Nous avons eu le droit à deux incroyables fins de match, mais je ne voudrais pas être dans les souliers de Billy Cundiff, Lee Evans et surtout Kyle Williams!

Patriots contre Ravens

D'abord, j'avais choisi les Patriots pour l'emporter, mais je ne m'attendais pas à une dégelée en raison de la puissante défense des Ravens que nous connaissons tous.

De plus, Tom Brady a historiquement des ennuis contre cette équipe malgré une bonne fiche. Bref, le scénario s'est un peu répété alors que c'était à l'image des anciennes confrontations avec eux.

Brady a connu des ennuis dès le début de la rencontre. On voyait qu'il manquait de précision et la passe ratée vers Rob Gronkowski demeure l'exemple le plus probant. Il ne semblait pas dans son élément et c'était un peu dommage de voir cela, mais c'est la victoire qui compte avant tout et il a été le premier à le dire sur le podium au terme de la partie.

Le jeu au sol des Patriots a quand même été efficace ce qui leur a permis de faire avancer les chaîneurs et d'inscrire des points. J'ai trouvé un peu curieux la décision de Bill Belichick de demander à son quart de mettre le genou au sol à la fin de la première demie avec une minute à faire et deux temps d'arrêt en poche. L'entraîneur des Patriots est reconnu pour être souvent agressif dans ses décisions, mais peut-être qu'il sentait que ça n'allait pas à son goût et qu'il voulait rentrer au vestiaire avec l'avance de 13 à 10.

En somme, les Patriots en ont fait juste assez pour l'emporter. Si le match continuait, ça regardait mal pour eux alors que les Ravens semblaient trouver leur élan.

De son côté, Joe Flacco a très bien joué pour les Ravens et je trouvais cela drôle de l'entendre dire : « Je ne trouve pas que j'ai mieux joué que dans les autres matchs. » C'est de bonne guerre de dire ça et je crois que c'est aussi un pied de nez aux médias qui l'ont largement critiqué pour sa dernière performance. Il peut se permettre de le faire, ça ne doit pas être facile d'être dans sa position. Il a quand même accompli des choses exceptionnelles depuis ses débuts et on ne lui donne jamais le crédit qui lui revient. Cette fois, les gens ne pourront pas dire que c'est de sa faute.

Mais, vous me voyez venir, c'est tout le contraire pour le botteur Billy Cundiff, pauvre lui! Je me sentais mal pour lui, mais c'est la vie. C'est le sport professionnel, tu es un héros ou un zéro. Chose certaine, ça doit être épouvantable comme sensation et je ne peux même pas imaginer le sentiment horrible par lequel il est habité.

J'ai vécu quelque chose de moins grave à ma première année avec les Alouettes quand on s'est rendu à la coupe Grey. L'adversaire, les Eskimos d'Edmonton, avait complété une longue passe et j'étais tout près de pouvoir contrer le jeu, mais ils ont complété la passe et ils ont gagné le match par la suite. Bien sûr, ce n'est même pas le quart de ce qu'il peut ressentir car il effectuait le botté sur une assez courte distance, tous les yeux étaient rivés sur lui et la prolongation reposait sur ce jeu en pleine finale d'association!

Après ce moment dramatique, j'ai su apprécier la réaction de Ray Lewis. Je l'aimais déjà beaucoup comme joueur et leader, mais je l'apprécie encore davantage puisqu'il a défendu son coéquipier après la partie. « Ce n'est pas de la faute de Billy, si on était dans cette situation, c'est à cause de toute l'équipe malgré tout ce que vous pouvez dire. Ce n'est pas lui qui a perdu le match », a notamment déclaré le secondeur étoile.

Voilà pourquoi ses coéquipiers se tournent vers lui dans les moments cruciaux; ils le respectent. Il est là dans les bons moments et encore plus présent dans les mauvais. C'est la marque d'un leader.

Ray Rice, le porteur de ballon des Ravens, n'avait pas beaucoup de succès en début de match. C'était difficile de gagner des verges par la course, mais plus le match avançait, plus ça fonctionnait et j'étais surpris de voir les Ravens s'éloigner de cette option même si ça fonctionnait bien avec Flacco.

Mais il ne faut pas oublier le rôle du receveur Lee Evans dans ce dénouement. S'il maintient le contrôle du ballon et inscrit le touché, on ne parle pas de Cundiff…

Il avait le ballon et le sort du match aurait été réglé s'il avait fait un pas de plus. J'ai regardé la reprise plusieurs fois pour comprendre ce qui est survenu, mais c'est difficile de deviner. A-t-il relaxé trop rapidement? En fait, il semble avoir attrapé le ballon sans mettre la priorité de le serrer sur lui pour le protéger. Je tiens aussi à souligner le très beau jeu en défensive de Sterling Moore pour lui arracher ce ballon.

Je dois également vanter le brio du joueur de ligne défensive des Pats Vince Wilfork, il a disputé un match extraordinaire. Il a contribué à compliquer la vie de Rice et la ligne défensive des Patriots a gagné plusieurs bagarres contre la ligne offensive des Ravens. À lui seul, il a réussi six plaqués - dont certains pour des pertes - et un sac du quart sans oublier qu'il s'est illustré dans des moments critiques. Il a d'ailleurs été notre héros du match à RDS et c'est plaisant pour cette ligne défensive qui a souvent été critiquée.

En fin de compte, c'est un dénouement triste pour les partisans des Ravens, mais les Patriots obtiennent leur match revanche contre les Giants.

Giants contre 49ers

Ce ne fut pas facile et loin de là pour les Giants de soutirer cette victoire en prolongation. Les 49ers jouent très bien à la maison et ils l'ont prouvé une fois de plus. Alex Smith, le quart des Niners, a éprouvé beaucoup de difficultés et son équipe aurait pu l'emporter s'il avait connu la moitié de sa performance contre les Saints. Ça peut sembler difficile à croire, mais il a complété une seule passe à un receveur éloigné, un gain de trois verges à Michael Crabtree. Même s'il l'a fait quelques fois cette année, tu ne peux pas demander à Frank Gore, le porteur de ballon, de gagner à lui seul.

De son côté, Eli Manning aussi a connu des moments difficiles contre une redoutable défensive. Il faut dire que la température a affecté le rendement des deux équipes.

La ligne défensive des Giants a été bonne, mais elle n'a pas été aussi efficace qu'on s'attendait. Par contre, celle des 49ers a été dominante. Résultat : Manning s'est fait frapper sans arrêt, 19 fois au total! Mais il a démontré un énorme caractère en se relevant comme si de rien n'était à chaque occasion.

Le jeune frère de Peyton a prouvé qu'il possédait un bon jeu de pieds pour gagner du temps et compléter des passes à la dernière seconde. Il a joué un superbe match et il faut lui donner. Il a fait le nécessaire en fin de rencontre même s'il a encaissé plusieurs plaqués. Il n'a pas joué de la même façon que contre les Packers, mais c'est un peu normal.

Maintenant, c'est le temps de parler de Kyle Williams, quel idiot! Je ne peux m'empêcher de penser à lui quand je songe à cette partie. Je peux accepter le placement raté de Cundiff, il s'agit d'une erreur physique et ça arrive parfois.

Mais il y a une nuance importante en ce qui concerne Williams qui a commis deux erreurs mentales. C'est son cerveau qui a fait défaut. Je sais qu'il s'agit d'un jeune joueur, mais franchement, ce n'est pas fort son affaire!

Sur sa première gaffe, le ballon a rebondi pour frapper son genou. D'abord, il aurait dû se tasser. Ensuite, il aurait dû se battre pour le ballon au lieu de faire semblant que le ballon ne l'avait pas touché. Il y a 35 caméras dans le stade et il était seul au milieu du terrain autour du ballon, c'était certain à 100 % qu'une caméra avait vu ce qui s'était passé. SVP Kyle, ne fais pas l'innocent…

Des dizaines de millions de personnes ont vu la reprise et il continue de nous faire croire qu'il est surpris… ça me dépasse.

En ce qui concerne sa deuxième bévue en prolongation, je ne m'explique pas son raisonnement. Ça se déroulait assez bien pour son équipe qui ne donnait rien aux Giants et un placement suffisait pour atteindre le Super Bowl. Dans un tel contexte, quand tu es un retourneur, tu dois avoir seulement une priorité et c'est protéger le ballon. C'est LA seule chose.

Mais non, il a plutôt traîné le ballon comme si c'était une boîte à lunch! Sans surprise, il se l'est fait arracher et ce n'était pas un gros coup! Après tout, 11 personnes foncent à pleine vitesse vers toi, tu dois te concentrer à tenir le ballon et gagner les verges qui sont devant toi.

C'est élémentaire au football. C'est la seule chose demandée au retourneur. On veut qu'il parte en ligne droite et protège le ballon! Je n'en reviens pas. C'est encore plus difficile car les 49ers jouaient à la maison et ils possèdent un excellent botteur en David Akers. De plus, ils étaient en train de gagner la bataille du positionnement. Je veux bien croire qu'il n'est pas le seul responsable de la défaite, mais ses crampes au cerveau sont plus difficiles à pardonner contrairement au placement raté de Cundiff.

*Propos recueillis par Éric Leblanc