Il ne faut pas être surpris par la décision d'Anthony Calvillo de retourner pour une autre saison aux commandes de l'attaque des Alouettes. En tout cas moi, je ne le suis pas. Même si chaque année, Anthony passe par le même processus de réflexion avant de faire connaître ses intentions, je considère que l'annonce qu'il a faite jeudi était un secret de polichinelle.

J'appuie mon raisonnement sur des observations qui remontent au tout début de la dernière saison, des petits détails qui me disent que Calvillo porte toujours en lui le feu sacré.

AC s'est blessé à l'épaule gauche dès le deuxième match de la campagne. En conséquence, il a dû modifier son geste de passe pour garder son rendement au même niveau. Un gars de son âge aurait facilement pu se dire « Ça ne fonctionne pas, j'ai mal partout, je passe à autre chose ». Mais non, il est resté.

Ses cibles préférées sont tombées au combat une à une, il a dû s'acclimater à un nouveau système avec des formations différentes qui donnaient un rôle accru à ses ailiers rapprochés. On l'a sorti de sa zone de confort, mais au lieu de se plaindre, il a embrassé le défi. Un vétéran blasé serait resté à la maison pour moins que ça. Calvillo a plutôt décidé de se retrousser les manches. Il a connu une saison de 5000 verges par la passe et s'est taillé une place sur les différentes équipes d'étoiles.

Vous me comprenez maintenant lorsque je dis que je n'ai pas bronché en entendant Anthony dévoiler ses plans. S'il avait perdu le feu sacré, si ça ne lui tentait plus de se battre et de se dépasser, il aurait jeté l'éponge bien avant. Moi, c'est l'indice qui me faisait croire que ce n'était pas le temps des adieux.

Sans oublier que l'autre moitié de l'équation était solutionnée depuis longtemps. Bien avant que Calvillo ne fasse le point sur son avenir, la direction des Alouettes avait clairement fait savoir qu'elle souhaitait son retour et qu'il serait accueilli à bras ouverts s'il voulait encore porter son numéro 13. En ouvrant toute grande la porte pour le retour de leur leader, Jim Popp et Marc Trestman ont selon moi tué une bonne partie du suspense.

En conférence de presse, Calvillo a affirmé qu'il croyait encore pourvoir jouer à un haut niveau et qu'il avait toujours du plaisir à exercer son métier. Pour moi, c'est un élément clé de sa déclaration. La nature étant ce qu'elle est, quand tu franchis la quarantaine, ton corps ralentit et récupère moins vite. Tu dois t'entraîner plus fort et mettre les bouchés doubles dans ta préparation. C'est souvent l'aspect qui décourage les joueurs vieillissants. Ils aiment encore sauter sur le terrain pour les matchs, mais n'ont plus le cœur à se prêter au dur rituel qui leur permet d'être prêts sous les feux de la rampe. Calvillo n'a pas toujours été réputé pour être un rat de gymnase, mais depuis quatre ou cinq ans, il a compris qu'il n'avait pas le choix de prendre soin de son corps.

Certains diront qu'à 40 ans, Calvillo est de moins en moins mobile et que son bras droit n'est plus aussi fort. C'est vrai, mais sans vouloir être méchant envers Anthony, il n'a jamais été un quart athlétique! Ce n'est pas grave s'il est moins vite et moins puissant, parce qu'il ne l'a jamais été, ça n'a jamais été ses forces. Ce n'est donc pas une année de plus au compteur qui fera une différence significative, selon moi. Tant que sa matière grise sera bien préservée, les Alouettes seront en voiture avec leur vétéran au poste de quart.

Le rempart doit rester intact

Les Alouettes retrouvent donc leur général en attaque, mais peut-être, par le fait même, leur meilleur recruteur.

Si Calvillo conserve son casier dans le vestiaire de l'équipe, gageons que ses coéquipiers qui pensaient peut-être tester le marché des joueurs autonomes seront plus enclins à considérer un retour dans le Nid. Et dans les autres villes de la Ligue canadienne, les joueurs qui deviendront libres comme l'air se diront peut-être que c'est à Montréal qu'il faudra être la saison prochaine.

Le dossier du quart-arrière étoile étant réglé, les Alouettes devront maintenant se pencher sur la préservation de leur ligne à l'attaque. Il s'agit là, sans l'ombre d'un doute, du sujet prioritaire au babillard du directeur général.

D'abord, on doit espérer que Scott Flory, qui est toujours en période de réflexion, s'inspirera de Calvillo pour l'imiter et repousser ses projets de retraite. Ensuite, il faudra convaincre le garde à gauche Andrew Woodruff et le bloqueur à droite Jeff Perrett, deux joueurs autonomes en devenir, que le gazon n'est pas plus vert chez le voisin.

Si Flory décide de tourner la page et que ses deux confrères s'entendent pour aller voir ailleurs, la grande force des Alouettes deviendra soudainement un grand point d'interrogation. S'il fallait qu'une unité reconnue pour sa stabilité et sa continuité perde trois de ses cinq morceaux d'un coup, je me demande à la blague si Calvillo ne se mettra pas à regretter sa décision!

Préparer la relève

La nouvelle du jour est réjouissante pour la grande famille des Alouettes, mais elle l'est peut-être moins pour Adrian McPherson. S'il décide de revenir à Montréal, McPherson sera destiné à passer une sixième saison consécutive sur le banc. Difficile de progresser dans ces conditions, alors que tu ne joues rarement et que tu ne t'entraînes jamais avec la première unité.

McPherson sera un jour ou l'autre confronté à une sérieuse décision. S'il est moindrement animé d'un esprit compétitif, je ne peux pas croire qu'il ne regardera pas ailleurs. S'il se laisse tenter par un nouvel environnement, aura-t-il une vraie chance de se faire valoir? On lui souhaitera, sinon il n'aura d'autre choix que de revenir à Montréal. S'il espère toucher un gros contrat, il ne s'agit pas de sa meilleure option.

Peu importe la décision de McPherson, j'espère que les Alouettes vont commencer à s'inspirer sérieusement du passé pour préparer une relève solide au poste de quart-arrière. Comment? En demandant à Calvillo de passer au suivant et de partager toute son expertise avec un jeune dauphin qu'on aura identifié comme l'avenir du club, comme Tracy Ham l'avait fait avec lui à la fin des années 1990.

Si les Alouettes décident d'emprunter cette route, chose que je les encourage fortement à faire, il sera intéressant de voir qui sera le jeune quart avec lequel ils voudront bâtir. On me dit que Josh Neiswander, troisième sur la charte de profondeur la saison dernière, a beaucoup de potentiel. Est-il identifié comme le quart d'avenir? Sinon, pourquoi ne pas en identifier un dès maintenant parmi ceux qui se chercheront une niche à l'ouverture du marché des joueurs autonomes? C'est exactement l'idée que suggérait récemment mon ami Denis Casavant sur son blogue.

Quinton Porter pourrait-il être un candidat ciblé par les Alouettes? Il n'a pas joué souvent dans l'uniforme des Tiger-Cats de Hamilton (le même qu'a déjà porté Calvillo, soit dit en passant), mais je me souviens de l'avoir vu livrer quelques bonnes performances. Pensera-t-on à lui loger un appel? Il y a aussi Mike Reilly, le numéro deux chez les Lions de la Colombie-Britannique. Pour lui, les perspectives d'avenir seraient pas mal plus encourageantes derrière Calvillo que derrière Travis Lulay, un autre excellent quart qui a presque son âge.

J'ai hâte de voir comment les Alouettes vont régler ce dossier. Même si l'entraîneur personnel de Calvillo dit qu'il a un plan de cinq ans pour lui, tu n'as pas le choix d'envisager le pire. Si AC tombe, tu dois avoir quelqu'un en arrière pour prendre la relève.

Semaine 15 dans la NFL : prédictions

On s'attendait à une bataille épique la semaine dernière au match du lundi soir dans la NFL. Les Texans, avec une seule défaite en douze matchs et leur fiche vierge sur la route, étaient à Foxboro pour affronter des Patriots toujours coriaces à domicile. Ça devait être un spectaculaire feu d'artifice, ça a donné un beau gros pétard mouillé.

Il y a des similitudes inquiétantes à tirer des deux défaites des Texans cette saison : deux raclées subies à heure de grande écoute contre des équipes comptant sur un quart-arrière vedette. J'utilise le mot « inquiétante » parce que ce sont là des conditions qu'une équipe qui aspire aux grands honneurs retrouvera assurément à un moment ou un autre dans son parcours éliminatoire. Si les Texans voulaient passer un message lundi dernier, disons que ça n'augure pas bien pour la suite des choses.

Dans leurs onze victoires, les Texans ont marqué une moyenne de 29,7 points et en ont accordé une moyenne de 16. Dans leurs deux défaites, ils ont marqué un TOTAL de 38 points tout en en concédant 84. Au niveau des revirements, on note un différentiel de plus-17 en situation gagnante et de moins-3 quand le pointage final les défavorise.

Le problème, c'est qu'on s'aperçoit que cette équipe ne possède pas les outils pour jouer du football de rattrapage. Elle n'est pas bâtie pour passer le ballon 50 fois dans un match. Son arme la plus redoutable demeure le succès de son jeu au sol qui lui permet d'exécuter efficacement le play action. Aussitôt qu'elle se retrouve avec un écart important à combler, le château de cartes s'écroule.

Les Texans seront toujours dangereux tant qu'ils seront impliqués dans des matchs serrés, mais confrontés à une pente abrupte, ils risquent de manquer de traction.

Voici mes prédictions pour cette semaine. Bon football!

Cincinnati c. Philadelphie
Indianapolis c. Houston
Denver c. Baltimore
Jacksonville c. Miami
Washington c. Cleveland
Minnesota c. St-Louis
Tampa Bay c. La Nouvelle-Orléans
NY Giants c. Atlanta
Green Bay c. Chicago
Seattle c. Buffalo (à Toronto)
Caroline c. San Diego
Detroit c. Arizona
Kansas City c. Oakland
Pittsburgh c. Dallas
San Francisco c. Nouvelle-Angleterre
Jets c. Tennessee

Résultats de la semaine XV : 8 gains, 8 revers (50%)

Résultats après 15 semaines : 144 gains et 80 revers (64,3 %)


*Propos recueillis par Nicolas Landry.