Nous avons peut-être un titre de division en poche depuis maintenant une semaine, ce n'est toutefois pas un prétexte pour lever le pied de sur l'accélérateur en cette fin de saison.

Il nous reste encore deux matchs à disputer avant la conclusion du calendrier régulier et si on ne respecte pas la game, elle nous rattrapera inévitablement.

Être assuré de disputer la finale de l'Est devant nos partisans au Stade olympique le 18 novembre prochain a toutefois ses avantages.

Dans une saison où les matchs se succèdent parfois à un rythme accéléré, une équipe n'a malheureusement pas toujours le luxe de se consacrer aux techniques de base. Or, depuis que nous sommes assurés de terminer la campagne au sommet de la division Est, nous pouvons nous attarder aux fondements du football.

À l'entraînement, l'éthique de travail est donc au rendez-vous et on ne se ménage pas en vue des séries. On pratique pour gagner.

Cette volonté de l'emporter à tout prix bien que nos derniers matchs soient dénués d'enjeux en ce qui a trait à notre classement, a d'ailleurs été apparente face aux Roughriders de la Saskatchewan, samedi dernier.

Malgré le fait que nous étions amputés d'éléments clés en attaque, notamment les porteurs de ballon Brandon Whitaker et Victor Anderson, les receveurs S.J. Green et Brandon London, de même que le centre-arrière Patrick Lavoie, nous avons démontré toute notre force de caractère en résistant à la remontée des Riders et en s'imposant 34-28.

C'était tout un test pour notre profondeur, d'autant plus que nous nous présentions dans un environnement peu hospitalier toujours animé par une foule très hostile. Nous avons de plus démontré que nous sommes capables de l'emporter face à un quart-arrière no 1 (Darian Durant), ce qui ne nous était pas arrivé depuis un bon moment déjà.

Forts de cette victoire, nous nous préparons maintenant à accueillir les Eskimos d'Edmonton, dimanche après-midi.

Jennings au galop

Pour mes coéquipiers et moi qui évoluons sur la ligne offensive, la tâche promet d'être ardue face à la ligne défensive des Eskimos, qui est dotée de joueurs imposants toujours difficiles à bloquer.

Nous devrons de plus avoir à l'œil le secondeur intérieur J.C. Sherritt, qui domine la LCF au chapitre des plaqués réussis. Il n'est peut-être pas imposant, mais son moteur ne s'arrête jamais.

Au sein d'une unité défensive qui ne multiplie pas les blitzs, le brio de Sherritt complique drôlement le travail des porteurs de ballon adverse. La clé pour nous sera de garder les brèches actives dans ce front défensif redoutable et d'attaquer les secondeurs intérieurs rapidement.

Notre porteur de ballon aura donc très peu très peu de temps devant lui pour prendre sa décision. Heureusement, Chris Jennings excelle sur ce plan.

Comme il l'a démontré contre les Riders, alors qu'il a brillamment pris la relève d'Anderson et Whitaker, tous deux blessés, Chris est un porteur de ballon qui prend sa décision rapidement et qui la conserve, peu importe ce qui se présente devant lui. Il prend le ballon et fonce en ligne droite. Un style tout à fait différent de ceux d'Anderson et de Whitaker, qui peuvent se mettre à danser dans le champ arrière pour déjouer tout le monde et ensuite exploser.

Chris a un gabarit totalement différent de tous les porteurs de ballon que j'ai côtoyé au cours de ma carrière. C'est un gros format, il a d'énormes cuisses. Lorsqu'il court, on dirait un cheval. Actuellement, on peut dire qu'il sauve notre saison sur le plan de la course au sol. Disons que la profondeur à la position de porteur de ballon a été très éprouvée cette saison.

Jouer de la sorte alors qu'il était le troisième porteur de ballon dans la hiérarchie de l'équipe il y a à peine quelques semaines est très impressionnant.

Un pardon

Qui dit fin de saison dit aussi discipline. Les écarts de conduite n'ont pas leur place et notre coéquipier Shea Emry en est bien conscient, soyez-en certains.

Comme vous l'avez sans doute vu lors du dernier match, Shea a asséné un coup de poing au ventre de Brendon LaBatte des Roughriders peu de temps avant la fin de la première demie, ce qui lui a valu une expulsion et une amende.

Dans le vestiaire, Shea s'est excusé auprès de toute l'équipe pour son geste et il le regrette pleinement. Un tel comportement peut avoir un impact très néfaste sur une organisation et il le sait. Je ne crois pas que les Alouettes soient identifiés comme une équipe cheap, mais féroce.

Ça prend des années bâtir une réputation, et un seul geste suffit à la démolir.

*Propos recueillis par Mikaël Filion