Il aura fallu 19 matchs pour qu'on parvienne à le prouver, mais les Patriots de la Nouvelle-Angleterre ne sont pas parfaits.

Dominante, la défensive des Giants a neutralisé Tom Brady et son impressionnant arsenal tandis qu'Eli Manning et son unité ont dirigé une série à l'attaque qui passera à l'histoire, causant l'une des plus grandes surprises de l'histoire du Super Bowl en menant New York à une victoire de 17-14 lors de la 42e édition du match de championnat de la NFL, dimanche en Arizona.

Les Patriots, qui visaient un quatrième titre en sept ans, échouent donc dans leur tentative de devenir la première équipe depuis le Dolphins de Miami de 1972 à être couronnée au terme d'une saison parfaite. Ils pouvaient également devenir la première formation de l'histoire à clore le calendrier avec un dossier de 19-0.

Les Giants, qui avaient été battus par les Ravens de Baltimore au Super Bowl XXXV, mettent quant à eux la main sur un premier championnat depuis 1990.

Manning a pris le destin de son équipe en main avec 2:40 à faire au quatrième quart, alors que Randy Moss, invisible depuis le début des éliminatoires, venait de donner une avance de 14-10 aux favoris en captant une passe de touché de six verges. Il a conduit son équipe d'un bout à l'autre du terrain sur une distance de 83 verges, une poussée dont le point culminant fut une passe lobée de 13 verges à Plaxico Burress, qui avait échappé à la surveillance d'Ellis Hobbs dans la zone des buts.

Sur un troisième jeu et cinq verges à franchir à sa propre ligne de 44, Manning a été englouti par le front défensif des Patriots mais est parvenu à se tirer d'impasse. Il a ensuite repéré au centre du terrain son receveur David Tyree, qui a réussi le jeu du match en captant du bout des doigts une passe de 32 verges qui lui a presque échappé alors qu'il était rabattu au sol par ses couvreurs.

Quatre jeux plus tard, Manning complétait le travail en connectant avec sa cible favorite, qui n'avait jusque-là capté qu'une seule passe.

Manning, qui avait été la cible d'innombrables critiques depuis son arrivée à New York en 2004, n'aurait pu trouver meilleure façon de s'assurer l'amour des partisans des G-Men. Après avoir vu son frère Peyton soulever le trophée Vince Lombardi l'an dernier, il l'a imité en plus d'être nommé joueur par excellence de la rencontre.

Manning (19-en-34, 255 verges), qui avait été, pour la première fois des éliminatoires, erratique en première demie, a terminé le match en force, complétant deux passes de touché au quatrième quart. Sa première, captée par Tyree avec onze minutes à faire au match, donnait une avance de 10-7 aux Giants.

L'attaque des Patriots, qui a établi toutes sortes de records en saison régulière, aura été incapable de résoudre la brillante énigme posée par Steve Spagnuolo, le coordonnateur de la défensive des vainqueurs. Avec une panoplie de blitz et de couvertures déguisées, les Giants sont parvenus à appliquer une pression constante sur Tom Brady (29-en-48, 266 verges), qui a senti la soupe chaude à plusieurs reprises. Il a non seulement été plaqué à cinq reprises derrière sa ligne de mêlée, mais a observé la conclusion de plusieurs autres jeux sur le derrière.

Laurence Maroney a inscrit l'autre touché des perdants sur une course d'une verge sur le premier jeu du deuxième quart.

Dans la défaite, Wes Welker a égalé un record du Super Bowl en captant onze passes pour des gains de 103 verges.

Pour les amants de la défensive

Même s'ils auraient préféré mettre sept points au tableau, les Giants n'auraient probablement pas pu rêver d'une meilleure façon de débuter le match. Sur leur première série à l'attaque, ils ont utilisé 16 jeux pour gruger 63 verges, une progression qui les a menés à la ligne de 22 des Patriots en 9:59, la plus longue possession de l'histoire du Super Bowl.

Manning a dirigé son unité de main de maître lors de cette séquence initiale. Il a complété cinq de ses sept passes, dont trois en situation de troisième jeu et long. C'est finalement Lawrence Tynes, qui avait procuré aux Giants leur billet pour le match ultime en jouant les héros en prolongation en finale d'Association, qui a inscrit les premiers points du match sur un placement de 32 verges.

Après avoir vu les Giants travailler d'arrache-pied pour se contenter d'un placement, les Patriots ont répliqué de la seule façon qu'ils semblaient connaître.

Après qu'une pénalité à Antonio Pierce, qui était mandaté de couvrir l'ailier rapproché Benjamin Watson en zone profonde, eut placé les siens à la porte des buts, Maroney s'est frayé un chemin en territoire payant pour placer la Nouvelle-Angleterre en avant 7-3.

Les Giants se sont remis au boulot avec une charge de travail allégée, gracieuseté de Stephen Gostkowski, qui a envoyé son botté d'envoi à l'extérieur des limites du terrain. Manning a ensuite décoché une bombe vers Amani Toomer, qui est parvenu à garder les pieds à l'intérieur des lignes blanches pour compléter une passe de 38 verges.

En bonne position pour placer son équipe en avant, Manning a toutefois commis son premier impair des éliminatoires quand sa passe en direction de Steve Smith a ricoché contre les mains du receveur recrue pour rebondir dans les mains du demi de coin Ellis Hobbs à la ligne de 10 des Patriots.

La première interception en quatre matchs de Manning n'aura pas été coûteuse, puisque la défensive des Giants est parvenue à sortir l'unité offensive des Pats du terrain après trois jeux infructueux.

Les hommes en blanc ont commis une deuxième gaffe sur leur possession suivante quand Ahmad Bradshaw a été incapable de maîtriser la remise de Manning, mais le porteur de ballon a pu réparer les pots cassés en ressortant d'une mêlée avec un ballon qui semblait avoir été récupéré par le secondeur Pierre Woods.

Encore une fois, l'attaque des Pats n'a rien fait qui vaille lorsque son tour est venu. Kawika Mitchell et Justin Tuck ont pris d'assaut le bureau de Brady et l'ont tour à tour rabattu au sol, forçant les favoris à dégager de nouveau leur territoire.

Manning a donc bénéficié d'une autre chance de faire tourner le vent en faveur de son équipe, mais alors qu'il se déplaçait à sa droite en quête d'un receveur à la ligne de 25 des Pats, Adalius Thomas l'a rejoint et lui a fait perdre le ballon qu'il avait négligé de protéger. Alerte, Bradshaw est encore venu à la rescousse en poussant l'objet de convoitise hors de portée de l'adversaire.

Le petit frère de Peyton

Comme l'avaient fait les Giants en début de match, les Patriots ont amorcé la deuxième demie en contrôlant le ballon, reprenant l'avantage de la bataille du temps de possession. Leur séquence de plus de huit minutes aurait pu se conclure par un placement, mais Bill Belichick a décidé de garder son attaque sur le terrain sur un quatrième jeu et 13 à la ligne de 31 des Giants. La passe de Brady à l'intention de Jabbar Gaffney a toutefois complètement raté la cible.

Le quatrième quart a débuté sur une passe de 45 verges de Manning à l'ailier rapproché recrue Kevin Boss. Manning a ensuite rejoint une autre recrue, Steve Smith, sur un jeu de 17 verges, et Tyree, dans le fond de la zone des buts, pour donner les devants aux siens.

Il fallait toutefois être fou pour croire que les Pats avaient dit leur dernier mot. Avec un peu moins de huit minutes à faire, Brady a ouvert la machine en distribuant de courts relais à ses chouchous Moss et Welker. Une fois rendu à l'intérieur de la ligne de 10 de l'adversaire, après deux tentatives ratées, il a dégainé en direction du grand 81 une passe de touché qui plaçait les Giants au pied du mur.

Mais Manning s'est tenu droit comme un chêne et s'est affirmé comme le leader d'une équipe qui était négligée par deux touchés avant la rencontre.

Pour quelques mois au moins, on ne parlera pas de lui comme le petit frère de Peyton.