Les Alouettes ont fini par se brûler à force de jouer avec le feu depuis le début de la saison. Encore une fois, les hommes de Don Matthews n'ont pas été capables de jouer pendant 60 minutes lors du match de samedi contre les Lions de la Colombie-Britannique. Il est malheureux pour eux de subir la défaite après avoir connu une excellente première demie. Lors des matchs précédents à Calgary et en Saskatchewan, les Alouettes étaient revenus en force en deuxième demie pour l'emporter après deux premiers quarts très ordinaires.

Il faut toutefois rendre aux Lions ce qui leur revient. Cette équipe n'a jamais abandonné malgré un déficit après deux quarts. C'est la preuve qu'il faut jouer 60 minutes pour l'emporter. On se rend compte de plus en plus que la parité existe dans la Ligue canadienne de football. Les équipes ne peuvent plus espérer l'emporter en ne fournissant pas un effort constant.

Les Alouettes ont beaucoup de potentiel et beaucoup de profondeur mais encore une fois l'exécution a fait défaut. Puis, l'indiscipline est revenue hanter l'équipe. Samedi, les 13 punitions ont coûté près de 100 verges à Montréal. Les Alouettes laissent ainsi la chance à leurs adversaires de demeurer dans le match.

Les joueurs ont aussi laissé beaucoup de points sur le terrain. Il y a bien sûr la performance du botteur Matt Kellett qui a coûté neuf points en ne réussissant qu'un placement en quatre tentatives. Il faut aussi mentionner le travail des receveurs de passes qui ont échappé plusieurs fois le ballon. Puis, Anthony Calvillo a parfois manqué de précision alors qu'il y avait des joueurs libres. Il y a plusieurs gros jeux qui ne se sont jamais réalisés.


Attaque au sol

Je me demande bien où est rendue l'attaque au sol? Contre les Lions, les Alouettes ont porté le ballon seulement 16 fois pour un impressionnant total d'une seule verge en gain. Je n'ai jamais vu une aussi piètre performance lors d'un match de football.

Les Alouettes sont rentrés au vestiaire avec une avance de 12 points à la mi-temps. L'utilisation de l'attaque au sol aurait permis à l'équipe de gruger du temps au chronomètre en deuxième demie, ce qui aurait enlevé beaucoup de temps de possession à l'attaque des Lions.

L'attaque au sol aurait pu permettre aux Alouettes également de prendre le contrôle du match. Par le passé, on a souvent vu Mike Pringle être dominant au quatrième quart. Les performances de Pringle permettaient d'écouler le temps et forçaient l'offensive adverse à l'inactivité. L'attaque aérienne ne permet pas d'écouler beaucoup de temps contrairement au jeu au sol, qui a aussi pour effet de fatiguer les joueurs de la ligne défensive.

On dirait que les Alouettes ne veulent pas donner d'importance à l'attaque au sol même s'ils sont en avance. Je peux comprendre le phénomène inverse quand l'équipe tire de l'arrière où on est impatient de marquer des points rapidement mais ce n'était pas le cas samedi.

Il serait souhaitable que l'attaque des Alouettes soit plus équilibrée mais ne nous faisons pas de cachette, l'attaque de cette équipe est basée sur le jeu aérien qui fonctionne bien. D'ailleurs Calvillo a récolté 383 verges en gains, ce qui montre qu'il a connu une bonne partie.

Pour les Alouettes, c'est le retour du balancier après des victoires chanceuses à l'étranger. Il ne faut toutefois pas paniquer, avec seulement quatre parties de disputées, la saison est encore jeune. Je pense que cette défaite va inciter les joueurs à revoir avec plus d'attention le film du match.

L'entraîneur a déjà vu neiger et je ne m'attends pas à ce qu'il change. Matthews ne se gênera toutefois pas pour signifier à un joueur qu'il n'a pas aimé son travail. Il n'est pas du genre à paniquer car il a une grande confiance en ses joueurs et il continuera de leur envoyer le même message. Je pense que l'indiscipline de ses joueurs doit néanmoins commencer à le tirailler. Il en avait d'ailleurs parlé la semaine dernière.

Le succès au football est l'accumulation de petites choses au cours d'un match et la partie de samedi n'a pas fait exception. Ces petites choses influencent le cours du match et peuvent aussi changer les plans des entraîneurs. En fin de rencontre, Matthews a refusé de tenter d'obtenir un premier jeu sur un troisième essai et des poussières. L'entraîneur est pourtant le genre de gars qui n'hésite pas à tenter le coup. Faut dire qu'il est un peu gambler sur les bords.

Je pense que Don a été inflluencé par l'échec sur un jeu semblable plus tôt dans la partie alors que Bruno Heppell avait été arrêté par la défensive des Lions. Cette conversion aurait possiblement fait la différence entre la victoire et la défaite car si les Alouettes avaient réussi le premier jeu, ils auraient conservé le ballon et auraient pu écouler la dernière minute de jeu.

Finalement, les Alouettes ont dégagé et les Lions ont repris le ballon avec le résultat que l'on connaît.


La punition d'Omar Evans

Il y a des gens qui croient que les officiels n'auraient pas dû décerner de pénalité à Omar Evans pour avoir rudoyé le botteur en fin de match. Ils prétendent que le contact n'a pas influencé l'exécution du botté. Moi, je crois que les officiels ont pris la bonne décision car s'il fallait appliquer cette philosophie, chacune des équipes devrait avoir plusieurs botteurs sur leur équipe de réserve.

Cette punition a éventuellement permis à Curtis Head de donner la victoire aux Lions avec un placement de 47 verges.

Ce n'est pas compliqué, il ne faut changer toucher à botteur. Encore plus sur un botté d'une longue distance, 57 verges dans ce cas-ci. La pression, il faut alors la mettre au centre car plus le botté est long, plus le botteur doit y aller en puissance et plus la trajectoire du ballon risque d'être basse.


Le stade

J'ai trouvé que les rénovations apportées au Stade Percival Molson étaient très bien. La nouvelle surface de jeu est l'élément le plus important pour les joueurs. L'ancienne surface était désuète et dangereuse. Elle a été responsable de blessures par le passé. Il suffit de penser à la blessure à la cheville d'Éric Lapointe l'an dernier. Quand il s'est blessé, personne ne l'avait touché, il s'était simplement coincé le pied dans le tapis.

Quant à moi, mes priorités ont changé maintenant, je suis très heureux de la nouvelle galerie de presse.

À bientôt,

Pierre

*Propos recueillis par RDS.ca