Des fans doivent leur vie aux Alouettes
Football samedi, 27 nov. 2010. 22:13 vendredi, 13 déc. 2024. 17:52
Quelque part, dans un cimetière de Sainte-Thérèse, dans les Laurentides, un vaste monument de granit rappelle les noms des 118 personnes, 111 passagers et sept membres d'équipage, qui ont perdu la vie dans la terrible catastrophe aérienne survenue à cet endroit, le 29 novembre 1963. L'accident est considéré encore aujourd'hui comme la pire catastrophe aérienne impliquant un seul avion et non causé par un acte terroriste dans l'histoire canadienne.
Plusieurs chauds supporters des Alouettes de Montréal étaient à bord. Ils avaient projeté de se rendre à Vancouver pour assister au match de la coupe Grey et ce, même si les Alouettes leur avaient brisé le coeur en trébuchant d'une façon imprévue en finale de l'Est contre Hamilton.
Or, que fait un vrai amateur de football quand son équipe préférée rate le rendez-vous le plus important de la saison et quand le siège dans le stade et le billet d'avion sont déjà réservés et payés? Il monte à bord en refoulant sa déception, tout en se disant qu'il pourra au moins se vanter d'avoir assisté à un match de la coupe Grey sur place.
Ils n'ont pas tous réagi de cette façon. Jean Turcotte,
aujourd'hui âgé de 68 ans, a décidé d'annuler ce voyage parce que les Alouettes l'avaient beaucoup déçu en perdant une finale de deux parties au total des points, après avoir remporté le premier match par une marge de 21 points. Ses deux compagnons d'abonnements de saison et de voyage, Michel Labrèche et Denis Desforges, l'ont imité. Ces trois amateurs de football, inconditionnels des Alouettes, leur doivent la vie par ricochet. Tous les autres ont joué de malchance.
«Durant les périodes creuses que traversaient les Alouettes, j'ai toujours dit que je ne les critiquerais jamais parce que si je suis en vie aujourd'hui, c'est justement parce qu'ils ont déjà perdu», souligne M.Turcotte.
Il était occupé à peinturer les murs de la résidence familiale, à Verdun, quand le vol 831, des lignes aériennes Trans-Canada, à bord duquel il aurait dû se trouver, s'est écrasé dans des terres boueuses de Sainte-Thérèse, moins de cinq minutes après avoir quitté l'aéroport de Dorval.
L'appareil devait conduire ses 111 passagers à Vancouver après une brève escale à Toronto. Tout contact radio a été perdu quatre minutes après le départ et comme il ne contenait pas de boîte noire, les causes de l'écrasement n'ont jamais été connues.
Tout ce qu'on sait, c'est qu'à l'heure du match, dans le stade de Vancouver, il y avait plusieurs sièges inoccupés, des sièges qu'on aurait pu peindre en noir pour témoigner de la triste l'absence de vrais mordus de football, profondément enfouis dans un cratère à Sainte-Thérèse.
Installé en Floride pour l'hiver, Jean Turcotte ne cache pas qu'il est très heureux d'être encore là pour rappeler ce moment d'histoire d'une formation qui, cette année, n'a pas raté sa participation au match ultime.
«J'avais réservé un an plus tôt ma semaine de vacances pour me rendre au match de la coupe Grey, rappelle-t-il. Tout le monde savait que j'étais un maniaque de football. Quand la nouvelle de l'écrasement a été connue, mon patron était convaincu que j'étais mort. Il a tenté d'appeler ma mère pour lui offrir ses condoléances, mais la ligne téléphonique était occupée. Il a donc délégué un représentant de la compagnie, Jean-Paul Couturier, pour se rendre à la maison et présenter les sympathies de l'entreprise à notre famille.»
Le reste est plutôt drôle. En lui ouvrant la porte, la mère a reconnu le visiteur. «Monsieur Couturier, comment allez-vous», lui a-t-elle demandé, de fort belle humeur.
Couturier a expliqué plus tard qu'il était venu à un cheveu de s'évanouir car non seulement devait-il lui présenter ses condoléances, mais il réalisait qu'il devait aussi lui apprendre que son fils était décédé.
Le visiteur est sorti de sa torpeur quand la mère a crié à son fils dans la pièce voisine: «Jean, c'est monsieur Couturier...»
«Tout ça pour dire que mon nom n'apparaît pas sur le gros monument au cimetière de Sainte-Thérèse. Je peux donc continuer à jouer au golf», dit-il en souriant.
Et à l'heure du match, il sera confortablement assis devant son téléviseur parce qu'il pense toujours avoir une dette envers les Alouettes qu'il aime encore. Après tout, il doit à cette équipe les 47 dernières années de sa vie.
Plusieurs chauds supporters des Alouettes de Montréal étaient à bord. Ils avaient projeté de se rendre à Vancouver pour assister au match de la coupe Grey et ce, même si les Alouettes leur avaient brisé le coeur en trébuchant d'une façon imprévue en finale de l'Est contre Hamilton.
Or, que fait un vrai amateur de football quand son équipe préférée rate le rendez-vous le plus important de la saison et quand le siège dans le stade et le billet d'avion sont déjà réservés et payés? Il monte à bord en refoulant sa déception, tout en se disant qu'il pourra au moins se vanter d'avoir assisté à un match de la coupe Grey sur place.
Ils n'ont pas tous réagi de cette façon. Jean Turcotte,
aujourd'hui âgé de 68 ans, a décidé d'annuler ce voyage parce que les Alouettes l'avaient beaucoup déçu en perdant une finale de deux parties au total des points, après avoir remporté le premier match par une marge de 21 points. Ses deux compagnons d'abonnements de saison et de voyage, Michel Labrèche et Denis Desforges, l'ont imité. Ces trois amateurs de football, inconditionnels des Alouettes, leur doivent la vie par ricochet. Tous les autres ont joué de malchance.
«Durant les périodes creuses que traversaient les Alouettes, j'ai toujours dit que je ne les critiquerais jamais parce que si je suis en vie aujourd'hui, c'est justement parce qu'ils ont déjà perdu», souligne M.Turcotte.
Il était occupé à peinturer les murs de la résidence familiale, à Verdun, quand le vol 831, des lignes aériennes Trans-Canada, à bord duquel il aurait dû se trouver, s'est écrasé dans des terres boueuses de Sainte-Thérèse, moins de cinq minutes après avoir quitté l'aéroport de Dorval.
L'appareil devait conduire ses 111 passagers à Vancouver après une brève escale à Toronto. Tout contact radio a été perdu quatre minutes après le départ et comme il ne contenait pas de boîte noire, les causes de l'écrasement n'ont jamais été connues.
Tout ce qu'on sait, c'est qu'à l'heure du match, dans le stade de Vancouver, il y avait plusieurs sièges inoccupés, des sièges qu'on aurait pu peindre en noir pour témoigner de la triste l'absence de vrais mordus de football, profondément enfouis dans un cratère à Sainte-Thérèse.
Installé en Floride pour l'hiver, Jean Turcotte ne cache pas qu'il est très heureux d'être encore là pour rappeler ce moment d'histoire d'une formation qui, cette année, n'a pas raté sa participation au match ultime.
«J'avais réservé un an plus tôt ma semaine de vacances pour me rendre au match de la coupe Grey, rappelle-t-il. Tout le monde savait que j'étais un maniaque de football. Quand la nouvelle de l'écrasement a été connue, mon patron était convaincu que j'étais mort. Il a tenté d'appeler ma mère pour lui offrir ses condoléances, mais la ligne téléphonique était occupée. Il a donc délégué un représentant de la compagnie, Jean-Paul Couturier, pour se rendre à la maison et présenter les sympathies de l'entreprise à notre famille.»
Le reste est plutôt drôle. En lui ouvrant la porte, la mère a reconnu le visiteur. «Monsieur Couturier, comment allez-vous», lui a-t-elle demandé, de fort belle humeur.
Couturier a expliqué plus tard qu'il était venu à un cheveu de s'évanouir car non seulement devait-il lui présenter ses condoléances, mais il réalisait qu'il devait aussi lui apprendre que son fils était décédé.
Le visiteur est sorti de sa torpeur quand la mère a crié à son fils dans la pièce voisine: «Jean, c'est monsieur Couturier...»
«Tout ça pour dire que mon nom n'apparaît pas sur le gros monument au cimetière de Sainte-Thérèse. Je peux donc continuer à jouer au golf», dit-il en souriant.
Et à l'heure du match, il sera confortablement assis devant son téléviseur parce qu'il pense toujours avoir une dette envers les Alouettes qu'il aime encore. Après tout, il doit à cette équipe les 47 dernières années de sa vie.