Dimanche, ce sera la bataille des émotions à Baltimore. Est-ce que les Ravens gagneront pour Ray Lewis, ou les Colts feront sourire Chuck Pagano?

Chose certaine, l'intensité sera à son apogée parmi une foule survoltée. Selon moi, ce n'est pas un hasard que Lewis ait annoncé sa retraite mercredi, avant le premier entraînement de l'équipe en vue des éliminatoires. Tous ses coéquipiers vont en donner plus dans leur préparation. Cette nouvelle amènera une énergie incroyable sur le terrain.

Au menu, il y aura beaucoup de riz! Pour être clair, je m'attends au festival Ray Rice face à une défense des Colts classée 29e contre le jeu au sol. Lorsqu'une équipe accorde 352 verges au sol en un match aux Chiefs de Kansas City, la pire équipe de la ligue, ça veut dire qu'elle a des croûtes à manger et pas à peu près! Les Colts ont alloué 387 points, le plus haut total de l'histoire pour une équipe ayant signé 11 victoires. Alors de quelle façon tiendra-t-elle le coup face à Rice et aux Ravens?

Baltimore a mal conclu sa campagne en perdant quatre de ses cinq dernières rencontres. L'infirmerie a été passablement occupée avec l'unité défensive, incluant notamment le numéro 52, qui a raté la majeure partie de la saison. Mais son retour au jeu servira d'inspiration aux Ravens qui, rappelons-le, joueront à domicile et possèdent de l'expérience en éliminatoires. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, le quart Joe Flacco participe à la « vraie saison » pour une cinquième fois en cinq années. Et chaque fois, le duo John Harbaugh et Flacco a toujours gagné au moins un match éliminatoire.

Si les Ravens ont battu de l'aile dans le dernier droit, c'est tout le contraire pour les Colts, qui ont gagné 9 de leurs 11 derniers matchs. Ce n'est pas si mal pour une équipe qui n'avait savouré la victoire qu'à deux occasions en 2011. Assez spectaculaire comme métamorphose!

J'admire ce que les Colts ont réalisé. Avec l'histoire entourant Chuck Pagano et sa leucémie, jumelée à la saison record du jeune Andrew Luck, le fait de les voir encore en vie relève presque de la magie.

Les Colts s'amènent à Baltimore avec l'argent du casino et ils n'ont rien à perdre. Ils ne sont pas favoris pour gagner. Leur recette victorieuse cette année, ce sont les gros jeux. C'est plutôt risqué de miser constamment sur ce type de dénouement pour voler un match. Que ce soit un touché de 70 verges sur un troisième essai et 23, un retour de botté d'envoi de 101 verges pour un touché, ou une interception retournée pour le majeur, je leur dis « bravo! ». Toutefois, l'irrégularité caractérise la saison des Colts et les gros jeux ne sont pas souvent gage de succès. C'est ce qui me fait peur dans leur cas.

Tout le monde a hâte de voir comment se débrouillera Andrew Luck. Il ne mise certainement pas sur une grosse attaque au sol. D'ailleurs, des trois quarts recrues en éliminatoires, c'est sur lui que reposent davantage les succès de son équipe… et de loin! Si on s'amuse à faire le jeu des comparaisons, le quart des Seahawks, Russell Wilson, compte sur la meilleure défense de la NFL et sur le deuxième meilleur jeu au sol. Ce n'est pas un luxe sur lequel Luck peut s'appuyer.

Même si Luck sort encore un lapin de son chapeau, la bataille des émotions ira aux Ravens.

Seahawks c. Redskins

Ce duel mettra aux prises deux équipes qui ont le vent dans les voiles. Seattle a gagné ses cinq derniers matchs, alors que Washington a conclu la saison avec sept victoires.

Les Seahawks ont cependant éprouvé des problèmes sur les terrains adverses (3-5) cette saison. En éliminatoires, c'est pire. Ils n'ont gagné qu'une seule fois en neuf occasions. Mais s'il y a une année où Seattle pourrait faire mentir les statistiques, c'est bien celle-ci.

Outre le fait qu'ils aient gagné leurs deux derniers duels en territoire ennemi, dont un gain au Soldier Field, à Chicago, les Seahawks détiennent la recette idéale pour gagner à l'extérieur. Ils misent sur une défense tenace (15,3 points alloués par match), un jeu au sol efficace avec Marshawn Lynch (1590 verges par la course) et un quart qui protège bien le ballon. Pour une recrue, Russell Wilson possède un sang-froid incroyable. Il n'a jamais l'air ébranlé, il semble toujours en contrôle. C'est important lorsqu'on dispute un match éliminatoire au domicile d'un adversaire. En deuxième moitié de saison, Wilson a lancé 16 passes de touché et a été victime de seulement deux interceptions. Alors peu importe l'historique des Seahawks sur les terrains adverses, il faut prendre en considération ce qu'ils nous offrent comme football en ce moment.

Si j'avais un conseil à donner aux Redskins, je leur suggèrerais d'empêcher Wilson de sortir de sa pochette protectrice. C'est à ce moment qu'il devient ultra dangereux. Wilson est mobile et lorsqu'il veut courir, c'est avec l'intention de prolonger le jeu de passe. Par exemple, face aux Rams dimanche dernier, Wilson a réussi huit de ses neuf passes à l'extérieur de sa pochette pour 173 verges. On ne parle pas d'une attaque aérienne rythmée, mais plutôt basée sur le gros jeu après une feinte de course. Et laissez-moi vous dire que les Seahawks le font très bien. À leurs quatre derniers matchs, Seattle a inscrit en moyenne 42 points par rencontre! De plus, la défense a alloué plus de 20 points seulement une fois dans la deuxième portion du calendrier. Un mélange qui a permis aux hommes de Pete Carroll d'aspirer au titre de leur division.

Chez les Skins, on mise sur Robert Griffin III qui a également fait preuve d'un bon sang-froid. Il est bien sûr capable de courir, et mise en plus sur une bonne attaque au sol. Malheureusement pour lui, sa défense laisse à désirer. Jim Haslett, le coordonnateur défensif de l'équipe, doit se montrer très créatif. Il effectue des changements de semaine en semaine. Il roule les dés et modifie son plan de match en première et deuxième demie.

La semaine dernière, c'était le blitz à outrance face à Tony Romo. Résultat, les Cowboys sont en vacances. Est-ce que Washington optera pour la même stratégie ce dimanche? Chose certaine, les receveurs des Seahawks ne sont pas aussi bons que ceux des Cowboys. On pourrait donc s'attendre au même type de plan de match. On verra bien si le quart des Seahawks sera en mesure de déceler les formations qui se présentent devant lui.

Parlant de flair, certains entraîneurs ont le don d'appréhender la prochaine stratégie de leurs opposants. En 2011, les Redskins avaient battu les Seahawks à Seattle, une victoire de 23-17 en saison régulière, avec un certain Rex Grossman au poste de quart. Coup de pouce à Mike Shanahan, qui voit peut-être le plan de match des Seahawks dans sa soupe? Dans le cas contraire, je crois aux chances des Seahawks de secouer leur torpeur loin de la maison.

Ma prédiction, une déception pour les partisans de la capitale américaine.

Propos recueillis par Thierry Bourdeau