MONTRÉAL – Grâce à sa troisième saison d’existence, le Rouge et Noir d’Ottawa veut prouver qu’il appartient aux organisations de référence de la LCF, celles qui aspirent aux grands honneurs année après année.

À ses débuts dans le circuit canadien, en 2014, le Rouge et Noir s’est contenté d’une fiche de 2-16. En 2015, le revirement a été majeur alors que la jeune formation a échappé de peu la coupe Grey après avoir présenté un dossier de 12-6.

La partie concrète du travail s’est amorcée avec le mini-camp, qui s’est déroulé du 24 au 26 avril, et les participants ont pu constater la conviction des dirigeants.

« Ce que j’ai remarqué, maintenant qu’on est rendu à notre troisième année, c’est la progression effectuée par l’organisation. Ça se voit, on se préparait déjà pour la saison pendant le mini-camp. On n’était plus à l’étape d’identifier les joueurs pour occuper des positions. On plongeait déjà dans les détails des jeux et du système », a confié le secondeur Antoine Pruneau.

« Je vois que c’est une équipe qui veut s’établir et progresser dans la LCF », a-t-il ajouté à ce sujet.

Lorsqu’on s’incline en finale, le progrès se dessine d’une seule manière et c’est en remportant le championnat. Durant leur conférence téléphonique, le directeur général Marcel Desjardins et l’entraîneur Rick Campbell n’ont pas craint de mentionner que le but associé à la saison 2016 s’avère de soulever le trophée emblématique de la LCF.

Ce trophée leur a glissé des doigts en novembre dernier et Pruneau a trouvé pénible de digérer cette défaite.

« Oui, c’est certain. Tu ne peux pas passer aussi proche sans que ce soit le cas. C’est vraiment spécial de se rendre à ce match et c’était facile de s’imaginer la suite des choses si on avait pu gagner », a convenu le numéro 6 qui s’exprime avec aisance.

« En tant que joueur, on ressent un sentiment de tâche inaccomplie. On veut y retourner », a poursuivi l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal.

Pour que le souhait de Pruneau et ses coéquipiers se réalisent, le vétéran quart-arrière Henry Burris ne devra pas perdre son éclat de 2015. Advenant une défaillance chez Burris – qui célébrera son 41e anniversaire en juin – le Rouge et Noir a investi la totale pour se munir d’un adjoint de luxe en Trevor Harris.

La prudence de Desjardins se comprend avec l’hécatombe qui a frappé les quarts de la LCF en 2015.

« C’est encore Henry notre partant. Ça va ajouter de la compétition et ils vont s’aider là-dedans. Je trouve que c’est une excellente signature, ça nous procure un gros atout par rapport aux autres clubs de miser sur deux quarts-arrières de ce calibre. C’est la réalité, tu n’as pas le choix de te préparer pour le pire », a jugé Pruneau.

Burris et ses partenaires seront attendus de pied ferme cette saison. Avec franchise, le DG du Rouge et Noir a admis que les autres équipes avaient sans doute pris un peu à la légère leurs confrontations contre sa troupe. Ce ne sera plus le cas alors que les attentes seront élevées, pour une première fois, envers Ottawa.

« C’est vrai, maintenant, on va affronter les équipes en étant les favoris. Cela dit, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose, il y a une raison derrière ça. Je ne vois pas ça comme une pression parce que je suis confiant de ce que notre équipe peut réaliser. Ça va juste rendre les matchs un peu plus difficiles et on sera bien préparé pour les séries », a interprété Pruneau.

Un statut en hausse à travers la LCF

Comme la réalité du plafond salarial le veut, le Rouge et Noir n’a pas été en mesure de retenir tous les joueurs qui ont contribué au cheminement positif de la dernière saison. Les pertes ont principalement touché la défense alors que Jovon Johnson, Justin Capicciotti, Keith Shologan, Shawn Lemon et Brandyn Thompson ne sont pas de retour.

« Pour se rendre en finale, ça prend des joueurs de qualité et c’est normal que plusieurs joueurs aient gagné en valeur donc tu ne peux pas tous les garder. D’un autre côté, on demeure une équipe avec un noyau assez jeune et d’autres joueurs sont prêts à assumer la relève du terrain », a confié Pruneau en citant notamment Forrest Hightower.

Antoine Pruneau plaque Rolly LumbalaÀ l’image de son équipe, Pruneau a vu sa réputation gagner en notoriété en peu de temps. Après seulement deux saisons professionnelles, l’athlète de 26 ans s’est imposé comme un rouage important du Rouge et Noir. Il se dit donc prêt pour des responsabilités accrues.

« Simplement avec la confiance que je gagne, le jeu a ralenti à mes yeux et les choses sont plus faciles. Ça me permet d’en faire un peu plus et d’être un guide pour ceux qui arrivent. J’en serai uniquement à ma troisième année, mais ça évolue tellement vite dans le monde du football. Je me sens déjà un peu comme un vétéran dans l’équipe. »

Humble et confiant à la fois, Pruneau reconnaît ses failles tout en visant haut.

« C’est certain que je viens de traverser deux belles années. Mais, je suis honnête, ce n’est pas toujours beau quand on est dans nos salles de réunion. Il y a encore des trucs à peaufiner et je sens que je m’améliore d’année en année. J’ai fait quelques belles choses jusqu’à présent, mais je ne suis pas satisfait, il y a encore du chemin à faire », a expliqué Pruneau qui n’a pas renoncé au rêve de la NFL.

« Cette année, ça risque d’être une grosse année et oui, je pense qu’éventuellement, je vais être un joueur dominant dans la LCF », a prédit l’auteur de 52 plaqués et 2 interceptions en 2015.

Le moment ne pourrait guère être plus propice à cela. En effet, Pruneau a avoué qu’il a entamé des discussions avec le Rouge et Noir puisqu’il écoulera la dernière année de son contrat.

« On se parle déjà, chacun veut tirer de son côté et c’est normal », a révélé Pruneau.

« Je suis tellement bien à Ottawa, j’aime la ville et les partisans. Depuis le début, ça se passe bien pour moi là-bas et c’est certain que mon désir serait d’y rester. D’un autre côté, on fait de courtes carrières donc il faut saisir les opportunités quand elles passent. Je veux garder toutes les portes ouvertes à moins d’une offre très spéciale », a conclu celui qui contribue à la croissance du football québécois avec les nombreux autres Québécois du Rouge et Noir comme Patrick Lavoie, Christopher Milo, Jonathan Beaulieu-Richard, Scott MacDonell, Simon Légaré, Kalonji Kashama et Arnaud Gascon-Nadon.