballon Brandon Whitaker doit toucher au ballon et j'espère que les Alouettes ont compris.

Au cours des trois meilleures performances offensives des Alouettes, Whitaker a touché au ballon plus de 20 fois et ce n'est pas un hasard. Contre Edmonton, il a marqué trois touchés, il a obtenu 113 verges par la course et 64 verges par la passe pour mériter le titre du joueur offensif de la semaine.

Ce n'est pas la première année que je m'attarde là-dessus et je sais que Marc Trestman aime l'attaque aérienne, mais j'ai toujours dit que son jeu aérien est plus dévastateur quand son jeu au sol fonctionne puisque l'adversaire ne sait plus quoi faire.

C'était une grande victoire d'équipe parce que les Alouettes étaient sur la route dans un environnement hostile et devant plus de 40 000 spectateurs. Ils affrontaient les Eskimos, qui représentent une bonne équipe, et ils devaient négocier avec une semaine courte d'un seul entraînement. À titre d'exemple, les 12 joueurs réguliers de l'attaque ont seulement effectué 12 répétitions ensemble. Les receveurs et le quart ont ajouté huit répétitions pour un maigre total de 20 alors il faut le faire.

En défense, je souligne le travail de Paul Woldu comme demi de coin et Ramon Guzman à la position de secondeur intérieur. Ce dernier commence à brasser pas mal tellement que je me demande ce que les dirigeants feront quand Shea Emery sera de retour. Je sais que Emry aide beaucoup au sujet du ratio américain/canadien, mais je commence à apprécier Guzman à ce poste. Je dois aussi parler du bon vieux Anwar Stewart. On l'a ménagé un peu en début de saison et on voit qu'il a encore de l'énergie.

La seule tache demeure les unités spéciales. S'il avait fallu que les unités spéciales jouent à la hauteur, l'écart aurait été énorme… Cette unité a concédé un long retour sur un botté d'envoi, un touché sur un botté de dégagement, s'est fait passer un sapin sur un jeu truqué et a gaspillé un temps d'arrêt en raison d'une confusion. Ces bévues auraient sans doute été fatales pour Montréal dans un match chaudement disputé.

En même temps, c'est intéressant parce que les Alouettes n'ont pas encore accompli la partie parfaite. Attention quand ça arrivera puisque l'adversaire encaissera tout un revers!

Je croyais que la victoire il y a deux semaines contre Hamilton allait lancer les Alouettes pour de bon. Cependant, ils ont échappé la partie contre Winnipeg. Malgré tout, je reviens à la charge avec ma théorie et je pense que cette partie à Edmonton sera l'élémement déclencheur.

J'arrive finalement au plaqué encaissé par Anthony Calvillo. Je ne peux pas imaginer un pire jeu pour ébranler une équipe, affecter son moral ou dégonfler sa balloune. De plus, ça s'est produit devant le banc des Alouettes si bien que tout le monde a été témoin de la scène alors que Calvillo était inconscient sur le terrain.

J'ai adoré la force de caractère démontrée par les Alouettes dans cette épreuve. Dès le jeu suivant, Seth Williams a réussi une interception et Adrian McPherson a complété six passes consécutives pour 92 verges pour aider les Alouettes à ajouter 13 points au quatrième quart. C'est le scénario le plus rassembleur et je suis convaincu que les joueurs étaient gonflés à bloc.

Je retiens bien sûr que McPherson a été excellent. Il faut savoir qu'il ne touche pas souvent au ballon dans les pratiques et il effectue surtout de la visualisation dans sa tête en regardant les jeux déployés par Calvillo. Il est parvenu à demeurer calme et il a complètement déstabilisé les Eskimos. Tant qu'à avoir un quart réserviste, c'est préférable d'en avoir un complètement différent de ton partant puisque les adversaires ne savent plus quoi faire. Les Eskimos avaient vécu l'euphorie en sortant Calvillo du match et ils pensaient que la victoire était dans la poche. C'était démoralisant pour eux de se faire traverser par le réserviste.

Évidemment, il faut valider tout cela avec une victoire à Winnipeg. Je crois que les Alouettes arriveront confiants au domicile des Bombers grâce à cette victoire et toutes les blessures dans le camp adverse. On ne sait pas si le quart Buck Pierce sera à son poste, mais les Bombers ont perdu leurs deux porteurs de ballon. La porte est donc grande ouverte pour Montréal qui aurait la même fiche que Winnipeg avec une victoire.

On reproche aux Alouettes leur manque de constance. On sait que le potentiel est énorme, mais il faut le voir à chaque semaine et la foule sera survoltée à Winnipeg.

Un argument contre la NFL qui ne tient plus

On fait la transition de la LCF vers la NFL et je dis souvent que j'aime le football avant tout! J'aime les différences entre les deux ligues et j'apprécie les deux styles. Bref, je ne m'obstine pas à comparer les deux circuits.

On entend souvent les mordus de la LCF dire que c'est meilleur parce qu'il y a plus de passes et plus de points. Mais attention, les amants de la LCF ne pourront peut-être pas sortir cet argument cette saison. Après trois semaines dans la NFL, les équipes ont marqué 2157 points, un record alors que le précédent de 2073 avait été établi en 2008. Les 32 équipes ont inscrit 153 passes de touché, un autre record comparativement à l'ancienne marque de 137 en 1987. Le compteur affiche déjà 23 560 verges gagnées contre 21 521 après trois semaines en 2010. Finalement, les quarts ont réussi 34 performances de plus de 300 verges ce qui est de loin supérieur au record de 21 en 2009.

C'est évident, on est dans une nouvelle ère et la NFL représente une ligue de quarts plus que jamais.

Cette explosion offensive fait beaucoup jaser tout comme les trois équipes qui présentent un dossier de 3-0. Ce n'est pas surprenant de voir les Packers de Green Bay, les champions, avec ce dossier. Par contre, les Bills de Buffalo et les Lions de Detroit ne cessent d'étonner surtout qu'ils avaient chacun perdu leurs trois premiers matchs l'an dernier.

Les Bills jouent du football spectaculaire et enlevant, mais si j'avais un conseil à donner à leurs adversaires, ça serait de jouer pendant 60 minutes contre cette équipe résiliente.

Ils perdaient par 21 points contre les Raiders d'Oakland et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre avant de trouver un moyen de l'emporter. C'est excitant et particulièrement pour les partisans des Bills. Je leur dirais par contre de ne pas prendre cette habitude car ça ne réussira pas toujours.

En ce qui concerne les Lions, ils ont gagné leurs quatre derniers matchs en 2010, ils ont aussi obtenu des victoires à leurs quatre matchs préparatoires ce qui leur procure, mine de rien, une série de 11 gains. C'est une équipe qui a changé d'attitude en jouant maintenant pour gagner.

Ce fut tout un exploit pour cette jeune équipe de soutirer une victoire en prolongation au Minnesota dans un match de division malgré un déficit de 20-0. Évidemment, les Lions auront un gros test en fin de semaine contre les Cowboys de Dallas.

Cette organisation a renversé la vapeur au repêchage et le talent est au rendez-vous avec Matthew Stafford, Calvin Johnson, Jahvid Best, Brandon Pettigrew, Ndamukong Suh… Pendant des années, ils étaient la risée pour leurs choix au repêchage qui ne fonctionnaient pas.

Je ne veux pas commencer à comparer, mais les Colts d'Indianapolis ont vécu des ennuis un peu semblables et ils ont repêché plusieurs joueurs intéressants en attaque sans se tromper. Je ne compare pas les Lions aux Colts, mais on remarque des éléments similaires au niveau de la reconstruction.

Je lance une question aux internautes. Que faisiez-vous en 1980, si vous étiez nés, la dernière fois que les Lions ont commencé la saison 3-0? Je me souviens que j'étais sans doute en train de me préparer pour un match en secondaire V au Petit Séminaire de Québec. Ça fait tellement longtemps, les partisans des Lions peuvent se réjouir!

Je termine ce tour d'horizon avec une mention honorable à Tony Romo, le quart des Cowboys de Dallas. On lui a souvent reproché son manque d'intensité et son langage corporel qui ne parvenait pas à nous convaincre que le football était sérieux pour lui.

Romo avait de belles statistiques, mais il commettait souvent des erreurs coûteuses tout en faisant perdre des matchs. C'est un peu ce qui est arrivé dans le premier match face aux Jets de New York. Sauf qu'il vient de rebondir avec deux grandes performances face aux 49ers de San Francisco et aux Redskins de Washington.

Après s'être perforé un poumon et fracturé une côte face aux Niners, il est revenu pour mener son équipe à la victoire. La semaine suivante, il a été en mesure de jouer contre les Redskins. Je n'ai jamais subi une blessure de ce type, mais je le félicite. Je ne peux pas savoir comment il se sentait, mais je peux l'imaginer en partie. Le tronc attache les jambes au haut du corps et il est sollicité quand tu cours, tu respires, tu lances, tu pivotes… Il a prouvé qu'il a un haut seuil de tolérance à la douleur.

De surcroît, il a offert une belle performance même si son centre ne cessait de gaffer et que ses receveurs ne savaient pas où se placer en raison des nombreuses blessures.

Étant donné qu'il évolue au Texas, au pays des cowboys, je dirais qu'il est en train de se bâtir une légende à la John Wayne!

Mes prédictions pour la semaine IV dans la NFL :

Detroit c. Dallas
Caroline c. Chicago
Buffalo c. Cincinnati
Tennessee c. Cleveland
Minnesota c. Kansas City
Washington c. St.Louis
La Nouvelle-Orléans c. Jacksonville
Pittsburgh c. Houston
San Francisco c. Philadelphie
New York (Giants) c. Arizona
Atlanta c. Seattle
Miami c. San Diego
Nouvelle-Angleterre c. Oakland
Denver c. Green Bay
New York (Jets) c. Baltimore
Indianapolis c. Tampa Bay

Résultat de la semaine IV : 11 gains, 5 revers (68,8%)
Résultats après quatre semaines : 43 gains, 21 revers (67,2%)


*Propos recueillis par Éric Leblanc