MONTREAL - Pour les Alouettes de Montréal, 2008 a été la meilleure des années, elle a été la pire des années.

Les Oiseaux ont vécu la meilleure des années parce qu'on leur prédisait une saison difficile, et pourtant ils se sont rendus jusqu'au match de la coupe Grey, disputé devant leurs propres partisans.

Ils ont aussi vécu la pire des années parce qu'ils se sont inclinés 22-14 contre les Stampeders de Calgary dans le match de championnat, sans pouvoir montrer l'étoffe dont ils avaient fait preuve en saison régulière.

C'a aussi été la pire des années parce qu'Anthony Calvillo a dû vivre avec l'inquiétude de voir son épouse Alexia subir une rechute, malgré une série de traitements réussis contre le cancer, qui font qu'elle est maintenant à un test près d'être officiellement déclarée en rémission. Et pourtant ç'a également été la meilleure des années pour le vétéran quart, parce qu'il a vécu l'une des meilleures campagnes de sa carrière au plan professionnel, ce qui lui a valu le titre de joueur par excellence de la LCF.

La meilleure aussi, parce qu'à cause de sa situation personnelle, Calvillo n'aura jamais autant savouré son statut de quart vedette de la LCF. Mais la pire aussi, parce que sous les yeux des amateurs de football du Canada entier, le quart des Oiseaux aura encore une fois donné l'impression qu'il ne peut s'imposer dans les matchs importants. Et ce, malgré qu'il ait mené les siens à la victoire contre les Eskimos d'Edmonton en finale d'association.

Ce fut la meilleure des années pour les partisans des Alouettes parce que même si on craignait le pire avec l'arrivée d'un entraîneur-recrue - Marc Trestman - et le retour de plusieurs vétérans qui avaient failli à la tâche l'année précédente sous l'égide de Jim Popp, leur équipe a outrageusement dominé la section Est, avec une fiche de 8-2 contre les Argonauts, les Blue Bombers et les Tiger-Cats.

La pire, parce que leurs préférés n'ont pu s'imposer de la même façon contre les formations de l'Ouest, se contentant d'un dossier de 3-5 contre les Lions, les Eskimos, les Roughriders et les Stampeders. Ils n'ont pas réussi à vaincre ces derniers du tout en 2008, s'inclinant deux fois en saison régulière, puis une nouvelle fois au match de la coupe Grey.

C'a été la meilleure des années pour les joueurs des Alouettes parce qu'ils auront vécu, grâce à Trestman, la satisfaction d'un travail bien fait, avec sérieux et discipline, tout en profitant de son approche humaine. Ainsi qu'une prise de conscience importante à cause de la situation familiale de Calvillo.

La preuve qu'ils ont vécu quelque chose d'exceptionnel en 2008, la plupart des vétérans qui auraient pu prendre leur retraite ou quitter, cet hiver, ont déjà accepté de revenir l'an prochain.

De multiples contrastes

A plusieurs égards, la dernière saison des Alouettes aura été celle des contrastes et des contradictions.

Les Alouettes ont présenté une fiche de 7-2 au stade Percival-Molson, où leur série de salles combles s'est poursuivie, mais de 4-5 à l'étranger.

L'attaque montréalaise a marqué 30 points ou plus à 15 reprises lors du calendrier régulier, mais a tout de même subi quatre défaites dans ces rencontres-là.

Et puisqu'on fait allusion à la défensive, celle-ci a été une des meilleures de la LCF contre le jeu au sol, mais l'une des pires contre le jeu aérien.

Ce qui fait qu'aucun joueur en défensive n'a été choisi au sein de l'équipe d'étoiles de la ligue, tandis que Calvillo, les joueurs de ligne Scott Flory et Bryan Chiu ainsi que les receveurs Ben Cahoon et Jamel Richardson, l'une des belles révélations de l'année chez les Oiseaux, ont été sélectionnés parmi les étoiles à l'attaque. Flory a d'ailleurs été couronné joueur de ligne à l'attaque par excellence de la ligue, tandis que Cahoon a été le finaliste dans l'Est au titre de meilleur Canadien.

Avon Cobourne, le demi à l'attaque qui s'est révélé en début de saison et qui se dirigeait vers une saison de 1000 verges au sol et de 1000 par la passe, semblait promis à de tels honneurs lui aussi. Des blessures successives à la cheville ont toutefois tout gâché.

Est-ce à cause du "facteur Cobourne"? Après avoir subi trois défaites en juillet, les Oiseaux ont connu une série de huit victoires, mais ils n'ont remporté que deux de leurs cinq derniers matchs du calendrier régulier. C'est peut-être parce qu'ils ont empoché le titre de la section Est trop tôt - dès la mi-octobre - et ont été obligés de disputer une succession de matchs sans enjeu, ou peut-être à cause de l'absence de Cobourne. Sans lui, Calvillo et compagnie sont devenus plus prévisibles.

Cobourne est revenu au jeu dans les séries, mais il n'a jamais retrouvé sa forme de début de saison. Ca n'a pas trop paru contre les Eskimos, mais ça peut-être fait la différence contre les Stamps lors du match ultime.

La Coupe Grey aura malgré tout été remise à l'équipe qui la méritait le plus cette année. Henry Burris et ses coéquipiers à Calgary auront réussi à dominer une section Ouest beaucoup plus forte que celle de l'Est, puis à vaincre la meilleure équipe dans l'Est pour s'emparer du championnat.

L'année 2008 aura par ailleurs été celle où deux joueurs populaires bien de chez nous ont vécu des émotions opposées. Steve Charbonneau a dû se résigner à prendre sa retraite, le 20 février, à l'âge de 34 ans - il l'aura tout de même fait dans l'uniforme des Alouettes après s'être exilé dans l'Ouest -, tandis qu'Etienne Boulay a vécu l'ivresse de signer un contrat avec une équipe de la NFL, les Jets de New York.

Boulay a toutefois été le premier joueur retranché par les Jets, dès le début du camp d'entraînement. De quoi nous rappeler que même si la NFL demeure la ligue de sport professionnel la plus prestigieuse d'Amérique du Nord, elle a aussi son côté cruel.