À la lumière de l'allure du premier match de saison régulière des Alouettes de Montréal contre les Eskimos d'Edmonton, il est évident à mes yeux que la direction doit faire de l'amélioration de la position d'ailier défensif sa priorité numéro un.

Ces dernières années, les priorités des Alouettes se situaient au niveau de la propriété de l'équipe, des entraîneurs, des quarts-arrière et de la ligne à l'attaque, mais je pense que les priorités doivent maintenant se trouver en défensive. Des ailiers défensifs talentueux seront nécessaires si l'équipe veut avoir du succès cette saison.

Il était clair que cet aspect du jeu a fait grandement défaut lors du match qui a lancé la nouvelle campagne. Bien sûr, les choses vont évoluer plus la saison va avancer tout comme la compréhension du coordonnateur défensif Bob Slowik. C'est crucial pour les succès de l'équipe.

Peu importe ce que l'équipe va faire, si on n'arrive pas à déranger les quarts adverses dans cette ligue où tout est fait pour favoriser le jeu aérien, la saison va être longue. Il y a déjà quelques années qu'on a compris qu'il y avait une faiblesse à cette position, sans toutefois arriver à circonscrire le problème.

John Bowman se fait vieillissant et il a moins d'impact qu'il en avait. Nathaniel Anderson, qui a été repêché en deuxième ronde cette année, a été laissé de côté parce qu'il n'est pas encore prêt à jouer.  Antonio Simmons est un jeune Américain qui a encore bien des choses à apprendre.

Il faut impérativement que les Alouettes s'attardent à améliorer cette position si l'on veut espérer avoir du succès défensif. On ne peut pas jouer avec une couverture de zone avec une pression à quatre avec la formation actuelle.

Il va falloir que l'équipe « blitz » beaucoup pour avoir de la pression ou exiger que la ligne tertiaire fasse une couverture homme à homme pendant un bon moment parce que si l'on n’arrive pas à appliquer de la pression, il va y avoir des trous dans la couverture de zone et ça va être très difficile.

Des doutes au poste de quart

Selon plusieurs observateurs, les Blue Bombers de Winnipeg sont parmi les équipes favorites qui peuvent aspirer à remporter la coupe Grey. Dans leur cas, ce serait une première conquête en 28 ans.

On dit qu'il existe un équilibre parfait chez l'équipe du Manitoba, mais je pense qu'il y a des doutes au sujet du quart arrière Matt Nichols, qui n'a jamais vraiment été respecté comme un quart numéro un dans cette ligue, et ce, malgré le fait qu'il a connu passablement de succès. Ce sont ses contre-performances régulières et son manque de constance durant sa carrière qui fait en sorte que les gens doutent de lui.

À mes yeux, Nichols a réussi son premier test  dans un gain de 33-23 contre les Lions de la Colombie-Britannique.  Certains doutent toutefois que l'on puisse lui coller l'étiquette d'un gérant de match, mais je ne suis pas d'accord avec cette observation.

Il a complété 21 de ses 33 passes pour 184 verges avec trois passes de touché sans interception. Comme on peut le voir sur cette passe à Darvin Adams,  Nichols démontre qu'il est plus qu'un gérant de match. C'est un quart qui est capable de créer des choses et il est  plus mobile que ce qu'on peut croire. Sur ce jeu en particulier, il est en mesure de créer de l'espace et de gagner suffisamment de temps pour que ses receveurs se libèrent pour réussir une passe de touché.

Pour moi, il est plus qu'un gestionnaire de match et tant qu'il gagne, on peut bien lui coller n'importe quelle étiquette.

Victoire du Rouge et Noir malgré quatre interceptions

Le Rouge et Noir a remporté sa première victoire à vie sur la pelouse des Stampeders et ce, en dépit de quatre interceptions contre le quart Dominique Davis.

Il s'agit de la première victoire de l'histoire de la nouvelle mouture de l'équipe d'Ottawa à Calgary. L'entraîneur Rick Campbell avait une fiche combinée de 1-7-2 en saison régulière sur le terrain des Stampeders.  

Davis a gagné sa bataille à l'entraînement contre Jonathon Jennings à la suite du départ de Trevor Harris pour Edmonton. Davis a de l'expérience dans cette ligue. Il est très mobile et il connait le système. Et pourtant, il a connu de très mauvais moments durant cette partie où il a été victime de quatre interceptions, pour lesquelles il ne peut blâmer que lui-même.  C'était carrément de sa faute. Il a effectué de très mauvaises passes et Tre Roberson en a profité pour engraisser ses statistiques avec trois interceptions à lui seul.

Davis mérite tout de même une étoile dans son cahier parce qu'il a su rebondir après chacune des interceptions. On l'a vu en début de rencontre quand sa première passe a été interceptée, ce qui ne l'a pas empêché de  mener son équipe dans la zone des buts sur la séquence offensive suivante. Durant tout le match, il a su rebondir de la sorte après ses bourdes. Davis a démontré qu'il était mobile, ce qui constitue un avantage dans la LCF.

Au final, Ottawa a gagné la partie grâce à la performance de la défensive, qui n'a alloué aucun point aux Stampeders en deuxième demie. Cette victoire est importante parce qu'il y a eu beaucoup de départs chez le Rouge et Noir durant la saison morte. On pense que cette équipe a régressé dans les derniers, mais d'aller gagner sur la route contre les tenants du titre est une saprée belle façon d'insuffler une dose de confiance en ce début de calendrier.

La polyvalence from les Carabins

Le nom de Sean Thomas Erlington risque de retenir l'attention au cours des prochaines semaines dans la LCF.  Le porteur de ballon des Tiger-Cats de Hamilton a finalement obtenu sa chance d'être partant.

L'ancien des Carabins de Montréal a roulé sa bosse et il a prouvé qu'il pouvait être fiable tant en attaque que sur les unités spéciales sur les retours de botté. Il a un quelque chose d'Andrew Harris.  Il est le même genre de porteur et il est une menace autant au sol que par la voie des airs.  Dans le football canadien, c'est tellement important de pouvoir compter sur un porteur de ballon qui peut se transformer en receveur de passes à tout moment. Ça devient un casse-tête pour la défensive ennemie.

Il a d'ailleurs réalisé un gros jeu qui nous permet de voir l'étendue de son talent en démontrant comment il est fluide et comment il est un bon receveur.  Il a différents mouvements dans son arsenal et on a rarement vu un tel porteur de ballon québécois dans cette ligue. Il a la chance de s'établir avec une attaque qui est redoutable.

Le paradoxe de l'AJLCF

Tous les observateurs au pays ont décrié le geste qui a valu une suspension de deux parties au secondeur Simoni Lawrence  des Tiger-Cats.

Il a posé un geste répréhensible à l'endroit du quart Zach Collaros des Roughriders de la Saskatchewan lors du troisième jeu du match.

Collaros a été frappé à la tête et son nom a été placé sur la liste des blessés pour six rencontres.  Cette blessure pourrait mettre sa carrière en péril, lui qui a déjà connu plusieurs épisodes de commotions cérébrales.

Ironiquement, l'Association des joueurs de la Ligue canadienne de football a abordé le sujet de la sécurité des joueurs lors des récentes négociations avec les propriétaires.  La ligue a endossé la position des joueurs et elle a instauré certaines mesures pour protéger les joueurs comme réduire les entraînements avec épaulettes ou  une meilleure couverture médicale par exemple.

Ce sont des gestes concrets que la ligue a posés, mais si les joueurs n'arrivent pas à se respecter, rien ne changera.

Lawrence s'est attaqué directement à la tête de son adversaire et la suspension de deux parties est pleinement méritée. C'est rare une suspension d'une telle ampleur dans la LCF, mais je pense qu'on vient de jeter les bases des nouveaux  jalons en la matière. La ligue avait prévenu avant la première semaine que ce type de geste serait sévèrement sanctionné.

Je salue la décision de la ligue et je souhaite que l'AJLCF ne fasse pas appel de la suspension en pensant à la victime cette fois plutôt qu'à celui qui a posé le geste.

*propos recueillis par Robert Latendresse