Les Alouettes ont remporté une victoire éclatante, la première aussi convaincante de la saison, mais il reste encore du travail à faire. L'attaque a encore été fidèle à elle-même éprouvant de la difficulté en première demie. Anthony Calvillo a quand même bien joué même si ses statistiques de la deuxième demie sont de beaucoup supérieures.

La principale raison pour laquelle les statistiques de la première demie sont ordinaires dans le cas de Calvillo est que ses receveurs ont échappé cinq ou six passes en début de match. En fait, chaque petite unité en attaque n'arrivait pas à fonctionner. Quand ce n'était par les receveurs qui échappaient le ballon, Calvillo lançait tout croche. Sur d'autres jeux, la ligne à l'attaque commettait des erreurs, elle ne bloquait pas assez ou ne bloquait pas adéquatement.

En deuxième demie cependant, Calvillo a réussi 18 passes en 24, 165 verges, trois passes de touché et aucune interception. Je crois que les Alouettes peuvent construire là-dessus.

J'émets un petit bémol cependant, c'est que chaque fois que l'attaque des Alouettes a marqué, c'est parce qu'elle profitait d'un bon positionnement sur le terrain suite à des revirements créés par les unités spéciales ou par la défensive. Je n'ai pas encore vu des Alouettes, cette saison, traverser le terrain avec constance, réussir une série d'une dizaine de jeux qui se termine par un touché après avoir traversé le terrain.

Ce que j'ai aimé cependant, c'est le jeu solide de la défensive qui n'a pas encore accordé de touché en deuxième demie cette saison.

Quelques facteurs ont contribué à la victoire. L'un d'eux est que les Alouettes étaient bien préparés. Avant le match de samedi, l'attaque des Blue Bombers avaient accumulé 1500 verges et à eux-seuls, le porteur de ballon Charles Roberts et le receveur de passes Milt Stegall en totalisaient 950 dont 63% de l'attaque. Les hommes de Don Matthews n'ont eu qu'à neutraliser ces deux joueurs. Ce n'est donc pas un hasard que dans le plan de match ces deux joueurs étaient plus surveillés de sorte que Stegall n'a accumulé que 31 verges et Roberts, seulement 70 verges (passes et au sol combinés).

Autre facteur qui a aidé les Alouettes sont les blessures subies par trois joueurs de ligne des Bombers. Celle subie par Dan Goodspeed, le bloqueur de gauche, a fait le plus mal. Petite note : quand un quart est droitier, comme c'était le cas chez les Bombers, le bloqueur de gauche est très important car il protège le dos du quart quand ce dernier effectue une passe. Cette blessure a causé deux changements : le garde de gauche, Matt Sheridan, a pris la place de Goodspeed et le sixième joueur de ligne, Aaron Fiaconi a pris la place de Sheridan. Le problème est que Sheridan est un gars de 350 livres, un gros gars costaud qui a l'habitude de travailler dans un espace restreint donc, efficace pour mettre la main sur les joueurs qui sont près de lui. Mais au poste de bloqueur, où il y a beaucoup d'espace, le jeu de pieds se doit d'être excellent. Les Alouettes ont profité de cette faiblesse en exploitant leur côté droit, donc du côté gauche, le côté faible chez les Blue Bombers.

Autre point, la profondeur. Chez les Alouettes, peut importe le joueur qui évolue en défensive, il connaît du succès. Samedi, Louis Mackey, blessé, ne joue pas et on a fait appel à Kai Ellis et ce dernier joue un gros match, réussi des interceptions. Lamont Brightful n'est pas là et on met Clint Kent qui réalise deux des jeux les plus importants dans la victoire lui qui recouvre deux échappés. Ils ont changé l'allure du match.

Le point tournant

Le fameux jeu de la fin du deuxième quart a été préparé lors des entraînements et c'est ça qui est intéressant. Depuis le début de la saison, Damon Duval va toujours botter du côté où il est situé. S'il est sur le trait hachuré de gauche, il va botter à gauche vers la ligne du côté gauche, même chose dans la droite. Ça l'adversaire l'a remarqué, celui qui retourne les bottés aussi et il triche un peu se plaçant du même côté où est situé Duval.

Samedi, les Alouettes ont choisi le bon moment. Ils ont conservé Kent derrière le botteur pour qu'il puisse recouvrer le botté légalement sans avoir à accorder l'immunité. Duval prend deux pas pour botter habituellement et là, il n'en a pris qu'un et a botté à l'opposé de celui qui retourne le ballon et le botté était plus court et en plus, il était contre le vent. Des conditions parfaites pour faire un botté court. Le ballon a fait un bond favorable aux Alouettes et Kent a récupéré le ballon. Le jeu a fonctionné et les hommes de Matthews ont donné une leçon aux Bombers qui ne s'en sont jamais remis. Les Bombers ont été déjoués. C'est un peu un jeu d'échec. Ce jeu a permis aux Alouettes de marquer un touché et de retraiter au vestiaire avec une avance d'un point.

Calvillo frappé

Depuis le début de la saison, je n'ai jamais vu Calvillo se faire frapper comme il l'a été samedi soir. J'entends souvent les commentaires, notamment par Matthews, que Calvillo est courageux de rester dans sa zone de protection, d'encaisser le coup et se relever chaque fois. Je suis d'accord avec ça mais il faut faire attention, la limite est mince entre le courage et la stupidité.

L'une des meilleures façons de protéger un quart-arrière est de pratiquer les jeux au sol. Les Alouettes ne courent plus avec le ballon. Samedi, neuf courses pour 22 verges pour Robert Edwards, le seul qui a porté le ballon. Ça fait que l'adversaire ne respecte pas le jeu au sol et il devine que les Alouettes effectueront un jeu par la passe. Pour la défensive adverse, les Alouettes deviennent prévisibles. De plus, ils savent d'où la passe va être lancée, savent où Calvillo va s'installer donc, facile de le plaquer. En plus, Winnipeg est l'équipe qui a réussi le plus de sacs du quart cette saison, qui a peut-être la meilleure ligne défensive du circuit.

C'est un cercle vicieux. Quand tu n'utilises pas le jeu au sol, la ligne à l'attaque n'arrive plus à bien performer dans cet aspect du jeu. Quand l'attaque ne réussit plus le jeu au sol, on y va davantage avec l'attaque aérienne.

Les doigts d'honneur

Évidemment, il y avait de la frustration chez Greg Marshall et Doug Berry. Je comprends qu'il y a eu des blessures, des décisions d'arbitres discutables, des reprises vidéos mal jugés selon moi par les arbitres, en plus Berry joue contre son ancienne équipe et Don Matthews. C'est inacceptable de perdre le contrôle de la sorte. Comment veux-tu demander à tes joueurs de garder leur sang-froid quand tu ne le fais pas toi-même. Il a perdu le contrôle, a engueulé l'arbitre à plusieurs reprises, des fois c'était mérité. S'il y en a bien un qui faut qu'il se retienne, c'est le coach. Oui c'est frustrant, non, tu ne dois pas perdre le contrôle.

Autre facteur qui a contribué à ce geste de Marshall et Berry, les Alouettes ont demandé une reprise vidéo sur une interception et ont repris possession du ballon avec un peu moins de trois minutes à écouler. A suivi un jeu de passe et le touché de Robert Edwards. Les Alouettes menaient déjà 37 à 16 et ajoutaient sept points.

Ce que j'ai à dire de ça, c'est que quand un joueur signe un contrat, il le signe pour jouer pendant 60 minutes. Tu ne peux pas dire à une équipe d'arrêter de jouer. Oui, il y a une loi non-écrite qui dit qu'il ne faut pas humilier l'adversaire quand le match est hors de portée. Je suis d'avis que c'était à l'adversaire d'arrêter l'attaque des Alouettes en autant que ces derniers comprennent que s'ils subissent le même traitement, ils doivent se taire.

Ajoutons aussi le fait que les Alouettes disputent deux autres matchs aux Blue Bombers cette saison. Si jamais Winnipeg gagnait les deux autres matchs, les points marqués et les points encaissés feraient la différence au classement. Donc, c'était important d'en marquer le plus possible.

*Propos recueillis par RDS.ca